En 2021, Océane une étudiante bordelaise, est violée dans l’espace public à Bordeaux. Son agresseur vient d’être condamné à douze ans de réclusion criminelle par la Cour criminelle de la Gironde.
Elle ne le recroisera plus. Océane, une étudiante bordelaise, peut enfin respirer. Ce vendredi 15 décembre, la Cour criminelle de Gironde a décidé que cette rencontre ne devrait plus se reproduire. L’homme, un artiste de rue d’une cinquantaine d’années, en fauteuil roulant, a été condamné à douze ans de réclusion criminelle. "Il a été reconnu coupable de viol et non de tentative de viol et c'est extrêmement important pour Océane", explique Me Fabienne Gouteyron, l'avocate d'Océane.
Il écope également d'une interdiction de se présenter sur le territoire français. Une obligation de suivi socio-judiciaire pendant dix ans ainsi que l'obligation de soins ont également été prononcées. L'agresseur est interdit d'entrer en contact avec la victime, qu'il devra d'ailleurs indemniser à hauteur de 20 000€.
"Son visage s'est illuminé"
Lorsque la Cour criminelle de Gironde prononce son verdict, il y a d'abord un silence. "J'ai fait une chose que je n'avais jamais faite auparavant : nous nous sommes mises côte à côte, sur le banc des avocats, pour entendre le verdict", sourit Me Fabienne Gouteyron, indiquant qu'Océane "avait besoin de ce moment-là".
La jeune femme ne se réjouit cependant pas de suite. "Il a fallu un moment pour qu'elle comprenne réellement ce qu'il venait d'être dit", explique son avocate. "Son visage s'est ensuite illuminé. Ça a été un grand moment de soulagement et de libération". Depuis qu'elle avait recroisé son agresseur, Océane se sentait "emprisonnée" à Bordeaux." Les choses se sont inversées", souligne son avocate.
La jeune femme, incrédule, a cependant tenu à voir partir celui qui est désormais reconnu comme son violeur. "C'était nécessaire pour elle, pour qu'elle soit certaine que tout ça était vrai. Il y avait un sentiment d'incrédulité pour elle", explique Me Gouteyron.
Une victoire pour la jeune femme, qu'elle a tout de suite voulu partager avec toutes les autres. "Elle est heureuse de savoir que ce procès a été utile aux femmes à la rue et aux femmes en général. Elle a contribué à mettre cette personne hors d'état de nuire", confie Me Gouteyron.
Des réquisitions "qui ont du sens"
Au cours des audiences, le procureur avait requis treize ans de réclusion criminelle ainsi que l’interdiction, pour cet homme de 56 ans, de rester sur le territoire français. Il avait également requis quinze ans de suivi socio-judiciaire et une interdiction de détenir une arme pendant 15 ans.
Des réquisitions “qui ont du sens” selon l’avocate de la victime, et qui semblent avoir touché Océane. “Je n’en ai pas parlé avec elle, mais je l’ai vue très émue par les réquisitions", nous confiait son avocate, Fabienne Gouteyron.
Multirécidiviste
Le cinquantenaire n’en est d’ailleurs pas à sa première condamnation. Multirécidiviste, son casier judiciaire de neuf pages comportait déjà 23 mentions et une dizaine de condamnations, dont une, pour agression sexuelle en 2018. Selon les experts qui l’avaient examiné, il présentait un danger pour les autres. “La dangerosité criminologique est élevée, qu'il s'agisse du risque d'un nouvel acte violent ou d'une nouvelle atteinte sexuelle”, indiquaient-ils.
Son procès, qui se tenait sur deux jours, a largement mobilisé les associations. Une trentaine de personnes sont venues manifester devant le palais de Justice, jeudi 14 décembre, au début des audiences. Pour Océane, ce procès devait surtout protéger les autres femmes.
"Là, je le vois, en train de jouer de la guitare"
Après son agression, Océane porte plainte le 1ᵉʳ septembre 2021. Le lendemain, l’homme est interpellé et placé en détention provisoire. Deux ans plus tard, la jeune femme recroise sa route, rue Sainte-Catherine."J'étais toute seule, et là, je le vois, en train de jouer de la guitare dans la rue, tranquille, avec un grand sourire", raconte-t-elle.
Son agresseur avait réussi à obtenir une remise en liberté en attendant son procès. La jeune femme, elle, n’avait pas été informée de sa remise en liberté. Depuis, l'étudiante craignait de circuler dans le centre-ville, par peur de le recroiser.