Jean-Bernard Leca, 41 ans, comparaît depuis lundi à Aix-en-Provence pour l'assassinat en juin 2009 de Noël Andreani, abattu selon l'accusation en raison de sa proximité avec l'ex-dirigeant nationaliste Alain Orsoni dans le cadre d'une guerre de clans meurtrière.
Assassinat sur fond de guerre des clans
Noël Andreani, 58 ans, avait été tué le matin du 26 juin 2009, alors qu'il venait de quitter son domicile. Circulant à scooter, il avait été renversé par une voiture, dont le conducteur et unique occupant était sorti pour l'abattre de cinq coups de fusil de chasse --dont un dernier coup de grâce dans la tête.Le tireur avait ensuite pris la fuite à bord d'une voiture volée, retrouvée incendiée dans un quartier proche des lieux de l'assassinat.
Se fondant notamment sur des témoignages -- qui ont depuis lors fait l'objet de rétractation -- et sur un renseignement anonyme parvenu à la police judiciaire d'Ajaccio, les enquêteurs orientaient leurs recherches vers Jean-Bernard Leca.
Selon ce renseignement anonyme, l'assassinat aurait été commandité par Francis Castola, de la "Bande du Petit Bar", en représailles contre le clan Orsoni.
Me Anna-Maria Sollacaro, avocate de la Partie Civile; EQUIPE: Me Pierre Caviglioli, avocat de Jean-Bernard Leca. Marie-Françoise Stefani, Stéphane Agostini
Alain Orsoni était proche de Noël Andreani, avec qui il avait notamment partagé des responsabilités dans l'AC Ajaccio, un des deux clubs de football de la ville. Andreani était également un proche d'Antoine Nivaggioni, qui sera lui-même assassiné le 18 octobre 2010.
Selon l'accusation, l'assassinat de Noël Andreani était un acte de représailles à l'encontre d'Orsoni et Nivaggioni, auxquels étaient attribués par leurs rivaux quatre assassinats dans la région d'Ajaccio depuis le début de l'année 2009.
Alain Orsoni lui-même a reconnu devant les enquêteurs, sans donner d'informations précises, que l'assassinat de Noël Andreani devait être liée à cette série d'assassinats et à la volonté de le viser indirectement.
Interpellé à Ajaccio, ivre et endormi
Jean-Bernard Leca, qui n'a jamais reconnu les faits qui lui sont reprochés, s'était, toujours selon l'accusation, radicalisé après la mort d'un de ces hommes, son ami Nicolas Salini, assassiné en avril 2009 avec un autre homme dans la banlieue d'Ajaccio dans ce contexte de règlements de comptes.En août 2009, il avait été interpellé à Ajaccio, ivre et endormi, alors qu'il faisait apparemment le guet, revêtu d'une cagoule et d'un gilet pare-balles, et portant deux armes de poing et une grenade.
Son procès devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône doit durer jusqu'à vendredi. Déjà condamné en 2006 pour escroquerie en bande organisée, infraction à la législation sur les cartes de paiement et recel, il encourt la réclusion à perpétuité.
Depuis cette affaire, d'autres règlements de comptes ont eu lieu en Corse, dont l'assassinat en juillet 2012 d'Yves Manunta --considéré comme une réplique à celui d'Antoine Nivaggioni--, puis celui de l'avocat Antoine Sollacaro en octobre, qui avait notamment défendu Alain Orsoni ou les fils d'un proche de Novaggioni, soupçonnés du meurtre de Manunta.