Lutte contre le sida en Centre-Val de Loire : un moins bon suivi et une baisse des dépistages à cause de la Covid-19

En cette journée internationale de lutte contre le sida, le docteur et président de VIH Val de Loire Jean-François Dailloux s’inquiète des répercussions de la crise sanitaire sur la lutte contre la maladie auto-immune et insiste sur l’importance des gestes préventifs.
 

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Bien que toute l’attention soit portée sur la Covid-19, cette journée du 1er décembre est l’occasion de rappeler qu’un autre virus bien connu fait de nombreux ravages à travers le monde depuis des années : le virus de l'immunodéficience humaine, ou VIH.

Comme chaque année depuis 1988, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) organise cette journée internationale de lutte contre le sida pour sensibiliser au VIH/sida et soutenir les personnes infectées.

Pour rappel, le VIH est une maladie qui attaque le système immunitaire. Elle peut être transmise lors de rapports sexuels non protégés, lors d’une injection de sang contaminé, mais également de la mère à l’enfant en cas d’absence de soin de la mère, ou pendant l’allaitement. Sans traitement adapté, ce virus est responsable du sida. Ce dernier étant le stade final du VIH.

Médecin généraliste à Tours, Jean-François Dailloux est également président de l’association VIH Val de Loire. Soucieux de rappeler que l’épidémie de VIH persiste toujours et qu’elle ne doit en aucun cas être éclipsée par la nouvelle crise sanitaire, il a accepté de nous répondre.

  • En quoi la crise de la Covid-19 a-t-elle impacté la lutte contre le VIH ?
Jean-François Dailloux : La poursuite des soins est plus complexe et moins bien assurée pour les personnes infectées. Certaines ne prennent pas bien leur traitement voire même ne le renouvellent pas.

Sur les 100 patients atteints du VIH que je suis dans mon cabinet, 5 d’entre eux ont aujourd’hui une charge virale détectable*. Or aucun d’eux n’était dans ce cas auparavant.

En plus de la diminution de la prévention, le nombre de dépistage dans la région a baissé d’au moins 38%. Aussi parce que l’accès aux téléconsultations s’est avéré impossible pour les individus les plus précaires.   
   
  • Les personnes infectées par le VIH sont-elles plus exposées à la Covid-19 que le reste de la population ?
Jean-François Dailloux : Aucune étude l’atteste. Les patients séropositifs sous traitement n’ont pas plus de risques d’attraper la Covid-19 ni d’en développer une forme plus grave.

En revanche, nous savons qu’il existe des complications pour les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires, de diabète ou d’insuffisance respiratoire chronique. Des pathologies qui peuvent parfois être aussi présentes chez les personnes vivant avec le VIH.
  • Sommes-nous de moins en moins bien informés sur le VIH ?
Jean-François Dailloux : Non je ne pense pas. En revanche, de nombreuses personnes savent qu’il existe aujourd’hui des traitements efficaces et font de ce fait, moins attention, notamment en soirée. C’est une tendance contre laquelle nous devons absolument lutter en renforçant les campagnes de prévention.
 
  • Quelles sont les avancées scientifiques sur le sujet ?
Jean-François Dailloux : Tout d’abord, les traitements antirétroviraux, qui bloquent certaines étapes du cycle de multiplication du VIH, sont moins lourds et de plus en plus efficaces.

C’est également le cas pour le traitement de prévention PrEP, qui est destiné aux personnes qui ne sont pas porteuses du VIH afin d’éviter qu’elles ne le deviennent. A ce propos, ce traitement préventif, qui ne pouvait jusqu’alors être prescrit que par un infectiologue de l’hôpital ou par un centre de dépistage, devrait d’ici la fin d’année pouvoir être prescrit par les médecins de ville.

Enfin, les scientifiques travaillent actuellement sur de nouveaux traitements sous forme d’injection à réaliser tous les 1, 2 voire 6 mois. Ces derniers devraient voir le jour au cours de l’année 2021.  

*La charge virale est la quantité de virus présent dans le sang circulant. Quand une personne séropositive sous traitement a une charge virale indétectable depuis plus de six mois, et qu'elle n'a pas d'IST, les scientifiques considèrent que le VIH ne peut plus se transmettre.

 
Etat des lieux du VIH à différentes échelles
  • En Région Centre-Val de Loire en 2018 :
- 3103 patients vivant avec le VIH ;
- 95% de patients suivis sous traitement antirétroviral ;
- 92% d'entre eux avec une charge virale indétectable et pouvant vivre « normalement » (1).
 
  • En France, en 2018 :
- 6200 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH. 56% ont été contaminées par rapports hétérosexuels, 40% lors de rapports sexuels entre hommes, et 2% par usage de drogues injectables (2).
 
  • Dans le monde, en 2019 :
- 38 millions de personnes vivant avec le VIH ;
- 25,4 millions de personnes ayant accès à la thérapie antirétrovirale ;
- 1,7 millions de personnes nouvellement infectées par le VIH ;
- 690.000 personnes décédées de maladies liées au sida (3).

(1) Chiffre de Santé publique France 2019.
(2) Chiffre de Santé publique France – Mis à jour 22 janvier 2020.
(3) Chiffre de ONUSIDA – fiche d'information 2020.
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