C'est la dernière ligne droite avant Noël. Dans les magasins c'est donc le rush pour faire ses dernières emplettes. Et cette année encore, malgré le tout numérique, les jeux de société auront la part belle sous le sapin...
Dobble, Bonne Paie ou Rubik's Cube, les casse-tête, jeux de cartes et de société occuperont cette année encore une place importante au pied du sapin, les boîtes de jeux sans pile ni écran affichant depuis deux ans une santé insolente.
Ses grands succès, Monopoly en tête, Puissance 4 ou Dr Maboul, continuent de s'écouler abondamment. 2015, après une année 2014 difficile, fut faste pour le secteur: les ventes ont bondi de 13%, atteignant 366 millions d'euros. Une prouesse sur un marché du jouet en petite forme dans son ensemble (+3,7% selon le cabinet NPD). Pour 2016, le chiffre d'affaires des boîtes de jeux, de puzzles et de cartes devrait encore grimper de 7% pour représenter environ 11% de l'ensemble des ventes de jouets. La France "est traditionnellement un pays où l'on aime jouer aux cartes, au tarot, à la belote", remarque Frédérique Tutt, experte chez NPD. Aux jeux traditionnels se sont récemment ajoutés "des jeux d'ambiance, plus +funs+, pas trop compliqués". "L'effet crise" est aussi un atout, estime Philippe Pestanes du cabinet Wavestone: "Quand il faut arbitrer sur les loisirs, les jeux de société restent une (option) alternative abordable pour les familles".On pensait qu'avec les jeux vidéos, tout le digital, les ventes de nos jeux classiques allaient s'estomper, mais la croissance est encore là cette année, se félicite Mikael Berthou, responsable en France du groupe américain Hasbro.
Communauté de passionnés
Mattel, la marque américaine connue pour ses poupées Barbie, mais qui possède aussi des jeux mythiques comme Scrabble, Pictionary ou Uno, mise d'ailleurs sur l'intérêt inoxydable pour les "jeux transgénérationnels" aux règles connues de
tous, selon sa directrice marketing Sandrine Ridoux. Ce qui ne l'empêche pas de tenter de rajeunir sa cible avec des Scrabble pour enfants ou en se "détachant du jeu intellectuel" avec des produits comme "1,2,3 Prout". Une nouvelle génération de joueurs, à la recherche de jeux aux stratégies plus élaborées ou aux univers plus sophistiqués, a par ailleurs suscité une offre foisonnante. "J'ai toujours joué aux jeux de société en famille, type Monopoly et 1000 Bornes", témoigne Amandine Schoukroun, 27 ans. Mais après avoir consacré de nombreuses heures aux jeux vidéo entre 15 et 22 ans, "j'ai découvert de nouveaux jeux de société en fréquentant le club jeu de mon entreprise". Depuis, le virus ne l'a plus quitté; elle est même abonnée au magazine spécialisé Plato. Dans la ludothèque qu'elle partage avec son mari Lucas, 28 ans, figurent désormais une soixantaine de boîtes, des jeux complexes à déballer à deux le week-end ou entre amis les vendredis soirs et des jeux plus abordables pour leur famille. Une myriade d'éditeurs indépendants gravite désormais autour des mastodontes du secteur. Ils sont servis par un réseau dense de boutiques spécialisées et une multitude d'événements donnant l'occasion de présenter les nouveautés, qu'il s'agisse de festivals, de soirées spéciales ou de tournées des plages.
Internet, un allié
Dans cet espace, l'entreprise française Asmodée a su, depuis sa création en 1995, bousculer les géants Hasbro, Mattel et Ravensburger pour devenir une référence. Forte de titres à grand succès comme Dobble, Jungle Speed ou les cartes Pokémon en France, elle a aussi développé une offre fournie de jeux inventifs, stratégiques, voire oniriques comme Dixit. Le numérique, loin de concurrencer les jeux de sociétés, a nourri leurs univers: "Les réseaux sociaux ou les blogs donnent une chambre d'échos aux nouveautés" et "nombre de jeux traditionnels sont déclinés en applications", remarque Philippe Pestanes. Internet est aussi un formidable instrument marketing: le fou rire vu plusieurs millions de fois sur YouTube d'un père et son fils autour de "Pie Face - Le jeu de la chantilly" a permis à Hasbro d'en faire exploser les ventes. Pour Antoine Chasseloup du bar à jeux de société Le Nid à Paris, qui propose chaque soir aux néophytes et habitués d'essayer plusieurs centaines de produits, l'essor du financement participatif contribue aussi à la bonne santé du secteur. "Des plates-formes comme Kickstarter ont permis à des créateurs de proposer leurs jeux directement", observe-t-il. "Cela accroît l'offre, et donc la demande puisqu'on a affaire à un public de passionnés qui n'hésitent pas à dépenser pour des nouveautés."
C'est la dernière ligne droite avant Noël. Dans les magasins c'est donc le rush pour faire ses dernières emplettes.
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