Une ordonnance de non-lieu a été rendue par le juge d’instruction chargé de l’enquête sur l’assassinat de Jacques Nacer, en 2012 à Ajaccio. La partie civile a fait appel de la décision.
Près de dix ans après les faits, le magistrat de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille chargé de l’enquête sur l’assassinat de Jacques Nacer a prononcé un non-lieu. Ce qui signifierait la fin de la procédure concernant ce dossier dans lequel aucun suspect n’a été mis en examen.
Selon nos informations, le juge d’instruction ne disposerait pas d’éléments suffisamment probants pour poursuivre les investigations.
Jointe par téléphone ce jeudi 19 mai, la partie civile a annoncé avoir pris la décision de faire appel de ce non-lieu. "Nous pensons que des investigations peuvent être approfondies, explique Me Luc Febbraro, avocat de la famille Nacer. Il y a une piste, mais elle n’a pas été explorée suffisamment. Il y a un contexte que révèlent d’autres dossiers et la conjonction de ces procédures apporte un quelque chose supplémentaire. C’est pourquoi nous pensons qu’il faudrait poursuivre l’instruction."
Tué dans son magasin
Les faits remontent au 14 novembre 2012. Ce jour-là, peu avant 19 heures, Jacques Nacer est tué par balles alors qu’il se trouve dans son magasin situé rue Fesch, à Ajaccio.
Âgé de 49 ans, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse-du-Sud est assassiné par un tueur solitaire, venu et reparti à pied, puis récupéré par un complice à moto. Immédiatement, le parquet d’Ajaccio se dessaisit de l’enquête ouverte pour "assassinat en bande organisée" au profit de la Jirs de Marseille.
Dans une île encore sonnée par le meurtre de l’ex-bâtonnier Antoine Sollacaro un mois auparavant, les autorités semblent - enfin - prendre la mesure de la situation. Le lendemain de l’assassinat de Jacques Nacer, Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, se rend à Ajaccio où une guerre entre bandes rivales sème la mort.
Selon les services d’investigation, celle-ci opposerait la bande criminelle dite du Petit Bar à un groupe constitué autour d’Alain Orsoni, de qui Jacques Nacer et Antoine Sollacaro étaient tous deux proches.
"Un même contexte"
En 2014, les propos du repenti Patrick Giovannoni, présenté comme une ex-petite main du Petit Bar, avait relancé la procédure sur l’assassinat d’Antoine Sollacaro.
"Dans ses déclarations, poursuit Me Febbraro, M. Giovannoni indique clairement que les assassinats du bâtonnier Sollacaro, celui de Jacques Nacer et d’autres épisodes encore s’inscrivent dans un même contexte criminel, à savoir une prise en main par une équipe de malfaiteurs dénommée l’équipe du Petit Bar. Alors, en soi, évidemment et il est juste qu’il en soit ainsi, on ne peut pas asseoir une condamnation sur les seules déclarations d’un collaborateur de justice. Mais le contexte et les indications qui sont données méritent, me semble-t-il, davantage d’exploration. Peut-être que ça ne donnera rien, mais j’ai la faiblesse aussi de croire que les affaires qui sont évoquées se déroulent dans un même contexte et que les procédures peuvent s’éclairer les unes des autres."
Pour rappel, comme ils peuvent parfois le faire, les magistrats de la Jirs n'avaient pas estimé nécessaire de verser la procédure relative à l'assassinat d'Antoine Sollacaro à celle de Jacques Nacer.
Lors de sa venue en Corse juste après l’assassinat de ce dernier, Manuel Valls avait promis des résultats. Près de dix ans après les faits, l’histoire semble bégayer. Alors que les personnes mises en cause pour l’assassinat d’Antoine Sollacaro ne sont pas encore jugées, le meurtre du président de la Chambre de commerce de Corse-du-Sud pourrait rester non résolu.