"Je ne suis pas l'architecte d'un affairisme sournois et assassin" a déclaré mercredi 12 juin, Paul Lanteri, principal prévenu au procès du cercle de jeux parisien Concorde. Après six ans de cavale, Paul Lanteri qui s'est constitué prisonnier au début du procès, encourt dix ans de prison.
"Je me suis éclipsé pour sauver ma vie"
Paul Lantieri, le principal prévenu au procès du cercle de jeux parisien Concorde, qui avait fait sa réapparition au premier jour d'audience après six ans de cavale, a expliqué mercredi devant le tribunal correctionnel de Marseille, s'être "éclipsé pour sauver (sa) vie", démentant être "un gangster qui a voulu échapper à la justice" et "un blanchisseur d'argent sale"."J'ai mis ma vie entre guillemets, je me suis éclipsé pour sauver ma vie, c'est pour cette raison que j'ai disparu. Je n'ai pas disparu parce j'avais peur de la justice, sinon je ne serais pas revenu le 27 mai", a-t-il déclaré en préambule de son audition.
"Je ne suis pas un gangster qui a voulu échapper à la justice. Je ne suis pas l'architecte d'un affairisme sournois et assassin", a-t-il insisté, reprenant les termes du parquet.
"J'ai essayé d'imaginer de rentrer, mais on m'a promis une détention provisoire tellement longue que cela ne m'a pas encouragé à rentrer. (...) Les mois ont passé, je me suis ressaisi parce que je suis un battant. Je suis un homme d'affaires, un commerçant, mais pas un blanchisseur d'argent sale", a poursuivi le prévenu de 50 ans, à la carrure imposante dans son costume gris.
Natif de Bastia, Paul Lantieri avait échappé, manifestement prévenu, à un coup de filet en novembre 2007 quand le cercle Concorde, qu'il co-dirigeait,
avait été fermé sur fond de malversations et de luttes entre clans corses.
Interrogé par la présidente Christine Mée sur son emploi du temps pendant ses années de cavale, Paul Lantieri est resté flou."Je me suis instruit, j'ai appris deux langues, enfin une langue et demi. J'ai pris du recul sur ma vie et le jour est venu de rendre des comptes", a-t-il dit.
"Mais vous étiez où?", insiste la magistrate. "J'ai voyagé, j'ai été accueilli par des amis, entre la Corse et le continent. Je pense que vous comprendrez que ma maman m'a aidé dans cette épreuve", relate le gérant de sociétés.
Selon les juges d'instruction, le Concorde, censé "promouvoir l'idéal républicain", servait en réalité à blanchir l'argent illicite de partenaires occultes, qui ont fini par se disputer cette "poule aux oeufs d'or".
L'homme d'affaires comparaît aujourd'hui pour abus de confiance et de biens sociaux, association de malfaiteurs, blanchiment en bande organisée, corruption et extorsion d'engagement, et diverses infractions à la législation sur les jeux.
Jugé avec d'anciens salariés du Cercle, des membres présumés du milieu corso-marseillais, un banquier suisse et l'ex-gendarme Paul Barril, absent à l'audience, Lantieri, seul des 20 prévenus à comparaître dans le box, encourt 10 ans de prison.