Les déclarations du PDG de Veolia, qui a de nouveau défendu jeudi la mise sous "protection" de la SNCM par le tribunal de commerce de Marseille, créent "un impact commercial et social extrêmement préjudiciable", a déploré le 27 février la direction de la compagnie.
La procédure exacte (procédure de sauvegarde, redressement judiciaire...) reste à déterminer mais l'objectif est de "pouvoir travailler sereinement" à l'abri de la double condamnation européenne obligeant la SNCM à rembourser 440 millions d'euros d'aides publiques jugées illicites, a dit Antoine Frérot à l'occasion de la présentation des résultats annuels du groupe.
Gérard Couturier et Marc Dufour réagissent
"Cette position officielle méconnaît et méprise la position de l'Etat actionnaire et du gouvernement", ont réagi dans un communiqué le président du conseil de surveillance, Gérard Couturier, et celui du directoire, Marc Dufour."L'Etat a en effet déclaré qu'il n'entendait pas notifier ces demandes de remboursement à la SNCM et qu'il recherchait d'autres solutions juridiques à la résolution de ce problème".
"Il n'existe donc, à ce jour, aucune raison ni économique, ni juridique, qui pourrait contraindre la direction de l'entreprise - seule compétente - à solliciter la protection du tribunal de commerce de Marseille pour déposer le bilan ou mettre en oeuvre quelques procédures collectives que ce soit", poursuivent les deux dirigeants.
L'Etat, rappellent-ils encore, "a rejeté toute solution qui passerait par une procédure collective pour la SNCM et a confirmé la nécessité de poursuivre la mise en oeuvre" du plan de redressement qui prévoit notamment la commande de nouveaux navires.
Une commande qui est toutefois au point mort, après le rejet, mardi, par le conseil de surveillance de l'ouverture de négociations exclusives avec les chantiers navals STX, Transdev ayant voté contre et l'Etat s'étant abstenu.
Un nouveau conseil est prévu le 7 mars.
La SNCM, groupe de 2.600 salariés aux difficultés chroniques, est détenue par l'Etat à 25%, les actionnaires salariés à 9% et Transdev (filiale commune de Veolia et de la Caisse des dépôts) à 66%.
Un crime économique dénonce le syndicat CFE-CGC
"Le passage en procédure collective appelée par les ennemis de la SNCM et ses actionnaires défaillants serait un crime économique, social et financier, dévastateur pour les territoires Corse et Provence-Alpes-Côte d'Azur", a estimé la CFE-CGC dans un communiqué. Selon le syndicat de l'encadrement, c'est en outre "un scandale politique majeur après les engagements pris" par le gouvernement et le président de la République en janvier.La CFE-CGC demande que "les conditions de sortie de Veolia et de Transdev, actionnaires hostiles et défaillants", soient "négociées immédiatement".