Ce jeudi 28 octobre, Gilles Simeoni a rendu publics ses échanges avec le président de la République et le Premier ministre de ces derniers mois. Des explications qui ont donné lieu à un débat dans l'hémicycle de l'Assemblée de Corse.
Ses échanges avec le président de la République et le Premier ministre, Jean Castex, ont été jusqu'alors gardés secrets. La raison, selon Gilles Simeoni : "les échanges entre les élus de la Corse et les plus hautes autorités de l'État donnent lieu à une sorte de pression médiatique qui peut parasiter les discussions."
Une explication que le président du conseil exécutif a livrée aux élus de l'Assemblée de Corse réunis ce jeudi 28 octobre en session ordinaire. L'occasion, aussi, d'en donner les détails. "Les problématiques évoquées comprennent la question des prisonniers politiques et de leur rapprochement. J'ai rappelé que cette question doit être réglée au plus vite et aux termes de la résolution votée par l'Assemblée de Corse il y quelques jours", indique Gilles Simeoni.
Cet après-midi, à Matignon, @Gilles_Simeoni a rencontré le Premier ministre, @JeanCASTEX. Rien n'a fuité de leurs échanges, mais le sujet de la discussion pourrait être abordé demain en session à l'Assemblée de #Corse. Jean Castex est attendu sur l'île avant la fin de l'année. pic.twitter.com/SZwmjoq1Bh
— France 3 Corse (@FTViaStella) October 27, 2021
Entre le chef du gouvernement et le président du conseil exécutif de Corse, une "deuxième urgence" a été abordée : les 86.3 millions d'euros auxquels la collectivité de Corse a été condamnée à verser à la compagnie Corsica Ferries par le conseil d'Etat. "Nous considérons que l'État est à l'origine de la mise en œuvre du service complémentaire, et donc l'État doit aujourd'hui en assumer les responsabilités d'un point de vue pécuniaire. Je considère qu'il serait injuste et inéquitable que la Cdc porte seule le poids de cette condamnation", déclare Gilles Simeoni.
Si Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, aurait, selon les dires du président du conseil exécutif de Corse, proposé un étalement du paiement de la somme, la solution ne convient pas. "J'espère que c'est une proposition de début de discussion (…) car il n'est pas possible d'en donner une suite favorable", tranche Gilles Simeoni qui évoque une nouvelle la possibilité d'une plainte devant la Commission européenne.
La recherche d'une solution politique pour la Corse ?
Ces échanges avec les chefs de l'État et du gouvernement ont également permis au président du conseil exécutif de Corse d'aborder une question bien plus politique. "Puisque la visite de Jean Castex est prévue, il est indispensable d'ouvrir un nouveau cycle entre la Corse et l'État", estime-t-il.
Un nouveau cycle où "la page de 50 ans inscrits dans une logique de conflit" devra "être tournée". "Lorsque le Premier ministre viendra, il devra dire au nom de l'État si, oui ou non, l'État veut s'inscrire dans une recherche de solution politique pour la Corse", continue Gilles Simeoni.
Débats dans l'hémicycle
Alors que la prise de parole du président du conseil exécutif de Corse devait prendre la forme d'une simple explication, elle s'est transformée en débat dans l'hémicycle de l'Assemblée de Corse. La présidente de l'institution, Marie-Antoinette Maupertuis, estime que "la discussion doit continuer" mais considère que "la façon dont on traite la représentation démocratique en Corse est très singulière et ne laisse pas présager un échange fructueux. J'espère que ça ne sera pas un vœux pieux."
Paul-Félix Benedetti, président du groupe Core in Fronte, s'est montré quant à lui dubitatif. Sur la question du sort des prisonniers dits politiques, il demande : "Y-a-t 'il une volonté d'ouvrir un dialogue constructif ou serons-nous obligés de l'invectiver ? Y-a-t' il une possibilité de porter ce problème avec le sérieux qui a prévalu lors de notre débat le 22 octobre ?" Des questions auxquelles Gilles Simeoni répond : " J'ai parlé au Premier ministre avec ma rationalité et avec mon cœur. Je lui ai dit ce que nous sommes, d'où nous venons [Les nationalistes ndlr.], ce qui s'est passé dans cette île, ce pays, depuis des siècles. Les drames et injustices en Corse ne se résument pas à celui du 6 février 1998. La Corse, aujourd'hui, aspire à la paix, à la justice, et à une solution politique."
Jean-Martin Mondoloni, membre du groupe de droite "Un soffiu novu", affirme "qu'on ne peut pas nier qu'il y a un problème politique entre la Corse et l'Etat.""Ce n'est pas une position anti-nationaliste, nous ne sommes pas nationalistes, mais nous ne sommes pas des ennemis de la Corse. Nous voulons trouver une solution pérenne et fertile au profit de la jeunesse corse, nous voulons concourir à l'émergence d'une solution sur le registre du droit, de l'humanité et dans le secteur économique et politique", complète-t-il.
Quant à Jean-Christophe Angelini, président du groupe "Avenzemu", il aurait "préféré que l'information d'un entretien entre Gilles Simeoni et Jean Castex soit rendue publique au moment des débats le 22 octobre, cela aurait pu les éclaire d'un autre jour." "Ce n'est pas grave et j'espère que l'on est au seuil d'un parcours commun", indique-t-il.
La visite en Corse du Premier ministre, Jean Castex, est prévue avant la fin de l'année.