À Lille, depuis 3 ans, une coopérative funéraire propose ses services lors du décès d'un proche. Un service de pompes funèbres avec l'ambition de rendre ce moment plus humain, plus proche des souhaits du défunt et des siens. Une autre forme d'accompagnement de ce temps souvent sensible.
Passé quarante-cinq ans, Séverine Masurel a eu envie d'une nouvelle vie. Elle a choisi l'au-delà. Lors d'une immersion dans une des premières coopératives funéraires en France, à Nantes (Loire Atlantique), elle découvre comment accompagner les familles endeuillées, autrement.
Elle explique : "J'avais besoin de retrouver du sens, des valeurs, du collectif. Avec la coopérative funéraire, nous sommes des pompes funèbres, on s'occupe de toutes les étapes, du transport du défunt (levée de corps) à l'inhumation, la crémation, ainsi que du conseil".
Surtout, elle se souvient de "funérailles vécues lors de mon adolescence qui m'ont révoltée car ne rendant pas hommage au défunt. Des textes et des musiques maintes fois entendus, un cadre posé pour la cérémonie qu'il ne faut pas dépasser, un manque cruel de personnalisation et d'humanité... "
Transparence et personnalisation
Pour Séverine Masurel, il faut "lever le tabou qui entoure la mort". Alors, elle joue la transparence avec ses clients. Elle ne dispose pas de salon de présentation, elle utilise ceux de ses confrères qui ont l'obligation d'accepter. "Nous faisons partie de l'économie sociale et solidaire, nos valeurs c'est l'Humain, avec un grand H, l'accompagnement, le respect des prestataires, de la famille, des souhaits du défunt, ce n'est pas du blabla, c'est notre ADN".
Elle confesse ne pas compter ses heures. Pour elle, le conseil est primordial. Surtout, informer de ce qui est obligatoire ou pas lors d'obsèques. Elle précise : "ce qui est obligatoire, c'est le cercueil, la plaque d'identification et l'urne. Pas le reste. Même pour l'urne, si c'est un vase fermé rapporté d'un voyage, c'est possible... et après le transport du corps est obligatoire par une structure habilitée".
Pour ce qui est des cercueils, elle ne propose que des modèles français, des fabriqués en Aveyron. Ou des cercueils en carton, pour respecter l'environnement.
Tout au long de la préparation de l'enterrement, elle accompagne avec une salariée les familles. "Pour les cérémonies, on fait de la personnalisation plus, plus, plus !" affirme-t-elle. "On est complètement disponibles, on fait des propositions, on souhaite que ce soit un hommage au défunt et pas un truc cadré, les mêmes textes, les mêmes musiques". Elle ajoute "la tristesse elle est là, bien sûr, mais ça fait du bien qu'on parle du proche disparu". Elle incite même les familles à décorer les salons funéraires avec des fleurs ou des objets ayant appartenu à la personne décédée. "Pour apaiser, rendre plus serein, créer une ambiance qui représente qui était le défunt"
Moins cher mais pas low cost
La coopérative est à "lucrativité" limitée. 100% du bénéfice est réinvesti, il n'y a pas d'enrichissement personnel, la structure appartient à ses associés. Si elle est forcément en concurrence avec les sociétés de pompes funèbres classiques, Séverine Masurel ne pense pas être moins chère. Mais elle ajoute : "ce sont les familles qui font baisser la facture. Comme nous n'avons pas de pression de chiffre et de participation sur les ventes, les familles sont plus libres de choisir. Par exemple, le capiton n'est pas obligatoire dans un cercueil. Ça peut être un drap brodé ou une couette du défunt..."
La présidente et conseillère funéraire complète : "Nos tarifs sont au plus juste, tout est clairement détaillé et expliqué pour éviter la moindre surprise. Nous faisons notre possible pour que les familles paient uniquement ce dont elles ont besoin".
Partir dignement
Selon les souhaits des familles ou ceux exprimés par le mort, la cérémonie est travaillée soit avec les équipes religieuses des différentes confessions soit organisée dans des lieux privés. "On passe parfois des heures à concevoir une cérémonie adaptée, qui corresponde au défunt" raconte Séverine Masurel avant d'ajouter : "on prend le temps, on a à cœur que chaque personne parte dignement et accompagnée".
On a à cœur que chaque personne parte dignement et accompagnée.
Séverine Masurel, présidente La Coopérative funéraire de Lille
Une dizaine de coopératives en France
La première coopérative funéraire est née à Nantes en 2016. Aujourd'hui, il y en a une dizaine en France, essentiellement dans les grandes villes : Rennes, Bordeaux, Tulle, Dijon, Caen, Toulouse, Lyon, Nancy...
À Lille, elles sont deux salariées, "c'est un monde encore très masculin" plaisante Séverine Masurel en confiant l'étonnement de certaines familles qui font appel à elles.
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Aux prestations d'accompagnement des défunts et de leurs proches, Séverine Masurel ajoute une dimension d'information, inhérente aux coopératives funéraires. Elle propose des ateliers, conférences, visites de cimetière ou sur le parcours des funérailles mais aussi des cafés mortels... pour parler de la mort autour d'un verre.