Le nombre de personnes contaminées par le VIH est en baisse à Lyon et dans la Vallée du Rhône. Sur le terrain, la lutte pour la prévention, le dépistage et contre les discriminations n'a jamais cessé. En particulier, l'aide se concentre sur les publics précaires ou les étrangers. Etat des lieux
Les chiffres concernant l’évolution des contaminations au VIH sont en général connus avec un décalage. Toutefois, les derniers recensements publiés par le Corevih Lyon Vallée du Rhône sont plutôt optimistes. La surveillance épidémiologique, véritable état des lieux de la prise en charge de l’infection par le VIH dans la Métropole et dans quatre départements (Ain, Ardèche, Drôme et Rhône) -soit une population de 3,3 millions d’habitants- montre une baisse de 34% du nombre de personnes prises en charge et nouvellement diagnostiquées, entre 2016 et 2019.
En 2019, selon la Corevih de notre région, « 5365 personnes sont prises en charge pour cette infection, et seulement 134 nouvellement diagnostiquées ». Cette baisse s’expliquerait par plusieurs facteurs.
- La hausse de l’utilisation de la Prep (traitement préventif) qui concerne désormais 1445 personnes dans notre région. Un traitement remboursé par la sécurité sociale, et qui est accompagné par un bilan trimestriel de dépistage du VIH et des Infections sexuellement transmissibles.
- Le recours au Traitement post exposition (TPE) auquel il est possible d’avoir recours notamment lors d’un accident de préservatif. 823 personnes y ont eu recours en 2019.
Eduquer la population sur le statut "séropositif indétectable"
La baisse de la transmission du virus peut également être liée à l’efficacité du « traitement comme prévention » des personnes séropositives. Près de 95% de ces individus ont une charge virale indétectable. Lorsque c’est le cas depuis plus de 6 mois, ces personnes ne peuvent pas transmettre le VIH.Reste à faire évoluer les mentalités sur ce sujet. Souvent, bon nombre ignore qu'une personne atteinte du VIH peut avoir une sexualité sans contrainte avec un partenaire régulier et/ou connu. Cette pratique ne peut se faire sans contrôle médical régulier car il est nécessaire de surveiller si la présence du virus dans le sang demeure indétectable. L’utilisation du préservatif reste nécessaire pour se prémunir d’autres IST (infections sexuellement transmissibles) ou comme moyen de contraception.
Sur le terrain, les associations toujours actives
Ces chiffres encourageants sont à relativiser pour les responsables du Centre LGBTI+ de Lyon, qui s’inquiètent de l’effet retardateur de la pandémie de Covid 19 « qui a accaparé le temps et l’essentiel des moyens de prévention au dépend notamment de la lutte contre le VIH », explique Bruno de Maria, dont le collectif rassemble pas moins de 34 associations lyonnaises. Une période qui pourrait aussi avoir ralenti le nombre de dépistages. Pour y remédier, ces associations demandent la possibilité de distribuer gratuitement des auto-tests. « La loi l’interdit. Elle oblige à passer par une pharmacie, pour bénéficier de conseils » regrette notre interlocuteur. Il faut effectivement une habilitation délivrée par l’Agence Régionale de Santé pour avoir le droit de faire des distributions d’auto-tests. L'association "Aides" est la seule, membre du Centre LGBTI+, qui a cette possibilité. Toutefois, la Corevih mène également des campagnes régulières de distribution.A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le VIH, nous relançons une campagne d'envoi d'autotests VIH à domicile ! Commande ton auto-test VIH gratuitement ? https://www.corevih-lvdr.com/auto-test/
Publiée par Corevih Lyon Vallée du Rhône sur Mardi 1 décembre 2020
L’une d’elles débute ce 1er décembre, par le biais de ses comptes sur les réseaux sociaux. Il suffit de s’y connecter et de déposer une demande pour recevoir un test à domicile.
