Cinq ans après l'assassinat à Ajaccio de Noël Andreani, proche d'Alain Orsoni et d'Antoine Nivaggioni, un homme comparait depuis lundi matin devant les Assises d'Aix en Provence. Jean Bernard Leca, 41 ans est accusé d'avoir participé à ce crime. Une participation qu'il a toujours niée.
Jean-Bernard Leca, 41 ans, s'est déclaré lundi "victime d'une injustice" devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône qui le juge pour l'assassinat, le 26 juin 2009 à Ajaccio, de Noël Andreani. Noël Andreani, selon l'accusation, a été abattu dans le cadre d'une guerre de clans meurtrière en Corse, en raison de sa proximité avec l'ex-dirigeant nationaliste Alain Orsoni et d'Antoine Nivaggioni.
Témoins
A la barre des témoins, les enquêteurs ont rappelé la série de règlements de comptes ayant opposé en 2008 et 2009 deux bandes rivales ajacciennes, celle du Petit Bar, composée de "jeunes malfaiteurs spécialisés dans les extorsions de fonds et le trafic de stupéfiants " et "l'équipe très influente dans la vie économique corse des ex du Mouvement pour l'autodétermination" (MPA d'Alain Orsoni), vitrine légale du FLNC Canal habituel jusqu'à sa dissolution en 1997. A l'époque directeur régional de la police judiciaire d'Ajaccio, le contrôleur général Eric Arella a décrit cet assassinat comme un acte d'hostilité commis gratuitement pour toucher Alain Orsoni et Antoine Nivaggioni", l'un actuel dirigeant de l'Athletic Club ajaccien et l'autre patron d'une société de sécurité assassiné le 18 octobre 2010. "Noël Andreani est la première victime dans le camp des ex-MPA, action commise en représailles de la tentative d'assassinat perpétrée quatre jours auparavant contre Francis Castola, représentant principal de la bande du Petit Bar", a expliqué Eric Arella.
Riposte
L'assassinat de Noël Andreani, commis par un homme seul avec un fusil de chasse, apparaît comme une riposte alors que la bande du Petit Bar a connu cinq assassinats dans ses rangs au cours du premier semestre 2009. La victime, nationaliste modéré au sein de la mouvance autonomiste, n'était membre d'aucune bande.
Selon les policiers, la mort accidentelle, en novembre 2006, du parrain corse Jean-Gé Colonna serait à l'origine de cette "guerre de territoires sur des intérêts économiques dans la région ajaccienne", se traduisant par "la recrudescence des actions violentes": environ 45 règlements de comptes pour les années 2008 à 2010, autant que sur la période allant de 2000 à 2007.
Radicalisation
Jean-Bernard Leca a été interpellé le 19 août 2009, au bout de la route des Sanguinaires à Ajaccio, endormi et ivre, en possession de deux armes
et d'une grenade, à 200 m du domicile de Francis Pantalacci, autre proche du MPA. Pour ces faits d'association de malfaiteurs en vue de commettre un assassinat, il a été condamné à six ans de prison. Plusieurs proches de Jean-Bernard Leca que les enquêteurs situent "clairement dans la mouvance du Petit Bar" ont rapporté qu'il s'était vanté d'être "monté sur l'assassinat de Noël Andreani". Selon sa maîtresse, l'accusé lui avait avoué, le 26 juin 2009 quelques heures après les faits, être "resté en poste durant quatre jours", un terme de chasseur signifiant être à l'affût pour tuer. Selon son entourage, il s'était armé et protégé après l'exécution de Nicolas Salini, un de ses amis, certains parlant d'une "radicalisation". L'accusé a qualifié les témoignages à charge de ses proches qui se sont rétractés par la suite, de "déclarations branlantes" et s'est déclaré innocent. "Tout cela, a-t-il dit, est fondé sur une construction intellectuelle de la Jirs (Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille) qui essaie à tout prix de résoudre les affaires corses." Eric Arella s'est dit "absolument convaincu que le contexte est vraiment déterminant dans l'action criminelle commise sur Noël Andreani" et convaincu aussi de la responsabilité de Jean-Bernard Leca.
Le verdict est attendu vendredi.
Compte rendu d'audience Marie Françoise Stefani/Stephane Agostini :
Me Paul Sollacaro
Avocat de la Partie Civile
Me Marc-Antoine Luca
Avocat de Jean- Bernard Leca