Créée en 1931, la Méridionale, spécialisée dans le fret est adossée au groupe STEF. Avec 440 employés et 3 cargos mixtes qui naviguent entre Corse et Continent, la CMN est un partenaire historique de la SNCM. Son nom est au coeur des scénarios possibles pour un éventuel après SNCM...
Spécialisé dans le fret, l'armateur privé, adossé à un très grand groupe européen de transport, la STEF, affiche une bonne santé économique qui tranche avec les déboires de la compagnie SNCM, en redressement judiciaire.
Partenaire, petite sœur, concurrente, la Méridionale pourrait aussi être une partie de la solution du problème SNCM.
Une bonne santé affichée
C'est en 1931 que la Compagnie Méridionale de Navigation, créée par les frères Rastit, a commencé à fournir la Corse en marchandises. Elle a débuté ses rotations 6 ans plus tard vers la Corse.Son coeur de métier a toujours été le fret.
Et c'est ce qui l'a conduit, à partir de 1976, à partager le service public maritime avec la SNCM.
Depuis l'origine, les deux compagnies sont donc complémentaires.
Et si depuis 1988, les cargos transportent aussi des passagers, l'activité reste marginale :
La CMN, ce sont 250 000 voyageurs par an, 7% du marché passagers Corse-Continent. Elle assure 35% du fret, le reste des marchandises passe très largement par la SNCM.
Et pourtant des différences, il y en a, à commencer par leur situation économique respective.
La Méridionale affiche un résultat opérationnel en nette hausse. De 2013 à 2014, il est passé de 1,7 à 5 millions d'euros.
Intégrée en 1992 au groupe STEF, l'entreprise appartient désormais totalement à ce florissant spécialiste du transport en Europe, une des clés de sa réussite.
« Vous avez d’un côté une compagnie gérée par un grand groupe qui a une position dominante sur son marché et un passé maritime très ancien, et de l’autre une société issue des circonvolutions de l’Etat par rapport à la desserte de la Corse depuis 30 ou 40 ans » explique Patrice Salini, économiste des transports.
Les retombées économiques de la CMN sont estimées à 85 millions d'euros dans les Bouches du Rhône, 62 millions pour la Corse.
La solution à l'après SNCM ?
Pour faire tourner ses trois cargos mixtes, le transporteur emploie 440 personnes en Corse et sur le continent.
Son chiffre d'affaires est de 108 millions d'euros dont un tiers au titre de la délégation de service public.
Une DSP dont la Méridionale a su tirer profit, mais cet argent a ses contreparties, et notamment, le contrat de la DSP prévoit qu'en cas de défaillance de l'un des co-délégataires, l'autre hérite du marché.
La commission européenne l'a rappelé début mai à la Méridionale, émet l'hypothèse d'une "subdélégation", en clair, un nouveau contrat liant l'armateur privé au repreneur des actifs de la SNCM.
Dans les Echos, le PDG de la CMN ne rejette pas cette option mais précise : "On ne nous imposera pas un partenaire, ni ses conditions ".
Marc Reverchon évoque aussi la possibilité de travailler avec d'autres... Peut-être la Corsica Ferries, avec laquelle un rapprochement s'était opéré en 2006...
Pour cette enquête, La Méridionale a refusé de répondre à nos questions.
>> La Méridionale : Portrait d'une compagnie au coeur du jeu, Emilie Arraudeau et Christian Giugliano
Pierre-André Giovannini, directeur régional de la SNCM// Jean Marie Maurizi, Président du syndicat des transporteurs de la Corse// Patrice Salini, économiste des transports// Cyril Venouil, délégué STC à la Méridionale