Depuis la parution d'un article du Canard Enchaîné, le 12 juin, faisant état de dépenses inconsidérées du maire d'Orléans, les élus locaux s'écharpent. C'est le cas ce lundi après-midi au cours du conseil municipal consacré au vote du compte administratif et aux dépenses du cabinet du maire.
Il y a eu de la tension dans la salle dés les premiers instants. Palpable en raison des apartés visibles entre groupes restreints et des visages fermés avant la tourmente.
Depuis le 12 juin et la publication de l’article du Canard Enchaîné, dénonçant un train de vie anormalement élevé du maire d’Orléans, les conseillers municipaux, du groupe majoritaire ou de l’opposition, préparaient ce conseil municipal avec hargne ou inquiétude.
Le maire, Olivier Carré, ex-LR et Macron-compatible, savait qu’il devrait faire face à de nombreuses attaques.
La première, à fleuret moucheté, n’était qu’une simple demande d’explication exprimée par le conseiller communiste Michel Ricoud.
Oui nous voulons des explications et de la transparence. Je rajoute, faits avérés ou pas, que cette affaire aggrave le discrédit qui pèse déjà sur les politiques.
La seconde salve, orchestrée par la socialiste Corinne Leveleux-Texeira, était plus insistante.
On ne va pas en rester là. (..) des factures interpellent, notamment des frais d’hôtellerie ou une facture de location de véhicule. (..) allez-vous rembourser une partie de ses frais à la collectivité ?
Cette fois Olivier Carré ne pouvait renvoyer, comme il l’avait fait en début de séance, aux réponses qu’il avait donné à la presse en fin de semaine dernière.
Le maire d’Orléans admettait même que certains chiffres, pourtant modestes au regard de la nécessité d’être l’ambassadeur de la ville à Paris ou à l’étranger, pouvaient troubler les citoyens.
J’entends ce que vous me dites. Il y aura sans doute des plafonnements à établir pour les déplacements du maire d’Orléans, mais je répète que la façon dont tout ceci a été raconté est fait pour jeter le trouble.
Un argument, celui d’une forme de manipulation contre la candidature d’Oliver Carré à l’élection municipale de 2020, qui n’aura pas convaincu l’un des ex-ami du maire.
L’attaque la plus féroce, empreinte d’émotion au moment de la prise de parole, est venue de l’ancien maire L.R de la ville, Serge Grouard. Celui qui a transmis les rênes de la future métropole à Olivier Carré, pour cause de pépin de santé en 2015, a tout simplement décidé de couper les ponts avec son successeur.
Vous n’avez pas démenti les faits rapportés. (..) Ce dont nous parlons ce n’est rien au plan comptable, rien rapporté aux 200 millions d’euros du budget de la ville, mais 20 000 euros de notes de frais annuelles c’est plus que ce que touchent des retraités ou des agents de la ville. (..) Je suis déçu. (..) M. Carré Nous divergeons. C’est un long chapitre d’une vingtaine d’années qui se referme. Je me retire de ma fonction d’adjoint à partir du 1er juillet.
Un coup de théâtre ponctué d’une menace, Serge Grouard annonçant le dépôt d’un amendement au vote du compte administratif 2018, une simple interrogation à l’ensemble des conseillers : ces dépenses (les notes de frais du maire) sont-elles ou non normales ?
En conclusion, temporaire, à ce débat houleux, Olivier Carré ajoutait qu’il prenait acte et assumait certaines des dépenses effectuées. En revanche il évaluera la possibilité de donner une suite juridique à l’article du Canard Enchaîné en ce qui concerne ce qu'il qualifie de « mensonges ».
Nathalie Kerrien demande au maire de porter plainte contre le Canard pour dissiper les accusations. Le maire ne ferme pas la porte à une réflexion dans ce sens. Mais sans entrain. Il propose de plafonner les dépenses par exemple à 200 euros par nuitée. #Orléans
— CallGate (@CallGate74) 17 juin 2019
La suite de la réunion aura été perturbée par quelques éclats de voix relatifs au vote de «l’amendement Grouard », adopté sous une forme moins agressive :
« demande des informations nécessaires relatives aux frais de déplacement du maire ».
Un amendement adopté à l’unanimité des conseillers municipaux.
De toute évidence cet épisode laissera des traces et lance une campagne municipale 2020 d’ores et déjà conflictuelle.