Depuis ce matin, dans toute la Corse, malgré la pluie, les insulaires prennent le chemin des cimetières pour fleurir les tombes de leurs proches. Si, aujourd'hui, la célébration dure plusieurs jours, Toussaint et Jour des Morts sont pourtant deux moments bien distincts.
La Toussaint est, au-delà de la célébration religieuse, l'un des moments forts de la vie insulaire. Et cette année, la Toussaint tombe un lundi. Le long week-end laissera plus de temps pour honorer comme il se doit les défunts. Celles et ceux qui habitent loin du cimetière où reposent leurs proches pourront s'y rendre plus facilement.
Dès ce dimanche et jusqu'à demain soir, les vendeurs de chrysanthèmes fleurissent sur le bord des routes, dans toute l'île. La salviata bastiaise, les sciacce sartenaises ou le pain des morts bonifacien font leur retour sur les tables insulaires.
Et pourtant...
C'est mardi 2, lorsque tout le monde sera retourné à son quotidien, et que les cimetières retrouveront leur quiétude, qu'il faudrait, normalement, honorer les morts. Car la Toussaint et la fête des morts sont deux célébrations distinctes, que les usages, et les siècles, ont finalement réunies.
De la Toussaint...
La Toussaint n'est pas une fête qui, comme Pâques ou l'Ascension, trouve son origine dans la Bible. C'est au IVème siècle qu'elle voit le jour, au cœur de l'Eglise d'Orient. Elle se déroule, à l'origine,le dimanche qui suit la pentecôte, et est appelé, alors, la Fête des martyrs et de tous les saints.
Au VIIIème siècle, le pape Grégoire III change la date de ce que l'on appelle désormais la Toussaint, pour déplacer la fête au 1er novembre. Les raisons avancées divergent, mais l'une d'elles, le plus souvent retenue, est que Rome voulait faire de l'ombre à une fête païenne celte, Samain, qui se déroulait au même moment, et était populaire en-deçà de la Manche. Cette fête marque le nouvel an celte, mais est également une célébration dédiée aux morts, dans laquelle Halloween puisera son origine.
...Au Jour des Morts
"La Toussaint célèbre tous les saints, connus ou inconnus", rappelle l'Eglise catholique de France sur son site internet. Le jour de la fête des morts, lui, a été créé bien plus tard. Il a été instauré par Odilon, abbé du monastère bénédictin de Cluny, en 998. Et la date du 2 novembre a été choisie parce qu'elle suivait immédiatement la Toussaint. Cette cérémonie était destinée à favoriser le repos des défunts, qui ne sont pas encore arrivés au Paradis, et qui se trouvent toujours au Purgatoire.
C'est donc ce jour-là qui doit normalement être consacré à célébrer la mémoire de ses proches disparus. A entretenir leurs tombes et à les fleurir.
Une proximité propice à la confusion
Si la confusion est aujourd'hui fréquente, dans l'immense partie de la population, c'est pour plusieurs raisons. La première, c'est que la Toussaint est un jour férié, depuis le Concordat de 1801. Et que la fête des morts ne l'est pas. Il est donc bien plus facile de se rendre au cimetière la veille de celle-ci.
La deuxième, c'est que la fête des morts, à l'origine catholique (et non chrétienne, les protestants, par exemple, ne la célébrant pas), a aujourd'hui largement franchi la porte des églises et que même celles et ceux qui ne sont pas croyants sacrifient à la tradition. L'amalgame, pour qui n'est pas familier des significations religieuses, est d'autant plus facile, en raison de la proximité des deux fêtes.