Ce lundi 17 février, Agnès Buzyn a laissé la place à Olivier Véran à la tête du ministère de la Santé. L'arrivée de ce neurologue de 39 ans ne change rien à la détermination des professionnels de la santé qui maintiennent leurs revendications.
On le dit travailleur, énergique, progressiste et fin connaisseur de l'hôpital public : Olivier Véran a pris les rênes du ministère de la santé ce lundi 17 février, à la suite du départ précipité d'Agnès Buzyn pour la course à la mairie de Paris. Cette nomination enthousiasme peu les syndicats et acteurs mobilisés sur le terrain qui restent "vigilants".
Aucune garantie de changement politique
"C'est un pilier de la République en marche et proche d'Emmanuel Macron, rappelle Evelyne Werner, docteur de réanimation néonatale et pédiatrique au CHR d'Orléans. On garde l'espoir d'être entendus mais un changement de nom ne signifie rien, s'il n'est pas suivi d'actions." La responsable de service, membre du Collectif inter hôpitaux (CIH) et en grève administrative depuis le 14 janvier reste "réservée" face à cette nomination.Une crainte partagée par Philippe Cordat, secrétaire régional de la CGT Centre. "On n'a aucune garantie de changement politique. Depuis 20 ans, on a connu des ministres de la santé qui dialoguaient, d'autres qui nous méprisaient, mais tous se sont inscrits dans une continuité de régression et de casse de l'hôpital."
Maintien des revendications
Désabusés, les différents acteurs peinent à imaginer une sortie de crise heureuse et maintiennent leurs revendications : augmentation des effectifs, amélioration des conditions de travail, allégement de la pénibilité, revalorisation des salaires, entre autres.Ce mardi matin, Olivier Véran déclarait au micro de France Inter plusieurs mesures pour changer la donne : un budget de 10 milliards d'euros pour racheter la dette de l'hôpital ainsi que l'instauration d'une grande consultation réunissant un maximum d'acteurs du secteur de la santé afin d'établir un diagnostic précis.
Manque d'écoute
De la poudre aux yeux pour Sandrine Servoz, syndiquée à Sud solidaires et secrétaire au Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du CHR d'Orléans. "Il suffit de se baser sur les instances déjà existantes comme le CHSCT pour voir ce qui ne va pas, explique-t-elle. Si nos organismes de tutelle, notamment les ARS, répondaient à nos sollicitations et se penchaient sur nos problèmes, ce serait déjà un grand pas."Pourquoi encore une consultation ? Puis un nouveau rapport ? Et une commission ? Et une mission ? https://t.co/hiUBJVBPN9
— COLLECTIF INTER-HOPITAUX (@CollectInterHop) February 18, 2020
Pour l'heure, Olivier Véran ne remporte pas l'adhésion des militants qui, unanimes, appellent à la poursuite de la mobilisation, sous toutes ses formes. La conséquence d'un manque d'écoute des gouvernements successifs face aux difficultés rencontrées par le personnel hospitalier depuis plusieurs dizaines d'années. Vendredi dernier, les travailleurs de la santé s'étaient réunis dans toute la France pour une nouvelle journée de mobilisation.