Attablé dans un établissement proche de l'église de Propriano, l'entrepreneur de 55 ans a été tué par balles vendredi soir. Fils de l'ancien maire de la ville, Jean-Christophe Mocchi avait déjà été victime d'une tentative d'assassinat en octobre dernier. Un appel à témoins a été lancé par les gendarmes de la Section de recherches de Corse.
La scène s'est déroulée vers 21h15, vendredi 24 juin, dans le centre de Propriano.
Attablé à la terrasse d'un petit café situé non loin de l'église, Jean-Christophe Mocchi a été tué par balles.
Rapidement sur place, les secours ont vainement tenté de ranimer la victime qui se trouvait en arrêt cardio-respiratoire.
Selon les premiers éléments - que l'enquête pour "assassinat" confiée à la Section de recherches de la gendarmerie de Corse devra confirmer -, le tueur aurait agi seul. Il aurait ouvert le feu avec une arme longue dont plusieurs douilles ont été retrouvées au sol.
"Sur place, 8 étuis de balle ont été retrouvés à gauche du bar au coin de la rue, et 3 étuis et une munition de petite taille à droite du bar, indique le procureur de la République d'Ajaccio dans un communiqué. Les étuis étaient des 300 Winchester. La porte vitrée du bar, divisée en deux battants, présentait des impacts de balle."
"La scène de crime attestait de la détermination du ou des tueurs, souligne le procureur de la République. Des impacts de balle étaient retrouvés sur les murs, les chaises et la cheminée du bar. Selon les premiers éléments de l’enquête, au moment des tirs, Jean-Christophe Mocchi était attablé avec le propriétaire de l’établissement et une autre personne. Les témoins présents au moment des faits étaient choqués et ne pourront être entendus que dans les prochaines heures. Ils confirmaient avoir entendu plusieurs détonations, entre 4 et 5."
Déjà victime d'une tentative d'assassinat
Chef d'entreprise très connu dans la région du Sartenais-Valinco, Jean-Christophe Mocchi était âgé de 55 ans.
Fils d'Émile Mocchi, ancien maire de Propriano de 1971 à 2001, il avait fait l'objet d'une tentative d'assassinat le 8 octobre dernier. Alors qu'il circulait à moto pour regagner son domicile, le quinquagénaire avait été blessé par balles au lieu-dit Marinca, sur la commune d'Olmeto.
Touché au bras et à la jambe, il avait été évacué par hélicoptère vers l'hôpital d'Ajaccio en urgence relative, son pronostic vital n'étant pas engagé.
Une enquête pour tentative d'homicide avait été ouverte par le parquet d'Ajaccio et confiée à la section de recherches de la gendarmerie et à la brigade de Sartène.
Son entreprise visée par un incendie il y a un an
Quelques mois avant cette tentative d'assassinat, c'est son entreprise de matériaux de construction - située sur la commune de Sartène - qui avait été la cible d'un incendie criminel.
Le 8 juin 2021, plusieurs mises à feu avaient occasionné de légers dégâts au cours d'une nuit marquée par différents incendies de commerces dans l'île. À cette même période, des impacts d'arme à feu avaient également été retrouvés sur la façade de son agence immobilière à Propriano.
En février 2019, la tour génoise de Micalona, dont Jean-Christophe Mocchi était propriétaire sur la commune d'Olmeto, avait également été la proie des flammes. Là aussi, les enquêteurs de l'époque avaient privilégié la piste criminelle.
Réaction du collectif "Maffia nò, a vita iè"
Après cet assassinat, le collectif "Maffia nò, a vita iè" a réagi via un communiqué :
"Des bourreaux viennent d’appliquer une nouvelle sentence de mort, écrit le collectif antimafia sur son compte Twitter. Un entrepreneur de Prupia a été exécuté. Combien faudra-t-il de mises à mort pour que pouvoir régalien et classe politique insulaire prennent leurs responsabilités dans le combat contre la mafia ? Notre collectif n’aura de cesse d’affirmer que cette lutte est prioritaire car il ne pourra y avoir d’institutions et de réformes vertueuses dans un contexte où des bandes mafieuses font la loi, dans tous les domaines, y compris électoraux parfois. C’est pour alerter toutes les autorités que nous avons demandé des réunions de travail au Préfet de Corse et au Président de l’Exécutif. Nous attendons toujours leur réponse pour leur proposer des actions concrètes afin d’agir au service de la respiration citoyenne de notre île."
Député de la seconde circonscription de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva a également réagi. "Un assassinat de plus, un de trop. La vie doit rester sacrée. Les collusions doivent être minorées", a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Dans son communiqué, le procureur de la République d'Ajaccio indique que les investigations sur cet assassinat "vont se poursuivre tout le weekend pour procéder aux auditions complètes des victimes, procéder aux prélèvements nécessaires à la police technique et scientifique et exploiter les premiers renseignements permettant de procéder à l’identification du ou des tireurs".
Appel à témoins
Mardi 28 juin, quatre jours après les faits, la Section de recherches de la gendarmerie de Corse a lancé un appel à témoins.
"Le ou les auteurs ont quitté les lieux à bord d’un petit véhicule utilitaire de couleur claire", précisent les gendarmes qui indiquent être "à la recherche de tous les indices, témoignages, ou simples renseignements, susceptibles de faire progresser l’enquête".
Les enquêteurs demandent à toute personne susceptible de disposer d'informations permettant de les aider de contacter la gendarmerie au 04 95 10 96 44.
Interpellation
Mercredi 29 juin, 5 jours après le crime, les gendarmes ont procédé à l'interpellation d'un membre de « la sphère familiale ».
Cette arrestation a été menée sur la voie publique et intervient dans le cadre de l'enquête pour tentative d'assassinat en octobre 2021, selon nos informations. Le procureur d'Ajaccio n'a pas souhaité commenter l'information à ce stade.