On en sait plus sur le parcours d'Ismail Essiari, l'étudiant marocain d'Orléans mort dans l'indifférence

La famille d'Ismail Essiari, laissée dans l'ignorance de son décès survenu le 12 mai dernier, commence à rassembler les pièces du puzzle. Une grande partie du triste parcours du jeune homme est désormais connue.

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Pourquoi la famille d'Ismail Essiari, étudiant orléanais originaire d'Agadir, au Maroc, n'a-t-elle appris sa mort que le 9 août, alors qu'elle était survenue le 12 mai ? Les recherches intenses menées par sa famille et son avocat, confirmées par les informations recueillies par France 3 auprès de sources comme l'Association de Service Social Familial Migrants (ASSFAM), commencent à éclairer les zones d'ombres du parcours du jeune homme de 24 ans.

"Nous essayons actuellement d'établir une sorte de chronologie, afin que la famille d'Ismail puisse au moins savoir ce qui lui est arrivé", indique Paul Latouche, l'avocat des proches du jeune homme. Etudiant en L3 de physique-chimie à Orléans, Ismail Essiari vivait jusqu'en décembre 2019 en colocation dans le Loiret, selon l'avocat.
 

D'Orléans à Saint-Denis, en passant par un centre de rétention

Souffrant d'une pathologie mentale, vraisemblablement liée à la schizophrénie, il est interné à l'hôpital psychatrique Georges Daumezon de Fleury-les-Aubrais à au moins deux reprises en janvier et février. Lorsqu'il n'est pas hospitalisé, il réside dans une auberge de jeunesse d'Orléans. "A l'heure actuelle, le secret médical ne nous permet pas d'avoir accès à son dossier", précise Me Paul Latouche.

Au cours de son internement, son visa expire et à sa sortie Ismail fait l'objet d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il demande alors, avec l'appui de l'institution psychatrique, un laissez-passer pour rentrer au Maroc. Le consulat d'Orléans, joint par France 3 le 19 août et le 1er septembre, n'a pas fourni de réponse concernant la délivrance de ce laissez-passer qui n'a visiblement jamais existé, et le jeune homme reste en France.

Le 5 mars, peu de temps après sa sortie d'un nouveau séjour à l'hôpital psychatrique, il est interpellé par les forces de l'ordre, qui constatent qu'Ismail fait l'objet d'une OQTF . Il est donc interné au centre de rétention de Vincennes le jour même, où son passage est enregistré par l'ASSFAM. "On l'a rencontré le lendemain de son arrivée, il a ensuite fait une demande d'asile le 9 mars, qui a été rejetée le 12 mars", précise l'association.

L'étudiant, qui souhaitait quelques mois plus tôt rentrer au Maroc, aura peut-être vu cette demande d'asile comme une planche de salut pour échapper au centre de rétention et à ses conditions de vie éprouvantes. "Le 16 mars, avec le confinement, il y a eu une demande de mise en liberté pour un certain nombre de personnes du fait de l'impossibilité de maintenir les mesures d'éloignement." Le lendemain, Ismail est relâché.

A partir de là, Ismail Essiari n'a plus d'adresse connue, et "il est probable qu'il ait passé le confinement en tant que sans-abri", selon Me Latouche.
 

Un passage éclair à l'hôpital de Saint-Denis

Il ne réapparaît dans le dossier qu'au mois d'avril. Du 1er au 20, sa famille parvient à lui trouver un logement en région parisienne. Le 29 avril 2020, les pompiers de Seine-Saint-Denis viennent le chercher dans une auberge de jeunesse, dans un état inquiétant, et l'emmènent à l'hôpital de Saint-Denis. Il en ressort le jour même et n'est pas interné, malgré son état psychologique. Une poignée de jours plus tard, son frère resté au Maroc parvient, avec l'aide de contacts français, à lui trouver un logement à Saint-Denis.

Mais le 12 mai, Ismail se trouve à pied au milieu de la nationale 20 au sud de Paris, et marche en direction d'Orléans. Un camion le renverse. Les gendarmes, qui établissent les circonstances de l'accident, identifient très vite le corps grâce à ses empreintes digitales. Selon des sources proches du dossier contactées par France 3, les gendarmes préviennent le consulat marocain d'Orly dans les jours qui suivent, au plus tard le 4 juin. Pourtant, et c'est la dernière zone d'ombre, le consulat ne prévient la famille d'Ismail, morte d'inquiétude, que le 9 août, soit 2 mois plus tard.
 

Une cagnotte mise en ligne

Depuis la médiatisation de l'affaire, les manifestations de soutien à la famille d'Ismail Essiari se sont multipliées au Maroc et en France. Contacté par l'avocat de la famille, le Ministère marocain des Affaires étrangères a accepté de prendre en charge les frais du rapatriement du corps, comme le confirme Me Paul Latouche. "Ce rapatriement devrait avoir lieu dans les prochains jours, dès qu'un avion sera disponible."

Tout au long de son parcours, Ismail Essiari a enduré les épreuves les plus difficiles lorsqu'on est un étranger en France en 2020. Mais si son retour parmi les siens sera le signe du soulagement, la justice devra encore attendre. Pour cette deuxième étape, sa famille, d'origine modeste, a lancé une cagnotte pour "constituer un fonds en cas de suites juridiques à l'affaire". A l'heure actuelle, 1755 euros ont été collectés.
 
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