Mardi 15 octobre, un homme et une femme ont comparu devant le tribunal correctionnel de Bastia pour blanchiment et recel après la découverte, en 2020, de plus de 750 000 euros dans la villa d'un ancien baron du gang de la Brise de mer, décédé onze ans auparavant. L'argent était dissimulé dans une cache. Le jugement a été mis en délibéré.
L'ombre du père, Pierre-Marie Santucci, "éminent membre de la Brise de mer" selon les mots du président du tribunal de Bastia, plane sur cette affaire.
C'est d'ailleurs par lui que tout commence, avec la perquisition en novembre 2020 de la villa qu'il occupait jusqu'à son assassinat en février 2009 à Vescovato. Depuis, cette maison, située à Sorbo-Ocagnano, était occupée par sa fille.
Au départ, les enquêteurs cherchent une arme qui aurait servi dans un crime en 2008. À part deux fusils de chasse, ils n'en retrouveront aucune autre.
Mais les enquêteurs sont aussi équipés d'outils de recherche scientifique avec lesquels ils trouvent une cache. Celle-ci est dissimulée au fond d'un meuble, derrière une plaque aimantée et une porte coulissante.
À l’intérieur, ils y découvrent des enveloppes contenant des grosses coupures. Le total s'élève à 754 800 euros.
"Gains au poker"
D'abord, les enquêteurs pensent à l'argent du père. La fille et son compagnon, présents lors de la perquisition, sont placés en garde à vue.
Cependant, l'un comme l'autre livrent une tout autre version des faits et affirment qu'il s'agit de gains de jeu. Car le compagnon est un joueur de poker reconnu dans le milieu des casinos et des tournois pour être un gros gagnant.
En 2016, il a d'ailleurs fait l'objet d'un redressement fiscal pour une somme de 600 000 euros.
Le compte rendu d'audience de Maïa Graziani et Valentin Boulay :
À la barre, l'ancien joueur de carte revendique ces fonds. Il explique qu'il les gardait chez sa compagne car c'était son point de chute entre les tournois et qu'ils avaient un projet immobilier ensemble dont ils pensaient financer les travaux en espèces.
Les deux prévenus sont d'ailleurs renvoyés devant le tribunal pour blanchiment, recel et travail dissimulé pour des faits ayant eu lieu entre 2013 et 2020. On leur reproche donc de ne pas avoir déclaré ces gains.
18 mois de prison avec sursis requis
Le procureur a requis dix-huit mois de prison avec sursis contre chacun d'entre eux, ainsi que des amendes : 100 000 € pour l'homme, 50 000 € pour sa conjointe, ainsi que la confiscation des sommes.
Les avocats de la défense, de leur côté, considèrent que "le but de ce genre de dossier est de leur prendre l'argent, qu'il n'y a pas de blanchiment au sens de la loi". Ils dénoncent un "fantasme autour du nom du père". Ils ont plaidé la relaxe.
Le jugement a été mis en délibéré au 12 novembre prochain.