La Ville de Lyon maintient son aide contre le VIH
« Les acteurs impliqués dans la lutte contre la maladie, à Lyon, ont toujours été très actifs. Malheureusement, le contexte a tout de même retardé son action. Le prochain comité de pilotage de la lutte contre le sida n’aura lieu que le 11 décembre prochain avec la nouvelle majorité écologiste. » explique Bruno De Maria, du Centre LGBTI+ de Lyon. Ce que reconnaît la nouvelle équipe municipale, tout en souhaitant rassurer : "Les moyens mis en oeuvre jusqu'ici dans le cadre de cette lutte sont importants, et ils ne vont pas diminuer, malgré le contexte économique affaibli par la crise sanitaire", promet Céline De Laurens, nouvelle adjointe au maire de Lyon, en charge des questions de santé. "J'ai dit à l'ensemble des associations que j'ai rencontrées que nous ne comptions pas être moins actifs que la majorité précédente. La crise sanitaire a pu avoir un effet de ralentissement, mais pas sur la volonté des acteurs dans cette lutte. Malgré la Covid, des dépistages ont pu être organisés dans des salles de mairie d'arrondissement. L'association Enipse, notamment, en réalise au moins une fois par semaine. D'autres vont suivre et tout est mis en oeuvre pour limiter un éventuel retard dans ces dépistages." Par ailleurs, la Ville de Lyon a maintenu sa participation à la journée mondiale de lutte contre le sida, ce 1er décembre, en participant, avec la Corevih à l'organisation d'un webinaire sur ce sujet. La Ville annonce qu'elle va également prochainement relayer une campagne de prévention de l'association Aides. A plus long terme, la municipalité envisage de lancer un plan de communication plus large, impliquant la lutte contre le SIDA et d'autres maladies. Ce plan devrait voir le jour à l'occasion d'un futur contrat local de santé, programmé en janvier 2021.Une première en France : 52 actions contre les agressions lgtbi+phobes
En attendant, le Centre LGBTI+ de Lyon a poursuivi son travail de prévention. La priorité est de renforcer la lutte contre les agressions. « Le Centre LGBTI+ Lyon et les associations qui le composent ont constaté et alerté les institutions sur la recrudescence des agressions LGBTI+ phobes sur les villes de la Métropole de Lyon (63 infractions ont été relevées par les autorités en 2019, pour 56 en 2018). » Une convention multipartite signée le 11 février 2020 renforce le pilotage local des actions ciblant les violences et discriminations LGBTI+ phobes à l’échelle de la Métropole de Lyon et ouvre la mise en œuvre d’un plan d’action visant à réduire significativement ces violences morales et physiques. « C’est la première fois en France qu’un aussi grand nombre d’associations, institutions nationales et locales réussissent à mettre en place un plan de 52 actions détaillées, diversifiées et précises, pour répondre à la problématique de la recrudescence des agressions LGBTI+phobes. Sur 62 actions proposées par le Centre LGBTI+ Lyon, 52 ont été retenues. »La sérophobie : une discrimination en progression
La 52ème action retenue dans ce plan est justement axée sur la sérophobie. Un phénomène qui n’est pas encore suffisamment reconnu par les pouvoirs publics, dont beaucoup d’institutions estiment encore que « cela n’existe pas », dixit Bruno De Maria. Et pourtant, selon les associations, les cas de discriminations envers les personnes séropositives se multiplient. Les exemples ne manquent pas : difficultés à trouver un médecin traitant, ou un dentiste, mais pas seulement : « On a plutôt tendance à déconseiller à nos interlocuteurs de parler de leur séropositivité sur leur lieu de travail » explique Bruno. Il fallait donc agir : « Nous avons reçu ces derniers temps de plus en plus de signalements de situations sérophobes et nous avons décidé de commencer à les recenser. Pour cela, nous avons mis en ligne un formulaire de signalement sur notre site web et nous vous demandons d’aller y faire une visite pour nous dire si vous avez vécu ce type de situation par le passé. » propose le collectif.Des personnes en difficultés obligées de renoncer à leur traitement
L'association lyonnaise FRISSE est spécialisée dans le suivi de la santé sexuelle des populations en difficultés, comme les personnes handicapées, précaires, ou encore d'origine étrangère. A l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, elle alerte sur les difficultés d'accès à un traitement pour ces catégories de population lorsqu'elles sont contaminées par le VIH. En particulier, les personnes LGBTI+ en demande d'asile ayant besoin d'accéder à un parcours de soin, seraient souvent contraintes de renoncer à leur traitement en France. "A l'heure où la santé de toutes et tous dépend de la santé de chacun, il est essentiel de défendre l'accès aux soins de personnes qui cumulent méconnaissance des rouages administratifs, peur du jugement et de la stigmatisation, état physique et mental mis à mal par l'exil. Nous devons au contraire favoriser l’accès aux soins et au droits des migrant·e·s et des travailleur·ses du sexe" résume Daniele Authier, membre du FRISSE. En prenant pour référence les préconisations de l'Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE), cette association réclame notamment "la suppression des obstacles à la demande d’AME (aide médicale d'Etat) telle que l’obligation du dépôt en personne."A Lyon , des appartements pour accueillir les précaires atteints par le VIH
Créée en 1993, Basiliade a pour vocation d’accueillir et d’accompagner des personnes en situation de précarité atteintes notamment par le VIH/SIDA.Ancrée au cœur de la ville, Basiliade "est avant tout une association à taille humaine qui allie le respect de chaque personne accueillie à l’esprit communautaire." explique son fondateur Didier Arthaud.
L'association, qui se veut "à taille humaine" a créé un site à Lyon. Il comprend plusieurs dispositifs d'hébergement et d'accompagnement. Basiliade dispose notamment de 12 places en Appartements de Coordination Thérapeutique pour accueillir les personnes en situation de précarité atteintes de pathologies chroniques ayant besoin d'un accompagnement psychosocial et médical. A Lyon, l'association dispose aussi de 4 places en appartements-relais, pour accueillir des personnes atteintes du VIH dont la problématique principale est liée au logement et à l'insertion sociale et professionnelle. L'accompagnement doit conduire à l'autonomie des personnes accueillies.