Des rassemblements et blocages ont lieu devant les trois centres de détention en Corse ce mercredi 15 mai. Un mouvement après l'attaque mortelle d'un fourgon pénitentiaire hier en Normandie, dans l'Eure.
L'administration pénitentiaire, partout en France et en Corse, est en deuil. Hier, un fourgon pénitentiaire a été attaqué au niveau d'un péage près de Val-de-Reuil dans l'Eure. Un drame qui a coûté la vie à deux agents, et grièvement blessé trois autres.
Dans la foulée, les syndicalistes ont appelé à bloquer les établissements dès aujourd'hui afin d'apporter leur soutien aux collègues décédés et blessés, mais aussi pour demander plus de moyens. À Borgo, dès 6h ce matin, une soixantaine d'agents s'est rassemblée devant la maison d'arrêt. Surveillants, agents administratifs, officiers... C'est toute une profession qui se mobilise.
"Nous souhaitons apporter notre soutien aux collègues qui sont tombés. Ce qui s'est passé en Normandie peut très bien se passer ici chez nous en Corse. C'est une problématique nationale", dénonce Maxime Coustié, syndicaliste UFAP à Borgo.
"On est tous choqués, cela aurait pu être nous. C’est inadmissible, on aurait pu mettre les moyens pour éviter de tels dégâts", ajoute, ému, Davy Lasalle, capitaine des extractions judiciaires au CP de Borgo, syndicat UFAP.
Deux morts, trois gravement blessés
Le fourgon attaqué effectuait une extraction judiciaire entre le tribunal judiciaire d'Evreux (Eure) et la prison de Rouen (Seine-Maritime). Il transportait un prisonnier, Mohammed Amra, connu pour des affaires liées au trafic de stupéfiants. Lors du passage au péage d'Incarville dans Eure, sur l'A154, un véhicule a foncé sur le fourgon pénitentiaire, avant d'ouvrir le feu.
Au moins deux agents pénitentiaires sont morts et trois personnes sont gravement blessées, hospitalisées, dont deux avec un pronostic vital engagé. "L'extraction judiciaire est un secteur sensible, les agents sont directement sur la voie publique donc ce sont des cibles. Nous ne parlons pas d'une tentative d'évasion, mais bien d'une attaque où le personnel a été abattu pour libérer le détenu", s'insurge Maxime Coustié.
Journée "prisons mortes"
Face à ce drame, l'intersyndicale a appelé au blocage de l'ensemble des établissements et structures pénitentiaires pour exprimer son émotion et son soutien aux collègues "morts en service". "Cette journée doit être une journée 'Prisons mortes' et pourra être reconductible", prévient l'intersyndicale dans un communiqué publié le 14 mai.
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— FO JUSTICE (@SyndFoJustice) May 14, 2024
Au centre pénitentiaire de Casabianda, tous les agents sont aussi mobilisés depuis tôt ce matin. Une quarantaine de personnes s'est rassemblée, "nous sommes attristés pour les familles des collègues tombés et nous voulons montrer l'unité de la profession", confie Cyril Valmont, agent pénitentiaire de Casabianda et membre du syndicat UFAP.
Ce sont les gens du bien qui se battent contre les gens du mal.. On risque notre vie pour que les citoyens soient tranquilles et il n'y a pas de reconnaissance.
Cyril Valmont, agent pénitentiaire au centre pénitentiaire de Casabianda
"L'insécurité est sur tout le territoire, même en Corse. Les agents sont équipés d'armes 9mm, mais c'est tout. Nous sommes complètement sous-équipés et hors-jeu direct. On ne nous donne pas les moyens pour notre sécurité", s'inquiète Cyril Valmont, agent pénitentiaire de Casabianda et membre du syndicat UFAP.
À Ajaccio, les agents ont aussi voulu marquer le coup. Plusieurs dizaines de personnes se sont réunies devant la maison d'arrêt ce matin.
Manque de moyens
Le manque de moyens et d'effectifs : ce sujet sera au centre de la réunion entre l'intersyndicale pénitentiaire et le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, qui aura lieu à 14h ce mercredi 15 mai.
Parmi les autres revendications : "la réduction drastique des extractions en favorisant l'utilisation de la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements", "une refonte et harmonisation des niveaux d'escorte".
L'intersyndicale a également appelé à une minute de silence à 11h et a prévenu que le mouvement était reconductible.
Pendant ce temps, le prisonnier, Mohamed Amra, et les assaillants armés l’ayant fait évader, ont pris la fuite. Ils sont toujours activement recherchés.