Le principal actionnaire de la SNCM, Transdev, a repris en main mercredi 28 mai la compagnie maritime en obtenant la nomination à sa tête de son candidat, Olivier Diehl, au grand dam des syndicats, qui y voient les prémices d'un démantèlement et promettent des "actions dans les prochains jours".
Le comité d'accueil préparé mercredi par les quelque 200 salariés et sous-traitants, qui ont bruyamment manifesté leur rancoeur lors du conseil de surveillance à coups d'insultes, invectives et fumigènes, visant les représentants de l'Etat et de Transdev, laisse présager de la tempête social qui s'annonce sur le port de Marseille.
Transdev a de nouveau fixé à Olivier Diehl, chef d'entreprise de 58 ans, la mission de "dresser un état des lieux lucide de la situation de la compagnie, et, en lien avec les actionnaires, identifier les solutions permettant de résoudre les difficultés nées d'une exploitation chroniquement déficitaire et des demandes de remboursement de l'Union Européenne (440 millions d'euros de subventions jugées illégales par Bruxelles, NDLR)".
Ce travail "devra être conduit avec le souci de préserver le maximum d'activités et d'emplois", précise Transdev.
Les syndicats de salariés lisent pour leur part dans cette élection un nouveau reniement de la part du gouvernement, après l'éviction de la précédente direction lors du dernier conseil de surveillance le 12 mai, avec en filigrane la crainte d'un démantèlement.
Transdev n'a en effet jamais caché son souhait de se retirer de la SNCM, elle aurait déjà entamé des négociations avec l'armateur Daniel Berrebi, dirigeant de la société américaine Baja Ferries, selon les dires de ce dernier.
Pour le représentant CFE-CGC des salariés au conseil de surveillance, Pierre Maupoint de Vandeul, l'Etat "donne totalement la main à Transdev". "De manière très officielle dans l'ensemble des longs débats du jour, l'Etat confirme l'abandon du plan industriel", a-t-il analysé.
Il accuse de plus Transdev et l'Etat d'avoir organisé "une campagne de diabolisation de la SNCM" et de ses 2600 salariés, afin de "ne pas porter la responsabilité du démantèlement" de la compagnie.Même tonalité chez la CGT : "A mon sens, il n'y a que le rapport de force et la grève qu'est capable d'entendre ce gouvernement, comme d'ailleurs les précédents", selon son délégué Frédéric Alpozzo, qui a promis, à la sortie du conseil, "des actions et des mobilisations dans les prochains jours".
Frédéric Alpozzo n'a pas confirmé le dépôt d'un préavis de grève pour le 24 juin, jour de l'assemblée générale de la SNCM sans toutefois écarter cette possibilité.