Alertes oranges : la Corse au coeur des tempêtes ?

Fabien, Gloria, Hervé, Ciara... En deux mois, l'île a vu passer quatre tempêtes, dont deux d'une intensité exceptionnelle. Une fréquence qui semble inhabituelle, et qui inquiète. Mais est-ce que c'était vraiment mieux avant ?

"Je ne sais pas si vous avez une bonne mémoire, mais ça peut arriver."
Patrick Rebillout s'amuse de notre question.
"Dans les années 90, par exemple, on a fait face à des épisodes très venteux répétés de ce genre."

 


Depuis 24 heures, le chef du centre de Météo-France à Ajaccio est extrêmement sollicité, une fois de plus, par les médias. 
Ciara a déferlé sur la Corse, et tout le monde veut en savoir plus. 
Sur l'évolution de la tempête, mais également sur les raisons pour lesquelles on a l'impression que, toutes les semaines, en ce moment, le ciel se déchaîne. 

  

Plus, ou moins de tempêtes qu'avant ?

Pour lui, il y a une raison.
Toute simple, et scientifique. 
Et ça n'a rien à voir avec le réchauffement climatique, ou, comme le disaient nos grands-mères, "tous ces satellites qu'on envoie dans l'espace"

"C'est la conséquence de ce que l'on appelle l'oscillation arctique. Un phénomène de circulation atmosphérique générale qui organise une piste de tempêtes. Et depuis quelques mois, c'est toujours le même régime de circulation, ce qui fait que les dépressions se succèdent à intervalles réduits. Alors c'est un peu normal que les gens aient l'impression que cela n'arrive pas souvent". 

 

Finalement, l'accumulation de tempêtes, ça arrive, mais pas si souvent que cela.
Ce que confirme volontiers Patrick Rebillout. 

C'est vrai que depuis cinq ans, il y en a beaucoup. Sur cette période, on a fait 17 vigilances orange.

Et il y a plus parlant encore. 
"On classe les tempêtes, à Météo-France, et on a enregistré, en tout, depuis une quarantaine d'années, 219 tempêtes sur l'île. On les a classées par sévérité, et si l'on se penche sur les 20 tempêtes majeures en Corse, on s'aperçoit qu'il y en a eu une en 2017, cinq en 2018 et deux en 2019".  

8 sur 20 au cours des trois dernières années, la statistique est parlante. Mais la seule année 1990, elle, en avait enregistré 6. (A l'époque, le système des alertes n'avait pas encore été mis en place. Il ne sera adopté qu'en 2001)
Ce qui pourrait amener à parler de cycles plus que d'aggravation de la situation. 

 
 

Qui décide d'une alerte ?

Jaune, orange, rouge...
Qui détermine que l'on doit déclencher une alerte, et décide de l'importance à lui donner ?
Selon Patrick Rebillout, la décision est toujours prise par Météo France, et son service central, à Toulouse. Qui a au préalable consulté le centre du sud, basé à Aix-En-Provence, dont l'avis s'appuie sur l'expertise locale.
"On a des seuils d'aide à la décision, qui s'appuient sur l'expérience. Par exemple, la tempête Fabien, en décembre dernier. On sait les conséquences qu'elle a eues, on avait observé et enregistré la force du vent, ça nous a servi à décider, pour les tempêtes suivantes, si l'on devait passer en orange, en rouge, ou si l'on devait rester en jaune". 

 

Mais le système est encore perfectible, et Météo-France travaille sur ce qu'elle appelle une granularité infradépartementale. 
En clair, pour l'heure, la vigilance se met en place au niveau départemental, et l'établissement public voudrait affiner cela, en ciblant plus encore les alertes. 

 
 

Bientôt des alertes plus ciblées

"Pour éviter que les citoyens aient le sentiment que c'est trop fréquent. Par exemple, il y a quelques jours, on savait très bien que c'était la Haute-Corse qui allait être touchée, et la partie orientale de la Corse du Sud. Pour autant, c'est toute l'île qui est en vigilance orange."

Et cela pourrait inciter celles et ceux qui ne voient pas, par leur fenêtre, ce que prévoyait Météo France, d'être moins prudent la prochaine fois...
Alors bientôt, les alertes pourraient concerner des micro régions. 

 
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