Le procureur de la République à Bastia, Dominique Alzéari, a évoqué mercredi la piste du banditisme dans la fusillade qui a fait un tué et deux blessés graves mercredi en Haute-Corse. Les recherches à Casabianca se poursuivent pour retrouver un quatrième homme porté disparu.
Le procureur Dominique Alzéari a indiqué mercredi 3 juillet que les enquêteurs s'orientent vers la piste du grand banditisme et que plusieurs des trois victimes étaient défavorablement connues de la police, notamment pour des faits criminels.
M. Alzéari a indiqué que la police judiciaire et la gendarmerie avaient été cosaisies dans cette affaire.
Jean-Dominique Cortopossi, 25 ans et originaire de Bastia, est décédé peu après l'arrivée des pompiers.
C'est le 14è tué par balles en Corse depuis le 1er janvier.
Egalement atteints de plusieurs balles, deux autres occupants du véhicule ont été grièvement blessés et héliportés à l'hôpital de Bastia où leur pronostic vital était engagé.
Les trois victimes, atteintes chacune de plusieurs balles, se trouvaient dans une voiture retrouvée dans un ravin en contrebas d'une route étroite et sinueuse de la région de la Castagniccia, sur la commune de Casabianca, à une cinquantaine de km au Sud de Bastia.
C'est l'un des blessés qui avait alerté les pompiers par téléphone.
Un quatrième homme qui se trouvait avec eux a disparu et est recherché par la police et la gendarmerie. Dans les environs de Casabianca, ce jeudi 4 juillet les enquêteurs poursuivent les recherches.
Le procureur de la République à Bastia, Dominique Alzéari, qui s'est rendu sur place, a indiqué que l'enquête allait s'orienter sur la piste
du grand banditisme.
Les victimes, a-t-il précisé étaient défavorablement connues de la police, certaines ayant été entendues pour des faits criminels.
M. Alzéari a ajouté que la police judiciaire et la gendarmerie étaient co-saisies pour cette enquête.
Les circonstances de la fusillade demeuraient confuses à la mi-journée, la seule certitude étant que quatre hommes au moins y ont été impliqués.
Compte tenu de la violence de l'attaque et du nombre de projectiles utilisés, l'hypothèse d'un guet-apens sur une portion isolée de cette petite route sinueuse en moyenne montagne est retenue par les enquêteurs qui rechercheraient une voiture.
Des réglements de comptes ultra-violents
Jean-Dominique Cortopossi est la quatorzième personne tuée par balles en Corse depuis le 1er janvier, généralement dans des règlements de comptes et des affaires de grand banditisme.
Quasiment aucune de ces affaires n'a été élucidée, pas plus que les dizaines d'homicides enregistrés en Corse chaque année, en dépit des importants moyens humains et techniques dont disposent les forces de sécurité dans l'île.
M. Alzéari a d'ailleurs indiqué que certains des hommes visés mercredi avaient fait l'objet de surveillance téléphonique.
Plusieurs d'entre eux, selon une source proche de l'enquête, étaient liés à un entrepreneur de BTP et restaurateur, Christian Leoni, 49 ans.
Membre supposé de la bande criminelle bastiaise de la Brise de mer, dont les chefs ont quasiment tous été assassinés, il avait été exécuté le 28 octobre devant son restaurant de San Nicolao, près de la station balnéaire de Moriani (Haute-Corse) dans la même région que celle de la tuerie de mercredi.
L'assassinat de Leoni avait été revendiqué un mois plus tard par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC).
L'organisation clandestine avait déclaré avoir ainsi vengé l'assassinat d'un militant nationaliste, Charles-Philippe Paoli, 42 ans, qui travaillait également dans le BTP et l'immobilier, alors qu'il circulait en scooter le 28 juin toujours dans le même secteur de la plaine orientale au sud de Bastia.
Située le long de l'axe Bastia/Porto-Vecchio, la côte orientale de Corse, sur la mer Tyrrhénienne, est le théâtre de nombreux règlements de comptes, souvent ultra-violents, sur fond d'intense spéculation foncière et immobilière et d'une guerre pour le contrôle des activités de construction, d'immobilier et de tourisme.
Après les assassinats, l'automne dernier à Ajaccio, d'un ancien bâtonnier de l'ordre des avocats, Antoine Sollacaro, et du président de la Chambre de commerce et d'industrie, Jacques Nacer, le gouvernement avait exprimé, à grand renfort de visites ministérielles en Corse, sa détermination à éradiquer le grand banditisme dans une île devenue l'une des régions les plus criminogènes d'Europe avec des dizaines de crimes de sang chaque année pour 315.000 habitants seulement.