Quels pourront être les rapports transfrontaliers pour une Corse autonome ? Une réunion notamment consacrée aux futures relations corso-sarde s'est tenue hier, samedi, à Bonifacio. Un rendez-vous organisé à l'initiative de Femu a Corsica, et au cours duquel élus et citoyens ont pu échanger durant plusieurs heures.
Ils étaient nombreux hier, samedi 9 mars, à assister et participer à cette réunion publique consacrée aux relations transfrontalières de la Corse.
L’idée : comprendre comment l’autonomie de l’île pourrait accroître les échanges avec ses voisins les plus proches. Issus de tous bords politiques, les intervenants partagent tous un même consensus : la situation actuelle n’est pas satisfaisante.
"Si vous voulez chercher l'endroit d'Europe où les choses sont restées complètement figées, comme elles étaient il y a 50 ans, vous allez à Bonifacio et Santa Teresa di Gallura", raille ainsi le député européen François Alfonsi.
Douze kilomètres seulement séparent les deux communes. Et pour les relier, une seule et unique ligne maritime, vétuste et maintes fois critiquée pour ses dysfonctionnements. Pour Antonio Moro, conseiller en charge des transports sarde, et présent lors de cette réunion, l’autonomie permettrait de faciliter les liens en ayant des discussions bilatérales plus aisées.
"Je crois que nos régions, si elles collaborent, peuvent mettre en place de vraies actions efficaces", a-t-il ainsi affirmé face aux participants.
Traité du quirinal
Pour ce faire, la Corse et la Sardaigne disposent désormais d’un outil juridique : la frontière corso-sarde est maintenant intégrée au traité franco-italien du quirinal qui régit les relations transfrontalières des deux pays et devrait permettre des liaisons facilitées.
"En juin prochain, nous présenterons devant le comité de ce traité du quirinal, le métro aérien, pour pouvoir faire un aller-retour par jour entre Pise, Bastia, Ajaccio, Cagliari et Olbia", glisse Flora Mattei, présidente de l'Office des transports de Corse.
"Cette capacité aérienne et maritime nouvelle serait une évolution majeure pour la Corse, abonde de son côté Jean-Félix Acquaviva, député de la seconde circonscription de Haute-Corse. Je rappelle que Bastia-Pise, en aérien, c'est 20 minutes, Bastia-Rome, 30 minutes, Bastia-Cagliari, 40 minutes. Donc ça changerait la mobilité de manière fondamentale, du point de vue des acteurs économiques, mais aussi universitaires : les étudiants, les acteurs culturels, les acteurs sociaux... On est sur un changement de modèle, en termes de mobilité, qui était attendu. C'est pour cela que les débats sont passionnés, et que cela peut se concrétiser aujourd'hui."
La question de la continuité territoriale
Reste que si l’autonomie peut faciliter les discussions entre les îles, elle ne fera pas tout. Jean-Charles Orsucci, le maire de Bonifacio, a profité de la venue du conseiller sarde pour rappeler que malgré son autonomie, la Sardaigne dispose d’une continuité territoriale bien moins développée que la Corse. Chiffres à l'appui : "La Sardaigne, c'est 40 millions d'euros de continuité territoriale, pour 1,5 million d'habitants, détaille l'élu. La France, cet Etat que certains d'entre vous fustigent de temps en temps, c'est 190 millions d'euros pour 300.000 habitants."
Une réunion consacrée à l’autonomie de la Corse est prévue demain, lundi, au ministère de l’Intérieur. Nul doute que les réflexions autour des relations transfrontalières de l’île y trouveront toute leur place.