Le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, affirme, dans un entretien à La Provence, que l'Etat ne laissera pas faire ce qui conduirait à la disparition de la SNCM.
La Commission européenne a relevé mercredi à 440 millions d'euros le montant des aides que l'État français devrait récupérer auprès de la SNCM, et décidé de saisir la justice pour obtenir gain de cause, portant un coup très rude à la compagnie maritime en difficulté.
"Nous ne laisserons pas faire ce qui conduira à la disparition de la SNCM (...)- a déclaré Frédéric Cuvillier.
"C'est une condamnation à mort"
Nous sommes face à une succession de décisions qui s'apparentent à un acharnement.Encore une fois, nous ferons tout pour ne pas perdre la SNCM. 440 millions d'euros, vous imaginez? C'est une condamnation à mort! On ne prendra pas ce risque", déclare le ministre au quotidien La Provence..
La première partie de la décision de Bruxelles concerne des aides, pour un montant de 220 millions, versées par la Collectivité territoriale de Corse et considérées comme incompatibles avec les règles européennes de la concurrence.
La France a déposé un recours devant le tribunal de l'UE, mais il n'a pas d'effet suspensif.
Pour le second volet - 220 autres millions d'euros d'aides d'État accordées sous différentes formes dans le cadre de la restructuration et de la privatisation de la compagnie, qui avaient dans un premier temps été acceptées par Bruxelles - la France va également engager une action en justice, annonce M. Cuvillier.
"Il faut que chacun ait en conscience ce qui est infligé à la SNCM. Ce que je sais encore, c'est qu'elle est saine et peut avoir un avenir. Je défends le pavillon français. Je n'oublie pas non plus ceux qui sont à l'origine de ces plaintes", ajoute le ministre, en référence au principal concurrent de la SNCM, Corsica Ferries, dont les navires battent pavillon italien.
Il lance également un appel aux actionnaires. "L'Etat accomplit sa part, ils doivent en conséquence remplir la leur", juge-t-il, insistant: "il faut sauver la compagnie".
Précisions utiles sur l'entretien publié par La Provence
A la différence de ce que pouvait laisser croire, samedi 23 novembre, la dépêche de l'Agence France Presse concernant les déclarations du ministre des Transports au quotidien La Provence, la question ne porte pas sur 440, mais sur les 220 millions d'euros du service dit "complémentaire" que l'Etat ne réclame pas et la Commission Européenne lui en fait, du reste le reproche.Quand au "recours contre les 220 autres millions", il sera contre la Commission.
L'appel contre la décision du Tribunal des Communautés Européenes a déja été plaidé, le 6 Novembre.
La SNCM : 300 millions de chiffre d'affaires pour 14 millions d'euros de perte
Le capital de la SNCM est détenu à 66% par Transdev, coentreprise de transport collectif, le géant de l'eau et des déchets Veolia et la Caisse des dépôts, à 25% par l'État et à 9% par les salariés.Veolia et la Caisse des dépôts auraient dû sceller au plus tard le 31 octobre un accord qui prévoyait le transfert à Veolia des 66% détenus par Transdev. Veolia serait ainsi devenu le nouvel actionnaire majoritaire de la compagnie, mais les difficultés de la SNCM ont fait capoter l'accord.
La compagnie maritime a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires d'environ 300 millions en 2012, pour 14 millions d'euros de pertes.
L'Etat et Veolia ont validé en juin un plan prévoyant la suppression de plus de 500 postes sur quelque 2.600 personnes.
Un dossier particulièrement difficile
Lire sur ce complexe dossier des transports maritimes, le blog Pericoloso sporgersi dans lequel le journaliste Alain Verdi livre régulièrement de pertinentes analyses.