Assemblée de Corse : "Les croisières ne correspondent pas au modèle de développement que nous voulons", indique Gilles Simeoni

Lors de la session des questions orales à l’Assemblée de Corse, ce jeudi 9 mars, la conseillère Core in Fronte Véronique Pietri a interrogé l’Exécutif sur la prochaine saison des croisières. L’occasion pour Gilles Simeoni de faire le point sur les actions de la Collectivité sur ce sujet.

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"À chì ni semi ?" C’est la demande répétée de Véronique Pietri, au fil de sa question orale, sur le dossier des croisières. Rappelant la "fronde" quasi généralisée de 2022, la conseillère Core in Fronte demande à l’Exécutif un point d’étape, alors que plus de 190 bateaux sont attendus dans le seul port d’Ajaccio cette année.

"Je ne reviendrai pas sur les problèmes environnementaux, de santé publique, et de pollution atmosphérique et les données chiffrées qui les accompagnent, mettant en relief d’une part la dimension insoutenable de cet avilissant tourisme de masse, et d’autre part, la situation de sous-développement propre aux pays dépossédés sinon colonisés… Aujourd’hui nombreux sont celles et ceux qui conviennent de cette exposition des faits", pose Véronique Pietri.

Dans sa réponse, si le président Gilles Simeoni note une baisse de fréquentation pour cette année - de l’ordre de 15% par rapport à l’an dernier - il reconnait cependant qu’elle s’explique davantage par la conjoncture que par l’action de l’Exécutif.

Pour autant, celle-ci ne serait pas au point mort. Ainsi, l’étude sur les retombées économiques liées à cette activité "est en cours", selon Gilles Simeoni. En attendant ses conclusions, le président de l'Exécutif n'hésite pas à livrer sa vision - bien tranchée - du sujet.

S’il différencie les croisières d’envergure "avec un panier moyen faible" et celles "de luxe", avec des bateaux plus petits et "peut-être plus de retombées", Gilles Simeoni n'y va pas par quatre chemins. "Intuitivement et politiquement, je pense qu’un certain type de croisières a des retombées sans doute significatives et positives, mais globalement, le modèle "croisières" tel qu’il est vécu et subi ne correspond pas au type de développement durable que nous voulons mettre en œuvre, c’est ma conviction", affirme-t-il.

Des unités de captages en plus

Afin d’établir un diagnostic le plus complet possible, Gilles Simeoni estime nécessaire de disposer d’informations fiables, notamment sur la pollution. Celles-ci sont notamment fournies par l'association agréée Qualitair Corse. "On a déjà des données qui tendent à démontrer qu’il n’y a pas de corrélation vérifiée entre la présence de navires de croisières et une augmentation de la pollution de l’air mais, à mon avis, cette étude est insuffisante", pointe le président de l’Exécutif.

Toujours dans le but d'affiner l'état des lieux, Gilles Simeoni annonce que dix unités de captages supplémentaires seront installées à Ajaccio et Bastia, dans le cadre d’un programme européen porté par le Chambre de Commerce et d’Industrie de Corse. "Les données seront recueillies et rendues publiques", assure-t-il. Coût de l’opération : "quelques centaines de milliers d’euros en investissement et une dizaine en fonctionnement".

Une charte "contraignante"

Si la Collectivité a adhéré à une "charte de la croisière en Méditerranée", à l’initiative du ministère de la Mer, elle souhaite se doter de son propre document en la matière. Ce dernier aurait une "valeur contraignante qui permettrait de réguler et d’imposer" ses règles.

"Nous serons au rendez-vous de la prise de décision politique, aussi bien en ce qui concerne le modèle économique que la protection de l’environnement", assure Gilles Simeoni.

Une réunion est prévue la semaine prochaine, à Corte, en présence des associations de défense de l’environnement.

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