La direction de La Poste ajaccienne pensait avoir remporté une victoire en obtenant le déblocage du centre de tri du Vittulo. Mais une semaine et demie plus tard, le courrier continue de s'entasser à l'intérieur. Et après un nouveau communiqué de la direction, le conflit menace de s'embraser.
Et si le conflit de La Poste était encore –très- loin d’être réglé ? Jeudi 17 juillet, la direction régionale de La Poste se félicitait de la décision de justice prise par le tribunal de grande instance d’Ajaccio. En interdisant aux facteurs grévistes d’empêcher les non-grévistes de travailler, elle allait permettre, assurait-on, de reprendre la distribution du courrier dans les plus brefs délais.
Mais une semaine et demie plus tard, le courrier n’arrive toujours pas dans toutes les boites aux lettres des usagers ajacciens. Ou épisodiquement. La direction régionale s’en défend et précise que près des deux-tiers du courrier en souffrance – un million et demi de plis au plus fort de la crise- ont bien été distribués.
Au Vittulo, le courrier s'accumulerait toujours
Des photos que nous avons réussi à nous procurer semblent pourtant prouver le contraire. A l’intérieur du site du Vittulo, les plis en attente s'entassent toujours. Comme si l’emploi de facteurs en CDD, et le travail de la dizaine de salariés non grévistes ne suffisait pas à compenser l’absence des soixante facteurs en grève.
Jean-Bernard Poli, délégué CGT au centre de distribution l’assure : "pour être monté ces derniers jours dans le Vittulo, je peux vous dire que le courrier continue à s’accumuler là dedans. Ca monte. Les caissettes montent jusqu’au plafond. Et quoi qu’ils [la direction, ndlr] puissent en dire à la population, ca ne bouge pas."
Un communiqué explosif de la direction
Et la situation pourrait encore s’envenimer un peu plus. Jeudi, la direction de La Poste a publié un communiqué explosif, où elle donne aux "cinquante grévistes" d’Ajaccio "toute liberté de se tourner vers une activité qui leur conviendrait mieux." Autant dire une déclaration de guerre à l’encontre des salariés en grève depuis deux mois pour défendre leurs conditions de travail.
Communiqué de la direction de La Poste
"Ca me choque" explique, écœurée, Valérie Bernard-Carré, salariée en grève. "On essaye de défendre nos conditions de travail, on ne demande pas d’augmentations de salaires, on ne demande rien qui soit irréaliste… On demande juste de conserver des emplois et on est là à nous dire : «puisque vous voulez conserver des emplois, démissionnez parce que ce n’est pas possible.»"
Très énervé lui aussi, Jean-Bernard Poli interroge : "C’est ça le dialogue social à La Poste ? Il faut en arriver là ? Démissionner ?" Avant d’ajouter : "Moi je demande que le directeur régional de La Poste, lui, démissionne puisque de toute façon le 1er septembre, il ne sera en plus en Corse."
Les regards se tournent vers Arnaud Montebourg
Lundi prochain, un nouveau tour de table est prévu pour relancer les négociations entre les grévistes et la direction régionale de La Poste et éviter l’enlisement d’un conflit qui dure depuis 9 semaines. Mais les regards se tournent désormais, vers le ministre de l’économie Arnaud Montebourg. Lors de sa visite en Corse, Marylise Lebranchu avait promis l’arrivée imminente du dossier du Vittulo sur le bureau du ministre.
Pour l’instant, personne n’a encore répondu à Bercy. Et ce n’est pas un problème de courrier.