Coronavirus : près d’un tiers des patients morts souffraient de diabète

Coronavirus : les diabétiques, comme les personnes obèses, sont parmi les personnes les plus susceptibles de développer une forme sévère de covid 19, et d’en mourir. Une application leur permet d’être informés et accompagnés pendant l’épidémie.

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«"Si on a du diabète, on a plus de risque d’avoir une forme sévère de covid19, explique le professeur Ronan Roussel, chef du Service d’endocrinologie, diabétologie et Nutrition de l'hôpital Bichat AP-HP. Selon les premières études chinoises, cette pathologie multiplierait par 2 à 4 le risque de décès liés à l’infection du coronavirus."
 


1/4 à 1/3 des patients décédés sont diabétiques

"On a appris, scientifiquement, des études chinoises, mais aussi des études américaines et italiennes,

qu’un quart à un tiers des patients qui décèdent après une contamination au covid19 sont diabétiques "

explique le coordinateur de la Fédération des services hospitaliers de diabétologie parisiens Ronan Roussel.

En France, comme en Italie, cela représente 6 à 8 % de la population, soit  près de 4 millions de personnes. "

Face à l’explosion de l’épidémie, en France, les personnes diabétiques sont donc très inquiètes.


Des patients très angoissés

Léa a 35 ans. Elle est diabétique, et insulino-dépendante depuis quelques mois : "quand j’ai découvert que  j’étais une personne à risque, je me suis inquiétée. J’ai eu peur d’aller en réanimation, d’être plus fragile que d’autres personnes. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse plus attention pour ne pas être contaminée par le coronavirus."

En cherchant des informations sur le diabète et le coronavirus, la jeune femme découvre une nouvelle application nommée Covidiab. Elle s’inscrit immédiatement : "Cela m’a apporté un grand soutien psychologique." Sur sa page Facebook l'Inserm décrit ce dispositif technique élaboré avec l'Université de Paris : 


Une application pour accompagner les diabétiques

Covidiab est une application nationale d’information, de prévention et d’accompagnement en ligne. Elle a été lancée pour répondre aux interrogations et inquiétudes des patients diabétiques confinés à domicile, et les accompagner médicalement. C’est le fruit de la collaboration de la Fédération des Services Hospitaliers de Diabétologie dirigée par le professeur Roussel, l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) , l’INSERM, (Institut national de la santé et de la recherche médicale), et le Centre de Responsabilité de Santé Connectée de l’AP-HP. Avec le soutien de la chaîne You Tube PUMS (Pour une meilleure santé).

Grâce à l’application Covidiab, explique le Dr Boris Hansel, co-directeur du  Centre de Responsabilité de Santé Connectée de l’AP-HP, 
"On suit les patients de près. On a des patients qui toussent, ont mal au ventre, et se disent que ce n’est rien du tout. Cela peut être une manifestation de décompensation du covid19. Dans ce cas, on leur donne des conseils pour adapter leurs traitements."


 


Tous les trois jours, les patients reçoivent un questionnaire pour savoir quel est leur état de santé : j’ai été malade et j’ai décrit mes symptômes, confie Léa : une oppression thoracique, une gène respiratoire et un mal de gorge. Très vite, un diabétologue m’a appelée. Je lui ai expliqué que j’étais allée chez mon généraliste, que je n’avais pas été testée car les symptômes n’étaient pas assez graves."

Léa est à nouveau contactée quelques jours plus tard par un  médecin qui diagnostique un probable coronavirus : il m’explique que dans les formes sans complications, les symptômes du virus apparaissent d’abord pendant une semaine, puis diminuent, avant de ressurgir peut être. Cela m’a permis d’être plus vigilante. Au bout de dix jours, j’allais mieux  et cela a fait écho aux informations du médecin.

Je me suis dit que c’était la forme bénigne. Cela m’a rassurée."


