Le mouvement de blocage dans les prisons se poursuit en France et en Corse ce vendredi 17 mai, suite à l'attaque d'un fourgon pénitentiaire dans l'Eure qui a fait deux morts mardi 14 mai. Les agents des deux maisons d'arrêt insulaires et du centre de détention de Casabianda restent mobilisés et demandent plus de moyens.
Les agents pénitentiaires insulaires ne lâchent pas le mouvement. Ce jeudi 17 mai, dès 6h, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant la maison d'arrêt de Borgo. Depuis trois jours, les syndicalistes ont appelé à bloquer les établissements afin d'apporter leur soutien aux collègues décédés et blessés dans l'Eure en Normandie, mais aussi pour demander plus de moyens.
"Tout le monde est sous le choc, on a perdu deux des nôtres, la motivation pour se mobiliser est toujours là. Le côté solidaire ressort, nous sommes obligés de maintenir les blocages afin d'attendre une réponse et obtenir des éléments sur notre sécurité", confie Maxime Coustié, syndicaliste UFAP à Borgo.
Des contre-propositions
Mercredi après-midi, au lendemain de l'attaque, l'intersyndicale des surveillants de prison a été reçue par le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. Ce dernier a transmis aux syndicats un accord recensant plusieurs engagements, mais ces propositions sont jugées insuffisantes par l'intersyndicale.
➡️ Propositions de l'intersyndicale#FO #JUSTICE #FOJUSTICEhttps://t.co/mig8AEhbxC
— FO JUSTICE (@SyndFoJustice) May 16, 2024
Elle a publié des contre-propositions au gouvernement. Parmi elles : la banalisation d'une grande partie des véhicules de la pénitentiaire et une dotation de véhicules blindés. "Nous avons demandé qu'il y ait un renfort au niveau des véhicules avec du blindage et un renfort des forces de l'ordre lors des escortes... Ce sont pleins de points importants à nos yeux", précise Maxime Coustié, syndicaliste UFAP à Borgo.
Concernant l'armement, l'intersyndicale demande "une dotation rapide en armes longues et armes d'épaule automatiques de gros calibres" et "la formation adaptée à l'usage de ces armes et l'élaboration d'une nouvelle doctrine d'emploi".
"L'insécurité est sur tout le territoire, même en Corse. Les agents sont équipés d'armes 9mm, mais c'est tout. Nous sommes complètement sous-équipés et hors-jeu direct. On ne nous donne pas les moyens pour notre sécurité", s'inquiétait mercredi Cyril Valmont, agent pénitentiaire de Casabianda et membre du syndicat UFAP.
Dans l'attente d'un retour du ministère de l'Intérieur, l'intersyndicale appelle à continuer les blocages dans les établissements pénitentiaires. Au centre de détention de Casabianda et à la maison d'arrêt d'Ajaccio, le mouvement se poursuit également.
À la maison d'arrêt de Borgo, un service minimum est assuré. Les détenus ont les douches et les repas, mais n'ont aucune activité.
Deux morts, trois gravement blessés
Le fourgon attaqué mardi dernier effectuait une extraction judiciaire entre le tribunal judiciaire d'Evreux (Eure) et la prison de Rouen (Seine-Maritime). Il transportait un prisonnier, Mohammed Amra, connu pour des affaires liées au trafic de stupéfiants. Lors du passage au péage d'Incarville dans Eure, sur l'A154, un véhicule a foncé sur le fourgon pénitentiaire, avant d'ouvrir le feu.
Deux agents pénitentiaires sont morts et trois personnes ont été gravement blessées, mais leur pronostic n'est plus engagé depuis ce jeudi.
Le prisonnier, Mohamed Amra, et les assaillants armés l’ayant fait évader, ont pris la fuite. Ils sont toujours activement recherchés.