Ce mardi 6 février, le procureur de la République de Marseille a tenu une conférence de presse sur l’enquête diligentée par la juridiction interrégionale spécialisée portant sur l’attribution des marchés publics de l’aéroport d’Ajaccio. Cette dernière a été ouverte après qu’un chef d’entreprise du continent a déposé plainte pour menace de mort.
La chambre de commerce d’Ajaccio une nouvelle fois dans le viseur de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille. L’enquête démarre le 28 mars 2023 avec l’ouverture, par la JIRS, d’une information judiciaire pour extorsion en bande organisée et recel de favoritisme. Un homme, directeur d’une société de sécurité sur le continent, Samsic Airport, vient de déposer plainte pour menace de mort.
Alors qu’il devait se rendre en Corse pour répondre à un appel d’offre portant sur le marché de la sécurité de l’aéroport de la cité impériale lancé par la chambre de commerce d’Ajaccio, il reçoit un appel « à l’accent corse » lui indiquant que « s’il se rend sur l’île, il n’en repartirait pas ». Des faits rapportés par le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, ce mardi 6 février lors d’une conférence de presse.
À la suite de ces menaces, le directeur de l’entreprise continentale prend la décision de retirer son offre. La société insulaire Sap Sur se retrouve donc unique candidate, et remporte le marché.
11 millions d’euros
Le 30 janvier dernier, deux interpellations sont organisées à Ajaccio. Deux personnes sont placées en garde à vue, la première une employée de la chambre de commerce d’Ajaccio, chargée de la sûreté de l’aéroport de la ville. C’est elle qui aurait monté le dossier du marché public de la sécurité de l’aéroport de la cité impériale. La seconde est Dominique Peretti, directeur général de l’entreprise de sécurité Sap Sur.
Présenté à un juge d’instruction, l’homme a d’abord nié être l’auteur de l’appel téléphonique et donc des menaces. Il a ensuite changé de version rapportant qu’une conversation téléphonique avait bien eu lieu avec le directeur de la société de sécurité continentale mais selon lui, l’appel ne comportait pas de menace. Il a été mis en examen, lundi 5 février, laissé libre et sous contrôle judiciaire à Neuilly. Une décision contre laquelle le parquet a fait appel. L’employée de la chambre de commerce a été relâchée.
Selon le procureur de la République de Marseille, un certain nombre de dysfonctionnements intéressent les enquêteurs. Ils concernent notamment la différence entre le prix proposé et la réelle capacité de l’entreprise à répondre à ses engagements. Le contrat passé entre l’institution ajaccienne et la société de sécurité Sap Sur s’élève à 11 millions d’euros sur quatre ans.
Les investigations se poursuivent, les enquêteurs du pôle financier tentent désormais d’en savoir plus sur les dysfonctionnements possibles de ce marché public. Dans le passé, le marché de la sécurité et la chambre de commerce d’Ajaccio ont déjà fait l’objet de plusieurs enquêtes.