SNCM: poursuite de l’activité, compagnie régionale ou SEM ?​

La situation financière de la SNCM inquiète les salariés. Il manquerait 10 millions d'euros dans les caisses de la compagnie notamment pour payer les salaires du mois d'octobre. En toile de fond de cette crise, c'est la question du statut social de la SNCM qui est en jeu.

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L’affaire pourrait se jouer dans les prochains jours. La SNCM connaît des difficultés financières qui ne sont pas insurmontables, mais il n’est pas sur que les différents partenaires (État, CTC, VEOLIA) veuillent les surmonter. Si une volonté politique ne s’affirme pas rapidement, il faudra trouver une solution.

Du coté de la CTC (Collectivité Territoriale de Corse), on réfléchit à  la mise en place d’une Société d’Economie Mixte (SEM), en lieu et place de la SNCM.


Une commission ad hoc

L’Exécutif de Corse a créé une  Commission pour réfléchir à la  "faisabilité d’une compagnie régionale". L’OTC (Office des Transports de la Corse) a nommé, il y a quelques mois, un chargé de mission pour réfléchir et faire des propositions, il s’agit de Pascal Paecht Pasquini.

La Commission s’est réunie ce jeudi 24 Octobre à la CTC. Plutôt qu’une "compagnie régionale", le président de cette commission propose une "SEM d’investissement". Dans ce scénario,  la CTC serait l’actionnaire majoritaire (il faut 7 actionnaires minimum) et serait propriétaire des navires.

Des loyers seraient facturés à une société qui exploiterait les bateaux.

L’article « visionnaire »

L’article 43 de la convention de la future Délégation de Service Public (janvier 2014) prévoit une solution en cas de "liquidation ou redressement judiciaire d’un co-délégataire". Ce type d’article n’existait pas dans les deux précédentes DSP signées par le groupement SNCM-CMN.

"(…) La résiliation de la convention par le mandataire judiciaire ou le liquidateur de la société dédiée (…) n’entraîne pas résiliation de la convention vis à vis du co-délégataire restant, l’ensemble des obligations étant provisoirement reprises par le co-délégataire restant pendant un délai de 9 mois (…)."

Si c’est la SNCM qui est menacée, on comprend aisément que le "co-délégataire" serait la CMN. Il faut savoir que ce projet de SEM ne concerne que les quatre cargos mixtes de la SNCM. Nous vous annoncions ce scénario depuis des années et en donnions une thèse renforcée dès la semaine dernière.

Concentration dans le maritime

Si la SNCM disparaît, il resterait la Corsica Ferries France (CFF) pour la majorité des trafics passagers et une partie du fret,  et la CMN pour le fret et une partie des passagers. A cela, il faut ajouter la SEM, gérée par l’un des deux opérateurs restants.

Pour des syndicats de la SNCM cela signifie "un duopole", en tout cas c’est un retour à la situation ante 1995. De facto les 500.000 passagers, transportés par les cars ferries de la SNCM, seraient "offerts" à la concurrence.

Pour l’instant, seul le Syndicat des Travailleurs Corses (STC) semble favorable à une SEM, considéré comme une étape vers une "compagnie régionale".


D’autres solutions ?

La Direction propose toujours un "plan industriel" de relance, mais l’actionnaire privé VEOLIA ne fait pas grand-chose pour le mettre en place Après l’avoir voté en Conseil de Surveillance, il freine des quatre fers.

Le Ministère des Transports tente, officiellement, de convaincre VEOLIA. Selon nos informations des membres du Ministère ont rencontré les actionnaires, les résultats de ces discussions ne sont pas connus à cette heure.

Un Conseil de Surveillance de la compagnie est convoqué pour le dimanche 27 Octobre à Marseille. Il n’est pas certains que VEOLIA fasse le déplacement.

Quand à l’État, actionnaire quasi majoritaire (25% en directe et 60% de VEOLIA TRANSDEV par le biais de la Caisse des Dépôts), son silence est assourdissant. Qui ne dit mot consent ?


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