Ce samedi 30 novembre, Core in Fronte a tenu une conférence de presse commune avec le parti indépendantiste sarde Entula concernant l'état et la gestion des liaisons maritimes Corse-Sardaigne.
"Pour des relations stratégiques entre la Corse et la Sardaigne et pour de nouvelles convergences politiques" entre les deux îles.
C'est le message qu'ont fait passer les partis indépendantistes corse, Core in Fronte, et sarde, Entulà, lors d'une conférence de presse commune organisée ce samedi 30 novembre à Santa Teresa di Gallura.
Dans la ligne de mire des deux formations politiques, les rotations maritimes entre les deux îles. Qualifiées lors de ce point presse de "dégradées, affaiblies et désorganisées", celles-ci ont de nouveau connu, mi-novembre, de nouvelles perturbations. En cause : une panne du navire Giraglia qui opère habituellement la traversée pour la Moby Lines.
Une situation qui a de nouveau conduit le parti indépendantiste a posé une question orale à ce sujet à l'exécutif lors de la session du jeudi 28 novembre à l'Assemblée de Corse : "où en sommes-nous du renforcement de cette ligne ? Quelles sont les initiatives que vous allez prendre avec la Sardaigne ?"
Ce samedi matin, devant les bureaux de la Moby situés sur le port de Santa Teresa, le message délivré par Core in Fronte depuis la Gallura était dans la même veine.
"Les relations maritimes entre Santa Teresa et Bonifacio mettent en relief que la compagnie en charge d'assurer le service public du transport maritime entre la Corse et la Sardaigne est sujette à plusieurs problèmes techniques qui viennent du mauvais état de sa flotte, pointe le parti nationaliste. La Collectivité de Corse d'un côté, la région sarde de l'autre n'ont pas pris la responsabilité commune d'assurer un lien structuré de délégation de service public entre les deux territoires. Les institutions concernées n'ont pas appuyé la possibilité, pourtant déjà établie par un accord de collaboration en 1993 entre l'Italie et la France, de développer une coordination transfrontalière entre Corse et Sardaigne. Elles mettent en relief que les majorités politiques successives se sont peu réunies pour optimiser l'activation du service public entre Corse et Sardaigne en mettant de côté la création du Groupe européen de coopération territoriale (GETC)."
"Se libérer du monopole"
Depuis plusieurs années, la gestion des liaisons maritimes entre la Corse et la Sardaigne revient régulièrement dans le débat public, souvent au gré des défaillances que connaît cette ligne. Celle-ci est régie par une délégation de service publique, de courte durée, uniquement gérée par la région autonome de Sardaigne.
Pour Core in Fronte, qui s'est manifesté à plusieurs reprises sur cette problématique depuis son entrée en juin 2021 à l'Assemblée de Corse, "la démonstration est faite ici que les pouvoirs italien et français agissent de manière insidieuse pour empêcher que les Corses et les Sardes disposent d'une conscience populaire pour revendiquer l'épanouissement, la souveraineté et la maîtrise au cœur de la Méditerranée".
Même son de cloche chez les indépendantistes sardes d'Entula :
"Notre peuple doit se libérer du monopole des entreprises italiennes qui nous condamnent à l’isolement, en empêchant notre liberté de mouvement, de tisser et développer des échanges et des liens commerciaux, culturels et politiques de manière indépendante. Il est temps que le peuple sarde et le peuple corse s’unissent et se battent pour démasquer les classes exploitantes qui, en Corse et en Sardaigne, permettent à cette situation de perdurer. Nous devons construire un système de transport maritime qui permette d’opérer aux compagnies qui offrent un service public décent et qui mette fin à la gestion coloniale et mafieuse des transports dans les bouches de Bonifacio."
Nous devons imaginer un avenir commun comme centre de la Méditerranée où construire un modèle de développement autodéterminé, indépendant et socialiste.
Entula
La formation politique sarde estime qu'il "serait utile que la Région autonome de Sardaigne et la Collectivité de Corse promeuvent la création d’une flotte locale qui peut opérer sur le tronçon Bonifacio-Santa Teresa, en encourageant également les autres compagnies à offrir un meilleur service". Et d'ajouter : "Nous devons imaginer un avenir commun comme centre de la Méditerranée où construire un modèle de développement autodéterminé, indépendant et socialiste."
Pour les deux partis, cette conférence de presse commune était également l'occasion de montrer leur "unité sur leur vision de l'avenir". Et ainsi rappeler leur leitmotiv, à travers la problématique de ces rotations maritimes : "ces deux îles constituent deux peuples de Méditerranée à qui il faut reconnaître leurs droits, parmi lesquels celui de choisir eux-mêmes leur destin".