Deux armateurs prêts à entrer au capital de la SNCM, à la double condition que le différend avec Bruxelles, qui réclame à la compagnie 440 millions d'euros d'aides, soit réglé et que Veolia, actionnaire principal de la compagnie maritime, se retire, affirme l'AFP selon une source proche du dossier.
Selon cette source, affirme l'Agence France Presse le 10 décembre en début de soirée, des armateurs, dont les noms n'ont pas été précisés, "ont
rencontré le président de Veolia, ont rencontré le président de Transdev (actionnaires de la SNCM, ndlr), sont allés voir toutes les instances de l'État".
Ils ont dit être "prêts à mettre de l'argent sur la table (...) à partir du moment où l'État gère son problème avec l'Europe, et où Veolia s'en va", a précisé cette même source, précisant qu'ils pourraient reprendre la part de Veolia afin de "monter leur projet et développer (la SNCM) notamment sur le Maghreb".
La SNCM, qui compte 2.600 salariés, a récemment été condamnée par la Commission européenne à rembourser 440 millions d'aides liées à sa privatisation en 2005 et à la délégation de service public (DSP) de desserte de la Corse entre 2007 et 2013.
Par ailleurs, toujours selon cette source proche du dossier, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et la ville de Marseille envisagent "d'étudier le dossier", si les deux mêmes conditions, de règlement du différend avec l'Europe et de retrait de Veolia, sont réunies.
Les deux collectivités ont des "intérêts régionaux qui sont fondamentaux parce que ça fait vivre l'économie de Marseille, l'économie du port, etc.", a ajouté
cette source, indiquant qu'elles "ne vont pas devenir actionnaires majoritaires, elles n'ont pas vocation à faire ça, mais cette compagnie peut être bi-régionale, il peut y avoir un petit bout de la Corse, un petit bout de PACA, et un investisseur industriel".
Joint par l'AFP, le président du conseil général, Jean-Noël Guérini, s'est dit "prêt à participer au capital de la SNCM, moteur économique du port de Marseille, mais rien n'est décidé, c'est une réflexion qui est engagée". "Je demande que les autres collectivités territoriales fassent la même chose", a-t-il ajouté, se disant en revanche opposé à "une société régionale".
De son côté, la mairie assure "ne pas être au courant" du projet. "S'il s'agit d'un tour de table pour participer aux discussions, volontiers, mais ce n'est pas
aux collectivités territoriales de participer financièrement à ce genre d'opérations", estime le premier adjoint Roland Blum.
Le géant mondial de l'eau et des déchets devait au plus tard le 31 octobre sceller avec la Caisse des dépôts un accord sur le désengagement de Veolia de leur coentreprise de transport collectif Transdev.
Cet accord prévoyait le transfert à Veolia des 66% de la SNCM détenus par Transdev, ce qui aurait fait de Veolia le nouvel actionnaire majoritaire de la compagnie reliant la Corse au continent.
Mais ce plan a été rendu "impossible" parce que -assure l'AFP- les représentants du personnel de la SNCM ont tardé à donner un avis sur l'opération, mais aussi à cause de la situation financière aggravée de la SNCM, qui a été placée en procédure de conciliation judiciaire en octobre à la demande de sa direction.