L'homme, accusé du viol d'Océane dans un parking de Bordeaux, condamné en appel à 15 ans de prison

C’est la confirmation qu’Océane attendait. Ce mercredi 18 décembre, la Cour d’assises de la Charente a condamné Yéro Ba à 15 ans de réclusion criminelle pour viol sous la menace d'une arme. Pour la jeune femme, le verdict de ce procès en appel marque la fin d’un parcours judiciaire entamé en juillet 2021.

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Jusqu’au bout, il a nié les faits. La cour d’assises de Charente en a décidé autrement. Yéro Ba un homme de 59 ans, jugé pour le viol d’une ancienne étudiante dans un parking de Bordeaux en juillet 2021 a été condamné, en appel, à 15 ans de réclusion, à l’issue de trois jours d’audience. Il a été reconnu coupable de viol sous la menace d'une arme.

Constance et détails

La voix d'Océane est encore tremblante. Ce mercredi soir, c'est un chapitre de sa vie qu'elle va pouvoir définitivement refermer. "Après trois ans et demi de procédures, c'est enfin fini. Je suis émue, oui", souffle la jeune femme. Je vais enfin pouvoir me reconstruire."

L'intime est politique. Cette décision populaire montre la position de la société face à ces crimes.

Océane,

Victime de Yéro Ba

À l'annonce du verdict, malgré sa peur qui l'avait paralysée ce mardi lorsqu'elle a pris la parole, Océane s'est tourné une dernière fois vers son agresseur. "Il m'a regardée en souriant", constate amèrement la jeune femme.

Un sourire à l'opposé de la sanction rendue par le jury composé de 9 jurés populaires et trois magistrats : si l'avocat général avait requis, comme en première instance, 13 ans de réclusion criminelle, Yéro Ba écope cette fois de 15 ans de prison, soit trois de plus qu'en première instance. "Il est hors d'état de nuire, à la fois pour moi et pour toute la société. Je me sens soulagée", se répète Océane. C'est très bien que les jurés aient pris cette décision, ça envoie un message à toute la société."

Ce procès, en appel, avait été ouvert à la demande du prévenu, déjà condamné en première instance à 12 ans de réclusion criminelle. Il assurait "ne pas l'avoir touchée". Durant le procès, l'homme est d'ailleurs revenu plusieurs fois sur sa version des faits, les reconnaissant d'abord à demi-mots avant de se rétracter. "Moi, j'ai toujours été constante. J'ai donné énormément de détails, ce qui a été soulignée par la présidente parce que je voulais être la plus précise possible, détaille Océane. Je savais la pression qu'il y avait sur moi dans ce procès".

Du violet pour la dignité

Dans ce procès en appel, une nouvelle pièce est venue étoffer la plaidoirie de la victime : le témoignage écrit d’un autre jeune femme, victime en 2018 de faits similaires. Sous prétexte d’un rite d’exorcisme, l’homme aurait baissé son pantalon. La jeune femme aurait réchappé grâce à son téléphone qui a sonné. Si la jeune femme n’a pas osé porter plainte alors, “la médiatisation a permis d’identifier une nouvelle victime”, s’était émue, en amont du procès Océane. Un nouveau témoignage en plus de celui d'une femme, témoin oculaire et actif lors du viol de la jeune femme. "Sans elle, je serai en miettes, tuée", indique Océane.

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Pour ce procès en appel, la médiatisation s'est accrue pour la jeune femme, alors que s’achève le celui des viols de Mazan. Un hasard du calendrier qui a poussé Océane, comme Gisèle Pélicot, à rendre ce procès public. “On a vu les agresseurs venir avec des masques. Avant, les victimes se cachaient derrière des lunettes noires”, a ainsi expliqué Océane ce lundi 16 décembre.

Ce n'est plus à moi d'avoir honte. Je n'ai pas à baisser la tête.

Océane,

Victime de Yéro Ba

Prête à "se reconstruire", Océane pense d'ailleurs déjà aux autres victimes. "Je voudrais pouvoir retrouver toutes celles qui ont vu leurs plaintes classées sans suite et leur dire que leur violeur est condamné. Je pense à ce qu'elles doivent vivre elles aussi", avance-t-elle. Pour toutes ces femmes et pour elle, Océane a d'ailleurs choisi de s'habiller en violet pour ce dernier jour d'audience. "C'est un symbole de la dignité, de l'espoir, je n'ai pas à baisser la tête", résume-t-elle.

Ces victimes, selon la jeune femme, continue de se reconnaître et de se signaler. "Lors d'une manifestation pour Gisèle Pélicot, j'ai pris la parole. Une femme est venue me voir ensuite pour me dire qu'elle était aussi une de ses victimes. Le planning familial m'a même informée qu'une autre témoignage leur avait été confié", énumère Océane. 

"Il se faisait passer pour un gourou"

Ce 29 juillet 2021, Océane, alors étudiante, est interpellée, rue Sainte-Catherine à Bordeaux, par un musicien de rue. Originaire de Mauritanie, l’homme est sans domicile fixe depuis 2001. Il se déplace en fauteuil roulant, handicapé par une poliomyélite et apparaît donc “inoffensif” pour la jeune femme, habituée à organiser des maraudes. Sans crainte, elle suit l’homme dans un parking souterrain. 

Dans l’obscurité du souterrain, il serait descendu de son fauteuil pour lui infliger un rapport sexuel sous la menace d’un couteau. "Il se faisait passer pour un gourou, un guérisseur. Il active les traumatismes des femmes pour les attirer, c'est très malin", décrit Océane, à qui il aurait proposé un rite de désenvoûtement. Une jeune femme interpellée par la scène s'interpose avec courage. Océane porte plainte le lendemain, l'homme est interpellé.

► À lire aussi : Océane, étudiante, violée dans un parking à Bordeaux : le SDF "qui se faisait passer pour un gourou" jugé en appel

Son casier judiciaire est épais : neuf pages comportant 24 mentions et une dizaine de condamnations dont une pour agression sexuelle en 2018. Il avait alors été condamné à 18 mois de prison.

Ce mercredi, c'est donc une nouvelle condamnation, lourde de sens qui vient s'ajouter à ce dossier. À l'issue des 15 ans de prison qu'il devra purger, l'homme a également été condamné à quitter le territoire français.

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