Stages pour les secondes : les entreprises ne sont pas prêtes à accueillir les élèves

Les lycéens de seconde sont en pleine recherche de stages pour le mois de juin. Mais ils ont beaucoup de difficultés à trouver des opportunités. Car les entreprises n'ont pas forcément les capacités pour les accueillir.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

“Tu en es où dans tes demandes de stages ?” Cette phrase doit revenir régulièrement chez vous, durant les dîners en famille. Chaque élève de seconde doit trouver obligatoirement deux semaines de stage d’observation entre le 17 et le 28 juin 2024. L'immersion se fait en entreprise, dans une administration ou dans une association. “Chaque lycéen peut ainsi approfondir sa découverte des métiers et être aidé à préparer ses choix d’orientation”, explique le ministère de l’éducation nationale sur son site internet.

@gabriel_attal Un stage obligatoire pour les élèves de seconde générale ou technologique ? Je te résume ce qui change et pourquoi. #Stages #Lycee #foryou #college #politique #ecole ♬ son original - Gabriel Attal

Mais les entreprises sont-elles prêtes à jouer le jeu ? “Ce n’est pas certain”, répond Laurence Rolland, vice-présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Indre en charge de la formation. Lancée en novembre 2023 par Gabriel Attal, alors Ministre de l’Éducation Nationale, l’opération “Mon stage de seconde” est sous le feu des critiques. Après les émeutes de juin 2023 suite à la mort de Nahel à Nanterre, pour beaucoup d’observateurs, c’est une façon d’occuper les lycéens. 

Le monde économique estime que la mesure est mise en place dans la précipitation. “Le stage se déroule fin juin. Pour une entreprise, c'est demain !” explique Michel Lestrez, élu à la CCI Touraine. Les textes concernant les stages sont sortis la semaine dernière. Les établissements scolaires seront fermés 2 semaines pendant les vacances de Pâques et avec les ponts de mai... C’est plus que charrette !” Le monde enseignant dit peu ou prou la même chose. “On ne comprend pas du tout ni la méthode ni la philosophie. On ne change pas des règles comme ça en cours d’année, à la hussarde”, tonne Sylvie Lesné, secrétaire départementale du SNES-FSU dans le Loiret.  

Concurrence avec la filière professionnelle

Cette période de juin est aussi celle où les secondes et les premières en bac professionnel sont en stage. Les opportunités pour les secondes en filière générale sont d’autant plus réduites. "On est très sollicités [...] Si on est dans une grande entreprise, le service RH va organiser ça”, espère Laurence Rolland.

De nombreux jeunes passent par leur réseau familial pour trouver des opportunités. Mais en Indre-et-Loire, la CCI a lancé un dispositif expérimental où elle accompagne une vingtaine d’élèves du Lycée de Vaucanson de Tours qui avaient du mal à trouver un stage. “Hormis les dispositifs où les jeunes vont sur les plateformes, il n’existe rien aujourd’hui en Indre-et-Loire. Ce sont nos réseaux interprofessionnels qui fonctionnent”, explique Michel Lestrez. Mais est-ce suffisant face aux centaines de lycéens en attente de solution ? “Oui c’est une goutte d’eau. Après, les petites rivières font les grands fleuves !”

Des stages intéressants ?

Pour aider les lycéens, le Gouvernement a créé, au début du mois de mars, une nouvelle plate-forme intitulée “1jeune1solution”. Ouverte depuis le 25 mars, l’idée est de permettre aux élèves d’y trouver des offres de stage, déposées par des entreprises. Mais les possibilités sont trop peu nombreuses. Quand on cherche à Tours ou dans ses environs, en élargissant le périmètre au maximum – soit 60 km – on ne trouve que vingt offres de stage : dans un centre équestre, chez un traiteur, dans une mairie ou encore chez Engie. Pour Orléans et Chartres, il y a vingt annonces. Pour Blois, il y en dix-neuf ; dix-sept pour Châteauroux. Seul le secteur de Bourges en compte beaucoup.  

“Il y a des offres assez délirantes”, juge Emmanuel Mercier, secrétaire départemental de la FSU du Loir-et-Cher. “On est sur des missions qui n’ont rien à voir avec ce que connaît ou ce que peut faire un élève de seconde. Par exemple, dans mon département, il y a une association de lutte contre le harcèlement. L’objectif du stage est de concevoir une campagne. On est hors sol par rapport à un élève qui est dans un enseignement général. Et puis, c’est censé être un stage d’observation”. 

Les entreprises se posent également la question du contenu de ces stages. “Dans un espace aussi court entre avril et juin, nous allons devoir prévoir 1260 plages de 15 jours qui doivent être effectués par les élèves de seconde tant sur le public et sur le privé [...] Comment fait-on pour être clairement qualitatif dans l’accueil ?” s’interroge Laurence Rolland de la CCI de l’Indre. En Touraine, la Chambre de Commerce veut mettre en place une Charte d’engagement du jeune et de l’entreprise "pour qu'il y ait un vrai accueil du jeune, pour qu'il puisse vraiment découvrir l'entreprise avec un référent", précise Michel Lestrez.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information