Lundi 4 juillet, le tribunal de commerce d'Ajaccio a observé une minute de silence en mémoire de Jean-Christophe Mocchi, tué par balles le 24 juin dernier à Propriano. Le chef d'entreprise était juge consulaire au sein de l'institution depuis quatorze ans.
Dix jours après l'assassinat de Jean-Christophe Mocchi, le tribunal de commerce d'Ajaccio lui a rendu hommage. Le chef d'entreprise proprianais siégeait dans l'institution en tant que juge consulaire depuis 2008.
Ce lundi, sa photo barrée d'un ruban noir a été symboliquement posée à côté du président du tribunal, Frédéric Benetti.
Avant l'audience du jour, ce dernier a lu un texte avant de demander à la salle d'observer une minute de silence.
"Il était de notre devoir de rendre hommage à Jean-Christophe, disparu tragiquement, subitement, sauvagement il y a une dizaine de jours, a confié Frédéric Benetti à notre micro. Il était notre collègue depuis 14 ans. Il était avant tout un ami dévoué, désintéressé avec des qualités intrinsèques extraordinaires Aujourd'hui, le tribunal de commerce subit une très lourde perte."
Hommage du barreau d'Ajaccio
Dans la salle, on notait la présence du procureur de la République d'Ajaccio, du premier président de la cour d'appel, du président du tribunal judiciaire ainsi que de nombreux avocats. Au nom du barreau d'Ajaccio, le bâtonnier Raphaëlle Deconstanza a pris la parole :
"Je pense que la meilleure façon de tous lui rendre hommage, au-delà de l'hommage de ce jour, c'est de poursuivre son œuvre, a déclaré l'avocate. Son œuvre, au-delà de ses qualités professionnelles, on le sait tous, c'était ses qualités humaines. C'était ce respect de l'autre, cette fidélité, cette indulgence envers tous et cette serviabilité. Nous sommes une grande famille judiciaire, nous sommes tous tristes aujourd'hui. À mon sens la meilleure façon de lui rendre un hommage continu, c'est effectivement de le rendre fier de notre famille judiciaire. Pour cela, il nous faut être toujours attentifs aux conflits qui peuvent nous opposer."
"On parlait de tout mais pas de ça"
Tué par balles le 24 juin dernier, Jean-Christophe Mocchi avait été victime d'une tentative d'assassinat en octobre 2021 à Olmeto. Quatre mois auparavant, en juin, son magasin de matériaux de construction situé sur la commune de Sartène avait été incendié. Des impacts de balles avaient également été retrouvés sur la façade de son agence immobilière. Des événements qu'il n'avait pas évoqués avec les membres de l'institution d'après Frédéric Benetti :
"Avec Jean-Christophe, on parlait de tout mais pas de ça, pas de ce qui lui était arrivé parce qu'il était très réservé, souligne le président du tribunal de commerce. C'était quelqu'un de nature joyeuse et empathique qui n'aimait pas se plaindre sur son sort. Cette question-là, il a certainement dû l'évoquer énormément de fois avec la justice. Je ne pense pas que c'était un sujet qu'il voulait évoquer avec nous."
Mise en examen : "une erreur judiciaire" selon la défense
Concernant la tentative d'assassinat dont il avait été victime en octobre dernier, un suspect, Joseph Mocchi, a été mis en examen vendredi 2 juillet. Âgé de 33 ans et cousin de Jean-Christophe Mocchi, ce chef d'entreprise basé à Propriano est inconnu de la justice.
Selon nos informations, un document laissé par la victime aurait conduit les enquêteurs à le suspecter.
"La mise en examen et le placement en détention provisoire de Joseph Mocchi procèdent non seulement d’une injustice mais d’une évidente erreur judiciaire que le temps et l’objectivité se chargeront de réparer, indique son avocat, Maître Emmanuel Molina. Il est regrettable et scandaleux qu’un document incertain, contradictoire et plus que douteux s’agissant de ses conditions d’établissement ait permis l’incarcération d’un innocent malgré l’existence d’éléments matériels objectifs démontrant que Monsieur Mocchi ne peut être l’auteur de la tentative. Tous les recours sont naturellement formés pour que la Justice poursuive son cours à l’abri de la pression, de l’émotion et de l’esprit de facilité qui ne sert jamais la vérité."
Le parquet d'Ajaccio est chargée de l'enquête sur la tentative d'assassinat contre Jean-Christophe Mocchi. Quant à celle sur l'assassinat du 24 juin, elle est désormais pilotée par un magistrat de la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille (Jirs).
Pour l'heure, ces deux dossiers ne font pas l'objet d'une jonction.