Ce ne sont plus 220 millions d'euros que doit désormais rembourser la SNCM, mais deux fois plus, soit 440 millions d'euros. Après le doublement des amendes infligées à la compagnie maritime par la Commission Européenne, les réactions se multiplient en Corse et sur le continent.
"L'Etat, Veolia, l'Assemblée de Corse, les décideurs doivent (...) mettre en place la structure qui conviendrait à un réel service public pour la Corse", a déclaré jeudi Alain Mosconi secrétaire STC, responsable des transports.
Pour le Syndicat des travailleurs corses la porte de sortie à la décision européenne et plus que jamais "la création d'une compagnie publique régionale".
Avec 1.400 emplois en CDI dont environ la moitié en Corse et plus 600 intérimaires embauchés pendant la période estivale (Corse et continent), la SNCM est l'un des cinq plus gros employeurs de l'île.
Le ministre délégué aux Transports Frédéric Cuvillier a déploré pour sa part "l'incertitude" crée par la Commission européenne dans le dossier SNCM. "Comment voulez-vous économiquement, que des boîtes puissent résister à tant d'incertitudes?", s'est énervé le ministre interrogé jeudi sur RMC
Le gouvernement français a réaffirmé dans un communiqué, sa "détermination à préserver le maintien du service public de la continuité territoriale entre la Corse et le continent et les emplois qui y sont attachés".
La Commission, gardienne de la concurrence en Europe, a infligé mercredi 440 millions d'euros d'amendes à la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM).
Dans le détail, elle réclame que la compagnie rembourse 220 millions d'euros d'aides accordées au titre du "service complémentaire" en saison touristique, des aides qui n'avaient pas lieu d'être en haute saison. La Commission européenne estime en outre que la SNCM a bénéficié de 220 autres millions d'euros d'aides d'État illégales, que Paris devra aussi récupérer.
Cette somme dépasse de loin le chiffre d'affaires de la compagnie qui dessert la Corse, estimé à quelque 300 millions d'euros, pour 14 millions d'euros de pertes en 2012.
La France et la SNCM ont déposé pour les premiers 220 millions d'euros, un recours devant le Tribunal de l'UE pour contester la décision, mais il n'a pas d'effet suspensif.