L'Association des maires ruraux de France (AMRF) a publié en février 2021 une nouvelle étude sur l'accès au soin, en se concentrant cette fois sur l'accès aux services d'urgence. En cause : la fermeture de lits dans les hôpitaux ruraux.
Si vous habitez dans une zone rurale très peu dense, comme la limite entre l'Indre et la Creuse ou l'est du Cher, il y a de bonnes chances (37% pour être exact) que vous viviez à plus de 30 minutes des services d'urgence les plus proches, ce qui peut faire la différence entre la vie et la mort. C'est l'une des conclusions de l'étude menée par le géographe Emmanuel Vigneron pour l'AMRF et publiée en février dernier. Cette étude est la dernière en date d'une série menée sur l'accès au soin en milieu rural.
Très critique envers le "dogme centralisateur" de l'État au sujet des politiques de santé, l'AMRF est en effet engagée depuis plusieurs mois dans un travail de recherche en faveur de la "proximité" des services sanitaires. Ainsi, et sans surprise, l'immense majorité des habitants des grands centres urbains réside à moins de 30 minutes de services d'urgence les plus proches, tandis qu'à l'inverse les habitants des zones rurales voient s'éloigner les hôpitaux.
[Étude santé AMRF] Distance d’accès aux services d’urgence : les ruraux toujours plus éloignés… Plus de 6 millions d’habitants vivent à plus de 30 minutes d’un service d’urgence et 75 % d’entre eux vivent en milieu rural. Pour en savoir plus ⤵️https://t.co/iA4yi35bEm
— AMRF (@Maires_Ruraux) March 23, 2021
 pic.twitter.com/3SBivgGU0N
Moins de lits d'ici à 2025
En effet, au cours des années, les progrès dans l'accessibilité au soin et l'amélioration des axes de communication a contribué à rapprocher les ruraux des soins d'urgence. Mais cette amélioration, conjuguée à la "concentration de la population autour des villes" masque "de nombreuses fermetures" de lits, explique le rapport, qui laisse craindre une forte dégradation de la situation dans le cas où ces fermetures se poursuivraient.
Si l'infographie ne s'affiche pas, cliquez ici
Plus inquiétant, à cadre géographique égal, l'accès aux service d'urgence tendra à se ralentir du fait de la suppression de lits dans les hôpitaux, pointe l'étude. Malgré le moratoire sur les fermetures de lits décidé par Emmanuel Macron en 2019, la politique publique à ce sujet reste indexée à un rapport de 2015 estimant qu'il faudrait "éviter la présence inutile de médecins [urgentistes] lors de période de faible activité ou sur des structures à faible activité globale".
Selon Emmanuel Vigneron, le pourcentage global de la population coincée à plus de 45 minutes des services d'urgence pourrait bondir de moins d'1% à près de 4%. Et ces 4% concerneraient en priorité la ruralité, y compris certains territoires ruraux actuellement plutôt bien desservis, comme le sud du Loir-et-Cher ou l'Eure-et-Loir.