Affaire Sollacaro: un assassinat au coeur de rivalités criminelles

L'incarcération de membres de la bande dite du Petit Bar à Ajaccio, soupçonnés d'avoir assassiné l'avocat Antoine Sollacaro, confirme que sa mort s'inscrit, pour les enquêteurs, dans le cadre d'affrontements entre clans criminels rivaux qui ont fait de nombreuses victimes depuis quatre ans en Corse.

"Être au coeur de toutes ces affaires était la source de crispations majeures", confiait un magistrat marseillais au sujet du célèbre pénaliste insulaire quelques jours après qu'il fut tué par balles, en octobre, au volant de sa Porsche dans une station-service d'Ajaccio.

Me Sollacaro, connu pour sa défense d'Yvan Colonna, condamné pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998, était aussi l'avocat d'Alain Orsoni, ex-dirigeant nationaliste corse devenu président du club de football de l'AC Ajaccio en 2008, après douze années d'exil en Amérique latine et en Espagne où il travaillait dans le secteur des jeux.

Orsoni à peine revenu dans l'île, la PJ déjoue un projet d'assassinat à son encontre fin août 2008, dont le procès a eu lieu en 2011.
Six hommes furent condamnés, dont Pascal Porri, qui fait partie des trois suspects mis en examen jeudi soir dans l'enquête sur l'assassinat de Me Sollacaro.


La bande du Petit bar fidèle à Jean-Jé

Porri, 40 ans aujourd'hui, est né sur le Cours Napoléon à Ajaccio, l'adresse du Petit Bar.
Depuis les années 2000, des jeunes s'y réunissent autour de son propriétaire, Ange Marie Michelosi, la gérance étant assurée par un certain
Francis Castola, puis par Porri lui-même.

Les deux assassins présumés de Me Sollacaro écroués jeudi soir, André Bacchiolelli, 45 ans, et Mickaël Ettori, 39 ans, sont aussi des "piliers" de l'établissement, comme l'a souligné le ministre de l'Intérieur Manuel Valls en se félicitant que ce "noyau de criminels" ait été "mis hors d'état de nuire".
Récit d'Antoine Albertini. Entretien avec Jacques Follourou, auteur de La guerre des parrains corses.

Les membres de l'équipe du Petit Bar sont présentés par les policiers comme des fidèles de Jean-Jé Colonna, parrain présumé du sud de l'île décédé accidentellement en 2006, dont Ange Marie Michelosi fut "l'héritier" avant d'être tué par ballesen juillet 2008.

Précédemment, Francis Castola, avait été assassiné en mars 2005 à Ajaccio.


Scénario et manipulation

Pour la justice, la volonté de tuer Alain Orsoni à l'été 2008 répondait à ces deux meurtres, les membres du Petit Bar soupçonnant l'ex-dirigeant nationaliste d'être derrière.
Orsoni avait un conflit d'argent avec Castola, ancien compagnon de route du Mouvement pour l'Autodétermination (MPA) ayant investi avec lui dans
les jeux, et aurait voulu reprendre les affaires laissées par "Jean-Jé" à Michelosi dans la région d'Ajaccio.

Scénario réfuté par l'avocat de Pascal Porri au procès de l'affaire en 2011 à Marseille, Me Pascal Garbarini: "C'est quoi le degré de nocivité d'Alain Orsoni ?", demandait-il à la barre, ajoutant: "il n'a pas le Petit Bar contre lui, c'est pas vrai. Il a un problème avec les Castola, qui n'ont plus rien à voir avec le Petit Bar, cette "AOC policière".

L'intéressé n'était pas venu à l'audience, son avocat Antoine Sollacaro dénonçant une manipulation de la police dans cette affaire.


Une série d'homicides

Depuis qu'il est revenu en Corse, Alain Orsoni nie tout lien avec les assassinats qui surviennent dans le sud de l'île, comme avec le milieu du banditisme.
Mais plusieurs anciens du MPA - comme Alain Lucchini, Antoine Nivaggioni ou Jacques Nacer, le président de la CCI d'Ajaccio assassiné
un mois après Me Sollacaro - ont été pris pour cibles, avec à chaque fois des répliques parmi les rivaux qu'on leur prête dans l'entourage du Petit Bar. Et le fils d'Alain Orsoni, Guy, est soupçonné pour quatre d'entre elles.

Après cinq mois et demi d'enquête et trois incarcérations dans l'affaire Sollacaro, les autorités espèrent porter un coup, au moins temporairement, à la spirale criminelle qui sévit dans l'île. Et avancer, peut-être, dans d'autres dossiers d'homicides.

 

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