Les diabétologues profitent de leurs liens avec les patients pour faire des recommandations : "en cas d’infection du coronavirus, explique le Dr Boris Hansel, les glycémies sont perturbées. On recommande aux patients de bien mesurer leur glycémie au bout du doigt, encore plus que d’habitude. "

Parmi les personnes connectées à l’application covidiab, "beaucoup ont un peu de fièvre et divers autres symptômes et ont possiblement le Covid19.  Quand on  les détecte, un diabétologue les accompagne."
Si une personne diabétique présente des symptômes sévères de covid19, les médecins de la plateforme lui demandent de contacter le 15. Et elle sera alors intégrée dans un programme covid de suivi rapproché.

 


Une plateforme d’information interactive

L’application covidiab est aussi une plateforme d’information en temps réel sur tout ce qui concerne le diabète et le coronavirus. Les patients accèdent à une médiathèque mise à jour quotidiennement, à des documents, et des vidéos. Des notifications sont envoyées à chaque fois qu’une information utile est publiée. 

3 live par semaine sont organisés avec des diabétologues, des infectiologues, des nutritionnistes, et des médecins hygiénistes, afin de répondre  aux questions pratiques que se posent les personnes diabétiques. 
"J'ai suivi tous les live depuis le début, dit Léa. On est prévenu la veille par texto et on peut envoyer nos questions. Et les spécialistes répondent en direct. Cet espace collectif est un super outil d’information. Cela me permet d’apprendre à gérer mon diabète dans cette situation compliquée. Si on a un problème , on  sait qui contacter. En tant que diabétique dans une catégorie à risque,

je me sens moins seule et moins angoissée.

L’obésité un des facteurs de risque associé?

L’obésité est un des facteurs de risque du diabète, et de l’hypertension artérielle. Diabète , obésité, et hypertension artérielles sont donc souvent liés. Actuellement il est difficile de savoir lequel de ces facteurs a le plus de risque de provoquer une forme sévère de covid 19.
Mais selon le Haut Conseil de Santé Publique une personne dont l'indice de masse corporelle est supérieur à 40 a des risques de développer une forme sévère de covid19, donc de mortalité.

Selon le professeur Xavier Lescure, infectiologue à l'hôpital Bichat APHP, " on voit en réanimation des jeunes de moins de 50 ans avec des formes sévères de covid19. Le seul facteur qui explique la présence de ces jeunes en réanimation est la surcharge pondérale. A savoir, un indice de masse corporelle au dessus de 30. Ces gens là sont fragiles vis à vis du covid. "

Mais pour le moment , aucune statistique n’existe à ce sujet. 

 

 

Une étude pour mieux cerner les facteurs de risques

Ronan Roussel, le chef de Service de diabétologie l'hôpital Bichat APHP, cherche à identifier plus précisément les profils des patients diabétiques hospitalisés pour des contaminations au covid19 : "on souhaite savoir s’il s’agit de patients minces ou obèses, de diabétiques bien ou mal contrôlés, de patients traités ou non à l’insuline, et d’existence ou non de complications rénale ou cardiaque."
Une étude nommée Coronado va être lancée ces prochains jours, auprès de 300 patients atteints de formes sévères hospitalisés dans le CHU de Nantes, qui coordonne l'étude, et aussi ceux de Bichat à l'APHP, Lyon et Toulouse, entre autres. 
“Notre ambition, confie le professeur Ronan Roussel, est de partager des résultats d’ici deux semaines."

En attendant, le diabétologue tient à rassurer les personnes diabétiques : “si parmi les patients qui développent une forme sévère de covid 19, on a une surreprésentation des patients à risque,

la majorité des patients diabétiques à risque ne développent pas une forme sévère de coronavirus.”

Léa, elle, n’a plus de symptômes depuis mardi 30 avril. Aujourd’hui, elle est soulagée, et souhaite "inciter toutes les personnes diabétiques, surtout celles qui ne sont pas suivies par un diabétologue,  à se connecter sur covidiab, "car cette application nous fait du bien à tous." 

Sur près de quatre millions de diabétiques, seulement 30 000 sont connectés à cette nouvelle application. Pour le Pr Roussel, " Il faut faire en sorte que le maximum de diabétiques se connectent."

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