Le ministre de l’Intérieur s’est attiré les foudres des internautes en voulant en mettant en avant une nouvelle signalétique pour les victimes de viols et de violences intrafamiliales au commissariat d’Orléans. Un “bad buzz” qui est parti d’une erreur !
Vendredi dernier sur Twitter, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin reprend un article de La République du Centre et évoque un nouveau dispositif pour porter plainte au commissariat d’Orléans : une signalétique avec la couleur orange si vous êtes victime d'un viol, d’agression sexuelle, de violences conjugales ou intrafamiliales ; le bleu si vous êtes victime d’une autre infraction.
Nouveauté au commissariat d’Orléans : une signalétique différente et deux files d’attente distantes : une avec un rond orange ? pour les personnes victimes de viol, de violences conjugales ou intrafamiliales et une avec un rond bleu ? pour les victimes d’une autre infraction.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 23, 2021
Dans son tweet ci-dessus, il précise qu’il y a “deux files d’attente distantes : une avec un rond orange pour les personnes victimes de viol, de violences conjugales ou intrafamiliales et une avec un rond bleu pour les victimes d’une autre infraction”.
Une précision qui n’a pas tardé à attirer une cascade de réactions virulentes de la part des internautes, comme vous pouvez le lire ci-dessous :
De but en blanc comme ça je dirai idée de merde…
— Matthieu Lefebvre (@Mattryo) July 23, 2021
J’imagine la jeune femme hésitante qui souhaite déposer plainte s’afficher sous le regard de tous dans la bonne file d’attente…
Ça ne colle pas
J'ai cru que c'était une blague... pourquoi ne pas leur accrocher une pancarte "J'ai été violée" ou "Mon mari me tabasse" tant qu'on y est? #ViolencesConjugales #ViolenceAgainstWomen #violences #Darmanin
— Carole T. #PE #TeamBreizh (@Breizhalya) July 23, 2021
- Tiens, j'ai vu XXX au commissariat. Elle attendait dans le rang des personnes victimes de viol et de violences.
— Ptite Fourmi (@AntEditions) July 23, 2021
- Faudra qu'on demande à son voisin s'il a entendu quelque chose.
Erreur de communication
Sauf que quand on lit l'article de presse locale, on comprend qu'il y a eu un problème de communication et qu’il ne s’agit pas de files d’attente. Un encadré a été ajouté en fin de papier :
Contrairement à ce qui nous avait été indiqué au préalable, il ne s'agit pas de files d'attente dans les commissariats mais d'une indication à donner oralement par les victimes, à l'accueil.
Certains internautes et des policiers avaient d’ailleurs relevé cette différence (de taille) et souligné qu’une personne n’est donc pas affichée comme victime de viol :
Avis aux dizaines de commentateurs qui n’ont pas pris la peine de s’informer.
— Matthieu Gariel ? #JeSuisVacciné (@MatthieuGariel) July 23, 2021
Voilà à quoi cela ressemble. pic.twitter.com/6r8yB2FiFj
Nous l'utilisons au service, mais la file d'attente est la même et les personnes désignent discrètement la couleur sur une affichette posée à l'accueil de façon à être visible juste de la personne et du collègues de l'accueil.
— Capitaine Mauve (@le_mauve_egout) July 23, 2021
L'orientation est rapide et c'est efficace pour tous.
66% des plaignantes mal reçues
Mais le système ne convainc pas tout le monde. Une internaute pointe du doigt que faire passer en priorité les victimes de viol pour les plaintes attire nécessairement l’attention sur elles. Une autre femme avance quant à elle que ce système ne changerait rien à un problème de fond qui est l’absence de prise en charge des femmes battues ou violées.
Puisque vous semblez peu connaître le parcours d’une femme victime de viol/d’agression, le voici : un an et demi d’attente, à devoir appeler la gendarmerie quand on en trouve la force pour obtenir des nouvelles , se retrouver seule et terrorisée face au système judiciaire (1/5)
— Julia Castaing (@CastaingJu) July 23, 2021
comme si on t’annonçait qu’il allait pleuvoir demain. « Bonne journée quand même Madame ». Continuez à nous dire d’aller porter plainte. Continuez à jouer avec vos gommettes colorées, c’est vraiment la priorité. (5/5)
— Julia Castaing (@CastaingJu) July 23, 2021
Sur la prise en charge des victimes de violences conjugales, deux chiffres s’opposent, comme l’explique franceinfo. Alors que le ministère de l’Intérieur annonçait qu'en 2020, 90% des femmes ayant porté plainte pour violences étaient satisfaites de l'accueil en commissariat et gendarmerie, le collectif féministe #NousToutes faisait état que 66% des plaignantes assuraient avoir été mal reçues, après un appel à témoignages.
Selon des estimations de la déléguée aux droits des femmes de la préfecture d'Eure-et-Loir, seulement 10 à 12 % des femmes battues portent plainte.