Ajaccio : au cimetière de Saint-Antoine, les tombes déjà fleuries à la veille de la Toussaint

Des fleurs ou des bougies. Comme chaque année à l'approche de la Toussaint, les Corses sont nombreux à se recueillir sur les tombes de leurs proches. Ce dimanche matin, ils étaient plusieurs dizaines à braver la pluie au cimetière de Saint-Antoine.

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Un bouquet de chrysanthèmes jaunes et roses dans une main, un parapluie dans l'autre, Dumè remonte les allées du cimetière de Saint-Antoine, à Ajaccio. Il pleut à grosses gouttes, ce dimanche 31 octobre matin, et le retraité l'admet, il serait sans doute plus à l'aise à traîner encore dans son lit.

Peu importe, "c'est important pour moi de venir régulièrement auprès de la tombe de mon épouse et celles de mes proches. Surtout en cette période de l'année." Demain, jour de la Toussaint, Dumè reviendra à nouveau fleurir le caveau des siens, accompagné de sa famille, dont son petit-fils, "qui a fait le voyage pour l'occasion depuis le Continent". 

Des retrouvailles qu'il attend avec plaisir, d'autant plus qu'elles seront suivies d'un "bon repas", avec notamment la dégustation de bastelle préparés par ses enfants. Mais aujourd'hui, il préfère garder ces instants de recueillement pour lui. Une manière de se retrouver seul avec ceux qui ne l'ont jamais vraiment quitté, et pouvoir leur parler dans l'intimité.

Délicatement, le septuagénaire dépose la composition florale juste à côté des plaques funéraires. La sépulture paraît flambant neuve. "J'en prends très soin. Ça me ferait trop mal de venir et de voir de la poussière et des débris de partout."

Devoir de mémoire

Deux allées plus bas, Marion est venue avec ses deux enfants nettoyer la tombe de ses parents. "On reviendra demain, bien sûr, mais c'était l'occasion de vérifier que tout est bien en place et remplacer les pots de fleurs abîmés."

Derrière elle, les deux adolescents attendent patiemment de repartir, les têtes encapuchées et les mains dans les poches. "Ils n'aiment pas trop venir... Mais ils sont encore jeunes, continue-t-elle avec indulgence. Il faut du temps pour prendre conscience de l'importance de ces moments-là. Qu'honorer la mémoire de nos disparus, c'est un devoir."

À l'entrée du cimetière, Françoise Andarelli observe elle à l'abri du mauvais temps le bal des départs et arrivées. Installée derrière un petit stand, elle vend depuis des décennies des fleurs et des bougies.

Des cierges en cire, et depuis deux ans d'autres électriques, plus durables, mais néanmoins "moins naturels". Et le commerce fonctionne plutôt bien malgré la pluie : "Les Corses sont très croyants et aiment bien que leurs morts soient illuminés", analyse-t-elle.

Respect des lieux et des défunts

Depuis le début de la matinée, Françoise Andarelli indique avoir vu plusieurs dizaines de personnes franchir les grilles du cimetières. Pour beaucoup, en voiture plutôt qu'à pied. Une décision regrettée par Carmelo Morello : "Je préférerais qu'ils montent à pied par respect pour nos défunts. Marcher, c'est aussi une façon de montrer son respect pour les lieux."

Lui est venu visiter le caveau familial avec son épouse, Marie. "Il y a mon père, ma mère, et mon neveu. Je viens souvent les voir au cours de l'année, pour avoir un souvenir pour eux. Mais le 1er novembre, c'est un point de plus, une occasion de plus de venir voir nos défunts, et cette tombe où l'on finira un jour, nous aussi."

Le cimetière de Saint-Antoine compte un peu plus de 3000 concessions. Comme celles des familles de Dumè, de Marion, ou de Carmelo, beaucoup étaient couvertes de fleurs, ce dimanche. Preuve en est, sans doute, que le devoir de commémoration des défunts conserve une place essentielle dans la société insulaire.

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