"L'Etat jette de l'huile sur le feu. Veolia (Transdev), on s'y attendait, mais que les trois représentants de l'Etat soient absents, c'est très grave", a
estimé le représentant CFE-CGC au conseil de surveillance, Pierre Maupoint de Vandeul, en sortant du conseil, reporté faute de quorum.
Un conseil de surveillance de la SNCM sera reconvoqué "prochainement", le 20 janvier selon Gérard Couturier, après l'annulation de celui programmé ce vendredi 20 décembre à Marseille, auquel étaient absents l'actionnaire majoritaire, Transdev, et l'Etat, également actionnaire.
Le ministère des Transports et Transdev -- coentreprise de la Caisse des dépôts et de Veolia, et premier actionnaire de la SNCM avec 66% -- avait annoncé cette absence, considérant cette réunion sans objet après le vote mercredi par le conseil d'administration de Transdev d'un prêt de 13 millions d'euros.
"On avait de nombreux autres points à l'ordre du jour, notamment l'avenir du Napoléon-Bonaparte (navire avarié en 2012, Ndlr), ou le budget de 2014 pour le plan de relance", a précisé M. Maupoint de Vandeul.
"On attend également que l'Etat et Transdev nous informent des conclusions du comité de pilotage (qui réunit le gouvernement et les actionnaires, sans les représentants des salariés actionnaires, 9% du capital)", a-t-il ajouté.
Une entreprise viable et des salariés qui soutiennent le plan de la direction
La SNCM fait face à d'importants problèmes de trésorerie -- liés notamment à une saison en berne, à l'avarie du bateau et aux importantes sommes dues en particulier par la Collectivité territoriale de Corse -- et d'actionnariat.Veolia devait récupérer en direct les 66% de l'entreprise. Cet accord n'a pu se réaliser en raison de la double condamnation de la France par la Commission européenne, qui a jugé illégales 440 millions d'euros d'aides publiques et demandé à l'Etat d'en réclamer le remboursement à la SNCM.
Veolia ne voulant pas assumer cette condamnation, elle a donc préféré suspendre cet accord et cherche à se désengager de la compagnie.
Jeudi les salariés marins de la SNCM ont approuvé le projet d'accord social inclus dans le plan de relance de la direction.
"Cette entreprise a un plan et elle est viable, les salariés sont derrière elle et font des efforts conséquents", a plaidé vendredi sur RTL le président de la
SNCM Marc Dufour, appelant dès lors "les actionnaires, dont l'État, à assumer leurs responsabilités".
Une plainte contre les aides, accordées sans contrôle, à la Corsica Ferries France
Par ailleurs, la CGT-marins (majoritaire) a annoncé ce vendredi 20 décembre avoir déposé plainte auprès de la Commission européenne, "pour aide d'Etat illégale aboutissant à des pratiques anticoncurrentielles", en référence à des aides bénéficiant essentiellement à Corsica Ferries France, compagnie maritime privée franco- helvetico- italienne.Cette plainte a été transmise vendredi 20 décembre par courrier à la Commission européenne, a indiqué l'avocate du syndicat, Me Christine Bonnefoi.
En se fondant sur un rapport de la chambre régionale des Comptes de Corse, la plainte, dont l'AFP a eu copie, avance que cette aide aurait principalement profité à cette compagnie "pour un montant total avoisinant les 180 millions d'euros intérêts non compris".
"Ce mécanisme, au départ légal, mis en place en 2002 puis renouvelé en 2007, a été dévoyé de son objectif initial, au bénéfice d'un versement forfaitaire aux compagnies", a indiqué à l'AFP Me Bonnefoi.
"Cette aide sociale directe" aux passagers vise à l'origine, dans le cadre de "la continuité territoriale" Corse-continent, à soutenir les personnes dépendantes, les personnes en difficulté et les jeunes.
Préavis de grève pour le 1 er janvier à la SNCM et à la Méridionale
Un préavis de grève a été déposé pour le 1er janvier à la SNCM et à la Méridionale, par la CFE-CGC et la CGT-marins.Le syndicat de l'encadrement dénonce dans son texte de préavis, la "défaillance des actionnaires" et "le scénario de la "discontinuité" envisagé "froidement" par Veolia, Transdev et la CDC, tandis que le syndicat majoritaire de la compagnie se focalise sur un décret en préparation au ministère des Transports qui, selon la CGT, organise la "libéralisation" du secteur et constitue du "dumping social au détriment (des) emplois".