Ce lundi, devant la cour d'assises spéciale de Paris, douze ans de prison ont été requis contre Pierre-Thomas Fili, militant nationaliste corse accusé d'un attentat à la voiture piégée contre la gendarmerie de Vescovato, en Haute-Corse, en 2009 et de deux autres tentatives d'attentat à l'explosif.
Pierre-Thomas Fili, 29 ans, est poursuivi pour un attentat à la voiture piégée, commis en juillet 2009 contre la brigade de gendarmerie de Vescovato, en Haute-Corse, qui avait fait des dégâts matériels, une tentative d'attentat contre la délégation militaire départementale de Bastia en novembre 2008 et une autre contre le véhicule personnel d'un policier de la brigade anti-terroriste de la police judiciaire de Bastia en novembre 2009.
Les deux engins explosifs avaient fait long feu dans ces deux tentatives.
Le jeune homme, dont l'ADN a été retrouvé sur du scotch ou papier absorbant ayant servi à confectionner les trois engins explosifs, nie toute implication, assurant qu'étant électricien, son matériel a pu être trouvé ou volé par les auteurs.
Les actions contre la gendarmerie et la délégation militaire avaient été revendiqués par un mouvement, le FLNC-Unifié. Pierre-Thomas Fili, qui reconnait un engagement dans le mouvement nationaliste U Rinovu, s'est dit totalement opposé à la violence et aux attentats. Les enquêteurs avaient été mis sur la piste de son groupe dans ces attentats par une lettre anonyme.
Rien n'a pu être retenu contre d'autres personnes interpellées, une ayant été mise en examen avant de bénéficier d'un non-lieu.
L'accusé nie les faits
L'avocat général Philippe Courroye a balayé la défense du jeune homme, qui "ne tient évidemment pas la route". "Son ADN a été retrouvé dans trois attentats, dans des lieux différents, à plus de douze mois d'intervalle. Evidemment qu'il a participé". Il a insisté sur la "gravité des faits", relevant notamment que "sur 10.000 attentats depuis la création du FLNC (Front de libération nationale corse) en 1976 il n'y en a eu que 13 à la voiture piégée" et estimant "miraculeux" qu'il n'y ait pas eu de victimes, alors que l'accusé a selon lui "eu l'intention ou pris le risque de tuer ou blesser".
Il a dressé le portrait d'un jeune embarqué "dans un itinéraire classique de dérive nationaliste radicale", au fil de "rencontres avec des gens qui savent manipuler avec un discours bien construit et un certain charisme". En l'occurrence notamment un oncle et un cousin de l'accusé, dont il était devenu proche à son retour seul en Corse en classe de terminale, alors que ses parents étaient installés à Lyon pour raisons professionnelles.
Cette dérive a conduit à "une atteinte inadmissible à la société française tout entière", a lancé l'avocat général, demandant à la cour, composée uniquement de magistrats professionnels comme c'est possible en matière de terrorisme, "une réponse ferme et inébranlable".
La défense devait plaider dans l'après-midi, puis l'accusé avoir le dernier mot mardi matin avant les délibérations et le verdict.