Suivi par 30 000 abonnés sur youtube, David Forge demande au président de l'éclairer sur la mise en application de sa politique agricole. Le message aurait été entendu puisque dans un tweet, l'agriculteur remercie les équipes d'Emmanuel Macron pour l'invitation...
"Je souhaiterai vous rencontrer." David Forge a 37 ans, il est agriculteur en Indre-et-Loire, et le message est clair. Petite originalité : il s'adresse au président de la République, Emmanuel Macron, qui doit prochainement se rendre au salon de l'agriculture.Le message aurait été entendu
Dans un tweet datant du vendredi 16 février, David Forge remercie les équipes du président pour leur invitation. Affaire à suivre...Mon message a été entendu
— David Forge (@d_forge) 16 février 2018
Merci à tous ceux qui auront relayé ma vidéo, et aux équipes d’@EmmanuelMacron pour leur invitation https://t.co/5HjaB6HEIg
Autre originalité : David Forge n'est pas seulement agriculteur mais aussi youtubeur. Toutes les semaines, il documente sa vie et son métier d'agriculteur sur la plateforme de vidéos. Il est suivi par 30 000 personnes, un public qui lui a valu d'être monétisé sur Youtube.
Emmanuel Macron, face à face
"Je sais que votre temps est compté, dit-il au président, (...) mais moi-même et mes abonnés aimerions savoir de quoi seront faites mes futures vidéos, et de quoi sera fait mon métier demain."Monsieur le président de la république @EmmanuelMacron
— David Forge (@d_forge) 14 février 2018
cc @Salondelagri pic.twitter.com/s7Zd7Yh1DU
Pourquoi cet empressement à rencontrer Emmanuel Macron ? Parce que la politique agricole du président l'inquiète. "Il a des grands projets, explique l'agriculteur. Je veux juste lui demander, concrètement, comme ses idées vont s’appliquer pour moi, au jour le jour, sur mon exploitation. Que la vision qu’il a se reporte d’une manière concrète sur mon travail, que j’expose à tout le monde."
Lui, qui cultive entre autre les céréales, se réfère par exemple à sa politique concernant les pesticides. David Forge en utilise pour protéger son blé. Non pas qu'il soit rigoureusement partisan de cette manière de faire. Ce qui l'inquiète, ce sont les délais.
Macron va-t-il trop vite ?
"J’ai l’impression que les délais qu’il a en tête sont un peu courts, avance David Forge sans agressivité. Moi, je veux bien les arrêter, les pesticides, mais je veux que la solution de remplacement ne soit pas une impasse économique, déjà." L'homme exploite 160 hectares, un héritage familial, qu'il a repris après son père et son grand-père, dans les méthodes de l'agriculture traditionnelle.
David Forge veut, en un sens, s'assurer qu'Emmanuel Macron a en tête les réalités de son métier, où les choses doivent se faire par étapes. "Pour changer de manière de produire, et la valoriser, explique-t-il, il faut créer des filières, des coopératives, des nouveaux cahiers des charges. Il ne faudrait pas mettre, comme le dit l’expression, la charrue avant les bœufs."
Une chance d'être entendu
David Forge compterait-il un peu sur son côté "start-up nation" pour faire pencher la balance vers un oui ? Un peu, avoue-t-il. "Je pense qu’il peut nous trouver des points communs. On a le même âge, lui aussi il a ouvert sa chaîne youtube, ajoute-t-il avec humour. Bon, je ne suis pas aussi regardé que lui, mais je suis un agriculteur qui est quand même médiatisé, et j’ai espoir que ce soit pris en compte par lui ou ses équipes."
Pour autant, il ne se voit pas courir après le président s'il n'obtient pas de réponse. "Je n’irais pas l’interpeller, je ne sais pas faire ça. Il faut que ce soit formalisé, je ne suis pas là pour importuner" répond-il, respectueux.
Modeste, il indique qu'il n'avait pas vraiment l'intention de devenir un porte-parole. "Ce n’est pas vraiment que ce que je veux, mais c’est un fait. Plusieurs milliers d’exploitation fonctionnent avec le même système que moi. Je n’ai pas une âme de leader, mais je suis conscient que d’autres voudraient bien pouvoir lancer le même appel."