Jeux et rivalités corses au procès du Cercle Wagram

Un établissement de jeux parisien où se seraient affrontés deux clans de malfrats corses sur fond de liens troubles avec la police : le procès du Cercle Wagram remue toutes les conjectures sur ce banditisme corse qui défraye la chronique.

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Dix personnes sont jugées jusqu'au 21 décembre en correctionnelle pour des faits d'extorsion de fonds et d'association de malfaiteurs aux allures de scénario de polar. Ironie de l'histoire, deux acteurs de la série de Canal+ "Mafiosa" figurent parmi les prévenus. 

Lieu de l'action : le Cercle Wagram, près des Champs-Elysées, avec ses 28 tables de jeux sur trois niveaux. Pour les juges d'instruction, les investigations démontrent "la mainmise opérée depuis plusieurs années" sur le Wagram et son petit frère l'Eldo, "par des membres du grand banditisme corse (...) afin de tirer profit de leur exploitation".

ITW de Me Francis Vuillemin, Avocat d'Hervé Pacini
Dans les années 2000, tout est simple : le cercle est "tenu" par Richard Casanova, les frères Francis et Jean-Angelo Guazelli, piliers du gang corse de la Brise de mer. Arrive 2008 et l'assassinat, à Porto-Vecchio, de Casanova qui s'inscrit dans une série de règlements de comptes décimant progressivement cette bande de malfrats bastiais. A Paris, la mort de Casanova fait passer les cercles sous le contrôle des deux frères Guazelli puis d'un seul, "Ange", lorsque Francis tombe sous les balles fin 2009.

Mais la mainmise de Guazelli, officiellement producteur d'huile d'olive en Corse, ne plaît pas aux proches de Casanova dont la supposée garde rapprochée s'invite au Wagram le 19 janvier 2011, pour chasser l'équipe en place.
Coup de force ou "discussion musclée"?


Ce sont les participants présumés à ce "coup de force", neuf hommes entre 41 et 52 ans et une femme, qui seront jugés. Trois d'entre eux, en cavale, le seront en leur absence : Jean-Luc Germani –le beau-frère de Casanova-, Stephane Luciani et Frédéric Fédérici. Les deux premiers sont de vieilles connaissances des services de police, poursuivis pour l'assassinat, en 2008, de Jean-Claude Colonna, cousin de l'ancien "parrain" du sud de l'île Jean-Jé Colonna, mort en 2006.

D'autres mis en examen présentent un profil différent, comme Philippe Terrazzoni ou Hervé Pacini, deux professionnels des jeux évincés de la hiérarchie du Wagram en 2009 et revenus aux affaires à la faveur du putsch de janvier 2011. Deux autodidactes ayant fait leur chemin "dans un univers légal, celui du jeu", montés en grade à force de travail et n'ayant rien à voir avec l'univers des "parrains" corses, défendent l'avocat de Pacini, Me Francis Vuillemin et celui de Terrazzoni, Me Jean-Dominique Lovichi.

Là où les enquêteurs décrivent un "coup de force", Me Lovichi voit une "discussion musclée comme il y en a tous les jours". A l'issue de l'instruction, les poursuites initiales pour blanchiment et bande organisée ont été abandonnées, "dégonflant l'affaire", selon Me Vuillemin.Un autre volet du dossier visant l'équipe écartée en 2011, soupçonnée d'extorsion de fonds et blanchiment, est toujours ouvert. Son instruction vient de s'achever. Parmi les mis en examen figurent Jean-Angelo Guazelli et un policier à la retraite, Honoré Renon, président de l'association du cercle dont le rôle contribue à "jeter le trouble sur les liens pouvant exister entre les mis en cause et le milieu policier", selon les juges d'instruction.

En avril 2012, le patron du renseignement intérieur de l'époque, Bernard Squarcini, avait été entendu comme témoin, son nom revenant parmi les contacts de plusieurs membres du cercle Wagram, fermé en juin 2011.

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