Thierry Dudok de Wit, était l'invité de notre JT du 19/20 du 15 août 2018. Chercheur au CNRS d'Orléans, il a participé, avec une dizaine de chercheurs et ingénieurs loirétains, à la conception de la sonde Parker Solar Probe pour la Nasa, qui a été lancée en direction du soleil le 12 août dernier.
La sonde Parker Solar Probe a été lancée en direction du soleil le 12 août 2018 dernier et tutoiera bientôt le soleil durant 7 ans pour étudier sa couronne. A son bord, un capteur capable de mesurer les fluctuations du champ magnétique fabriqué par Thierry Dudok de Wit et son équipe de chercheurs et ingénieurs loirétains du Laboratoire de physique et chimie de l'environnement (LPC2E).
Invité sur notre plateau, le chercheur au CNRS d'Orléans a accepté de nous parler des objectifs de la mission spatiale et de son rôle au sein de cette dernière.
France 3 Centre-Val de Loire : Quelle est la mission de la Sonde Parker Solar Probe ?
Thierry Dudok de Wit : Cette mission est avant tout un rêve. C'est un peut le mythe d'Icare, aller toucher le soleil (rires). En réalité, c'est un projet qui est dans les cartons depuis plus de 50 ans. Le principal objectif de cette mission est de comprendre pourquoi la couronne du soleil est si chaude.
Pourquoi ?
La surface du soleil est environ à une température de 6000 C°. Normalement, si on s'en éloigne, la température est censée baisser. Or, c'est le contraire qui est observé. Cette même observation est faite avec d'autres étoiles. La seule façon d'y répondre, c'est d'aller sur place et c'est ce que va faire la sonde Parker Solar Probe.
Quelle est l'importance de cette mission pour l'humanité ?
C'est une mission qui va d'abord résoudre un des grands défis de la physique contemporaine. Répondre à cette question va permettre de mieux comprendre comment fonctionne les étoiles. Ca va également permettre d'avoir des retombées très pratiques puisque le soleil perd en permanence la matière qui va constituer ce qu'on appelle le vent solaire. Et ce vent peut affecter la terre et avoir des incidences sur le fonctionnement des GPS, sur la navigation.
Cela permet aussi de connaître mieux les éruptions solaires, qui ont une grande influence sur nos sociétés...
Une éruption solaire peut durer quelques secondes ou quelques minutes, mais dans cet espace de temps très bref, il y a une quantité d'énergie gigantesque qui est libérée. De quoi alimenter nos sociétés humaines pendant plusieurs dizaines d'années.
Alimenter mais créer éventuellement quelques problèmes aussi...
Oui, elles peuvent avoir aussi des retombées négatives. Les éruptions sont souvent petites cependant il arrive qu'il y en ai des grosses. Et ces grosses éruptions solaires peuvent causer, par exemple, des pannes de dysfonctionnement de GPS ou de radio. Les vols transpolaires perdent parfois tout contact avec le sol pendant ces éruptions.
Avec votre équipe, vous avez conçu le capteur de la sonde. A quoi sert-il exactement ?
C'est un capteur de champ magnétique qui aura la mission de mesurer les fluctuations du champ magnétique. Il s'agit d'un instrument clé du projet car les fluctuations du champ magnétique serait une des causes via lesquelles le soleil chauffe son environnement.
C'est un instrument d'une dizaine de centimètres sur lequel nous avons travaillé près de huit ans. Pendant toutes ces années, nous avons fait des prototypes, nous l'avons soumis à plusieurs tests pour qu'il résiste aux rayonnement extrêmement intenses : le faire vibrer, le mettre à forte températures, à faibles températures... Jusqu'à ce que l'on obtiennent enfin le résultat souhaité. Actuellement, c'est le meilleur capteur magnétique de cette taille.
Le capteur magnétique de la sonde Parker Solar Probe
C'est l'accomplissement de 7 ans de travail. Une dizaine de chercheurs et d'ingénieurs du Laboratoire de physique et chimie de l'environnement et de l'espace (LPC2E), à Orléans, travaillent depuis 2011 sur un capteur capable de recueillir des données sur le vent solaire.Ce capteur cylindrique d'une dizaine de centimètres de diamètre est dans l'espace avec le satellite Parker Solar Probe qui se rapprochera à 6,2 millions de kilomètres du soleil, soit le premier objet construit par l'homme à s'avancer aussi près. La mission doit durer 7 ans.