Lors de l'examen du projet de loi de réforme des retraites ce mercredi 8 février, Thomas Ménagé (RN) et Stéphanie Rist (Renaissance), tous deux députés du Loiret, se sont répondus en évoquant l'histoire de leurs pères respectifs.
Passe d'armes entre deux députés du Loiret, Stéphanie Rist et Thomas Ménagé, lors du troisième jour de l'examen du projet de loi sur la réforme des retraites. À la façon dont Giscard d'Estaing avait répliqué à Mitterrand qu'il n'avait pas "le monopole du cœur", la rapporteure du projet de loi s'est fendue d'une pique à l'attention du député du Rassemblement national.
Opposé à la réforme des retraites voulue par le gouvernement, Thomas Ménagé n'a pas hésité à aller sur un terrain très personnel pour faire entendre ses convictions. Alors qu'il accuse ses opposants politiques d'avoir "oublié le peuple", il prend l'exemple de son père pour en parler. "Il est couvreur, il a 58 ans aujourd'hui. Chaque soir, ses genoux doublent de volume, chaque matin, il est incapable de se lever car il est cassé. Et ça vous ne pouvez pas vous en rendre compte."
Mon père à moi
Le député RN n'en démord pas : pour lui, les députés et ministres de la majorité ne seraient pas conscients du quotidien du "peuple". "Je vous invite à venir sur le toit par moins 5 degrés avec mon père", engage-t-il au ministre du Travail, Olivier Dussopt.
Cette tirade n'a pas plu à la rapporteure du projet de loi, Stéphanie Rist. En réponse à Thomas Ménagé, la députée du Loiret a défendu la ligne du gouvernement en appuyant sur l'article 9 du projet de loi qui prévoit des projets de reconversion et des consultations médicales qui permettront "de partir plus tôt pour inaptitude", le cas échéant. Mais touchée au vif par les mots du député RN, Stéphanie Rist a, elle aussi, évoqué son père :
Monsieur Ménagé, mon père à moi, il tenait un bistrot. Il se levait tous les jours à 5 heures du matin, il bossait sept jours sur sept, a déclaré l'élue. Personne ici n'a le monopole du papa qui a souffert dans sa vie.
Stéphanie Rist, députée Renaissance du Loiret
Personnifier le débat
Contactée par France 3, Stéphanie Rist ne souhaite plus utiliser cet argument publiquement. "Cette phrase m'a échappé, c'est le cœur qui a parlé, raconte-t-elle. Mon père faisait 60 kilomètres par jour, c'était un métier fatiguant et éprouvant."
A l'inverse, Thomas Ménagé, lui, assume de parler de son père dans les discussions dans l'hémicycle. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'il utilise l'expérience familiale : on a déjà pu l'entendre raconter les conditions de travail de son père sur Europe 1, CNews ou encore dans Dimanche en politique sur France 3.
Joint par France 3, il explique qu'il faut "personnifier le débat" :
Il a 59 ans, il a mal aux genoux à force d'être sur les toits, été comme hiver, il a les articulations abimées, tout est usé. Même si lui peut partir à 61 ans et des poussières, d'autres ne pourront pas.
Thomas Ménagé, député RN du Loiret
Thomas Ménagé n'est d'ailleurs pas le seul à faire de la personnification du débat : Gérald Darmanin ne s'en prive pas pour, lui, faire la promotion de la réforme. Le ministre de l'Intérieur évoque ainsi régulièrement dans les médias sa mère, obligée d'attendre ses 67 ans pour partir à la retraite à taux plein.