Principal prévenu du procès du cercle Wagram, qui se tient depuis le 16 septembre, devant le tribunal correctionnel de Paris, Jean-Angelo Guazzelli a nié jeudi tout lien avec cet établissement de jeu ainsi qu'avec le fameux gang corse de La Brise de mer, qu'il a qualifié de "mythe".
200.000 euros chaque mois en espèces
Accusé d'avoir détourné plus de dix millions d'euros par le biais du cercle Wagram et d'un autre cercle parisien, l'Eldo, Jean-Angelo Guazzelli a nié en bloc, devant le tribunal correctionnel de Paris, avoir été impliqué, dans ces deux établissements."Je ne suis pas lié au cercle Wagram dont je n'ai jamais connu l'adresse", a dit celui qui se présente comme un producteur d'huile d'olive.
Aux dénégations de Jean-Angelo Guazzelli, le président, Denis Couhé, a opposé systématiquement des éléments du dossier d'instruction, très riche d'écoutes en tous genres et de témoignages accablants, dont celui de l'éminence grise supposée du prévenu, Jean Testanière.
Jean Testanière a maladroitement tenté de revenir, à l'audience, sur ses déclarations faites devant le juge d'instruction, qui ne laissent aucun doute sur la place centrale qu'occupait Jean-Angelo Guazzelli au sein du dispositif du cercle Wagram.
Selon l'enquête, jusqu'à 200.000 euros étaient transmis chaque mois en espèces à Jean-Angelo Guazzelli, qui les répartissait entre les membres de La Brise de mer.
La Brise de mer est "un mtyhe"
Le fameux gang corse de La Brise de mer est "un mythe", a soutenu Jean-Angelo Guazzelli, considéré par la justice comme l'un des derniers rescapés de ce clan."Ca ne veut pas dire grand chose", a affirmé ce sexagénaire alerte. Parmi les membres de La Brise de mer assassinés figure le propre frère de Jean-Angelo Guazzelli, Francis, tué par balles sur une route de montagne en 2009.
"Je n'ai aucune explication sur la mort de mon frère", a affirmé devant le tribunal Jean-Angelo Guazzelli, pour qui Francis "avait une vie de père de famille bien rangée".
Selon l'enquête, Francis Guazzelli a été à la tête du cercle Wagram avant que son frère ne prenne le relais après son décès.
Jean-Angelo Guazzelli a reconnu connaître un autre ex-patron de fait du cercle, Richard Casanova, également assassiné, en 2008.
"Je l'ai connu à Bastia lorsque nous étions jeunes. Après, je l'ai perdu de vue, parce qu'il n'était plus en Corse", a expliqué M. Guazzelli, vêtu d'une veste noire moirée.
"Si je retourne à Terra Rossa, je suis mort"
Le prévenu, visage impassible, a reconnu qu'il avait bien, après l'assassinat de son frère, quitté brusquement son exploitation agricole et abandonné son téléphone portable. Il a alors rejoint Paris, pour ne plus revenir en Corse que très occasionnellement."Je ne cernais pas du tout ce qui était arrivé à mon frère, je prenais quelques précautions. J'étais sur mes gardes", a-t-il expliqué, faisant état de "paranoïa".
Le président a alors cité des propos de Jean-Angelo Guazzelli relevés lors d'écoutes de police : "Si je retourne à Terra Rossa (un commerce de Porto-Vecchio tenu par son épouse), je suis mort. Je sais qu'il y a des gens qui veulent me tirer dessus. J'ai des espions".
"Je vis librement. (...) Aujourd'hui, je ne me sens pas sous la menace", a assuré le prévenu, affichant le regard grave dont il ne se départit jamais.
Très actif durant les années 80 et 90, La Brise de mer est à l'origine de multiples braquages. Le gang pratiquait aussi le racket et contrôlait plusieurs établissements de nuit et de jeu.
La mort accidentelle fin 2006 du personnage central du clan, Jean-Jérôme Colonna, a déclenché un bain de sang, qui a coûté la vie à plusieurs membres de La Brise de mer, dont Richard Casanova et Francis Guazzelli, entre 2008 et 2012.