À quelques jours d'une session extraordinaire à l'Assemblée de Corse, consacrée à l'avenir institutionnel de l'île, France 3 Corse ViaStella s'est procuré le rapport du conseil exécutif qui sera à cette occasion présenté aux élus. Un document dans lequel est notamment justifiée la nécessité de la mise en place d'une autonomie en Corse.
Long de 56 pages, le rapport s'intitule laconiquement "Autonumia". Il répond dans sa structure à trois interrogations :
- Pourquoi un statut d'autonomie, d'abord ;
- Comment l'obtenir et par quel chemin institutionnel, ensuite ;
- Et enfin quel statut, soit en clair comment doivent se répartir les compétences entre l'Etat et la future collectivité autonome, et à quel rythme doivent s’organiser les transferts de compétences.
Un document qui s’appuie notamment sur le travail réalisé par la commission des compétences législatives et réglementaires, rendu public récemment par son président Romain Colonna, mais aussi sur des travaux plus anciens, comme ceux de la constitutionnaliste Wanda Mastor.
Le texte propose d’inscrire la Corse dans la Constitution via un titre et non un simple article – une proposition ambitieuse, au même rang que la Nouvelle Calédonie –, et d’organiser un référendum. Une mesure qui nécessitera un accord politique avec l’Etat, plus précisément avec le Président de la République, dont la parole est attendue dans les prochaines semaines.
Un rapport qui se présente aussi comme une réponse aux attentes exprimées ces derniers mois de manière vive et répétée par le ministre de l'Intérieur, réclamant l'annonce d'un projet, mais aussi en Corse, par une partie de l’opposition que le président de l’Exécutif doit convaincre pour créer le consensus.
Réunir et créer le consensus
Par quels moyens, alors, Gilles Simeoni entend-il parvenir au consensus général ? Par le biais de réunions bilatérales tenues entre nationalistes, dans un premier temps. Des rendez-vous en comité restreint, l'un s'étant déjà tenu la semaine passée entre Core in Fronte et Femu a Corsica, en présence du président du conseil Exécutif, et une autre prévue ce soir, entre les dirigeants du parti majoritaire et le PNC.
Plus encore, pour convaincre, et peut-être aussi mettre tous les groupes face à leur responsabilité, le président du conseil exécutif a fait le choix de ne pas proposer de projet de délibération à l’Assemblée de Corse, en laissant la dernière page vierge.
Un fait exceptionnel, qui a vocation à laisser la main aux diverses mouvances, et peut-être trouver les moyens du consensus le plus large en Corse grâce à une rédaction commune. L’idée étant d’obtenir l’adhésion de la totalité des groupes nationalistes, un objectif qui reste pour l'heure loin d’être acquis.
Et au-delà, également, les élus de droite. Un autre défi de taille, puisque ces derniers ont annoncé leurs intentions de porter leurs propres propositions.
Une chose est sûre : les débats pour la session extraordinaire du 4 juillet devront vraisemblablement durer. Pour créer le consensus en Corse avant de convaincre à Paris… La route est encore longue.