"On m'a fabriqué un personnage, on a fait de moi une espèce de bandit que je ne suis pas" : Guy Orsoni a contesté jeudi, devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, avoir pris part à l'assassinat de Sabri Brahimi, le 29 janvier 2009 à Ajaccio.
"Non je n'ai pas assassiné Sabri Brahimi", a-t-il répondu à son avocat Me Martin Reynaud, le premier à lui poser clairement la question.
Evoquant la présence aux côtés de la victime au moment des tirs, de deux de ses amies, Guy Orsoni s'est emporté: "Je suis un monstre si je fais ça ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Il y a la femme de mon amie, elle est enceinte de ma filleule. Et on m'accuse d'avoir tué ce type au risque de la tuer ?!"
A l'heure de cette exécution en plein coeur d'Ajaccio, Guy Orsoni affirme qu'il était chez le coiffeur. Il quittait la Corse le lendemain pour Marseille et, quelques jours plus tard s'envolait avec plusieurs de ses coaccusés en République Dominicaine. Une fuite précipitée, suggère l'avocat général Pierre Cortes.
L'accusé justifie ce voyage par les tarifs alléchants d'un site Internet pour se livrer au surf son sport favori.
Interrogé sur sa rencontre le 4 février à l'aéroport Marseille-Provence avec son père Alain Orsoni - qui ne restera sur le continent qu'une heure - Guy Orsoni dément qu'il s'agissait d'évoquer entre eux des "choses gravissimes". "ça c'est une théorie policière", a lancé le jeune accusé.
"On m'a fabriqué un personnage en deux ans de cavale et quatre ans de prison, a-t-il ajouté. Au début on parlait du fils d'Alain Orsoni, au fur à mesure, on a fait de moi une espèce de bandit que je ne suis pas".
Rétractation
La cour d'assises a longuement questionné Franck Tarpinian, un ami marseillais de Guy Orsoni dont les dépositions en garde à vue forment une pièce maîtresse de l'accusation. Il avait décrit les préparatifs d'une action illégale.Dans une version désormais rétractée, Franck Tarpinian assurait que, quelques jours avant l'assassinat de Sabri Brahimi, Guy Orsoni lui avait demandé de venir en Corse pour "secouer quelqu'un".
Il décrivait un passage clandestin sur un ferry en compagnie d'autres accusés, un regroupement à Ajaccio dans un appartement appartenant à une tante de Guy Orsoni. Il assurait s'être désisté ayant appris qu'il s'agissait en fait d'incendier une paillote. Franck Tarpinian a livré aux enquêteurs une description précise de l'appartement.
Le jeune homme évoque des pressions policières alors qu'il avait à l'époque "la tête à l'envers". Il assure désormais s'être rendu en Corse pour remettre une enveloppe à un proche de Françis Mariani, un baron de la Brise de Mer avec lequel il avait sympathisé en détention quelques années plus tôt.
"Les policiers m'ont dit : +Dis que tu étais dans l'appartement ! Dis-le ! On a tout sur eux+. Ils étaient sur un scénario", a-t-il assuré, expliquant qu'il n'a fait que "suivre le fil" de ce que les policiers voulaient entendre. Ces déclarations initiales avaient été confirmées devant le juge d'instruction.
Franck Tarpinian justifie sa connaissance des plans et de l'aménagement de l'appartement d'où, selon l'accusation, serait parti le commando, par le fait que Guy Orsoni le lui avait décrit. "Cette version vous convient mieux", a dit l'avocat général à Guy Orsoni qui avait "annoncé les déclarations de Franck Tarpinian".
"Bienheureux celui qui peut dire quand M. Tarpinian dit la vérité. L'explication d'aujourd'hui n'est pas celle d'hier. Sera-t-elle celle de demain ? Il y a des preuves, des éléments objectifs qui prouvent qu'il a menti", a objecté Guy Orsoni.
La cour d'assises devrait ouvrir la semaine prochaine le troisième et dernier chapitre de ce procès fleuve dont le verdict est attendu dans les premiers jours de juillet.
Les jurés examineront la tentative d'assassinat dont Francis Castola avait fait l'objet sur une route de Corse du Sud le 22 juin 2009. Un premier coup de filet policier avait eu lieu le 4 juin 2009, dans le cadre de l'assassinat de Thierry Castola, frère de Francis, le 3 janvier 2009.