À l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon, la Grande Halle de la Villette de Paris consacre actuellement une exposition spectaculaire à l’enfant d’Ajaccio. La vie de l’Empereur y est mise en scène à travers de nombreux documents et pièces authentiques.
L’homme divise mais fascine. La file d’attente devant la Grande Halle de La Villette en est la preuve. Ce matin-là, dans le XIXème arrondissement de Paris, nombreux sont les visiteurs à attendre de pénétrer dans la vie de Napoléon. « Je piaffe d'impatience de voir l’exposition, confie Chloé, étudiante en Licence d'histoire. Il paraît qu’il y a des pièces rares. »
Jusqu’au 19 décembre, la célèbre salle parisienne propose une véritable plongée dans l’incroyable existence de l’Ajaccien le plus célèbre de la planète. Ici, pourtant, aucune pièce ne témoigne de son enfance dans le quartier du San Carlu. Seul un petit film d’introduction rappelle sa naissance dans la cité pas encore « impériale ». Le document pose l’expo avec en fond sonore le titre pop-rock « Napoleon Says » de Phoenix. Ambiance.
Le bicorne de Russie
Pendant que les notes de musique s’évaporent, on s'enfonce dans la vie de Bonaparte. De l’École de Brienne jusqu’à Sainte-Hélène, le voyage vaut le détour. Les divers documents, pièces, tableaux et objets sont parfaitement conservés. Leur authenticité offre un rapport réel et privilégié avec l’homme et son époque.
On y découvre ses lectures de jeune élève officier. Déjà, la chose politique, les chefs de guerre et l'histoire éveillent particulièrement sa curiosité. En témoigne cet ouvrage sur la France de Clovis à Louis XV.
La carrière militaire est - bien évidemment - largement abordée. Les célèbres campagnes d’Italie, d’Egypte et de Russie se racontent aussi à travers les objets ramenés. Là, un harnachement de mamelouks (soldats égyptiens), ici un cadran solaire antique.
Au fil de la visite - thématique -, on tombe aussi sur les incontournables accessoires ayant fait passer sa célèbre silhouette à la postérité : la redingote et le fameux bicorne. En feutre et soie, le couvre-chef présenté ici a protégé du froid l'Empereur sur le front russe, en 1812.
Code civil et trône du Sénat
Dans la même salle dédiée au chef de guerre, une représentation grandeur nature d'un bivouac attire l’attention. Sous la tente, un ancêtre de notre lit parapluie, spécialement conçu sur demande de Napoléon 1er. L'homme souhaitait avant tout voyager pratique et léger : « mon intention est que ma tente soit toujours contenue dans un seul fourgon, disait-il. C’est en cela que consiste l’art du garde-meuble. »
L’homme d’État est également célébré à travers le Code civil, dont le tout premier exemplaire est précieusement exposé sous une vitre. Idem pour ces pièces de monnaie et ces médailles frappées à l’effigie du Premier consul qu’il est en 1800 lorsqu’il crée la Banque de France.
Quatre ans plus tard, place à Napoléon 1er. Un sacre représenté ici via une version animée (et gigantesque) du célèbre tableau de David. Un peu plus à gauche, la reconstitution de la salle du trône révèle le faste de l'Empire. Et le pouvoir absolu de Bonaparte qui possédait son trône dans chaque institution où il siégeait. Pour l'occasion, le Sénat a exceptionnellement prêté le sien, habituellement conservé au Palais du Luxembourg.
Le char funèbre de Sainte-Hélène
Si Napoléon divise et suscite la controverse, c’est aussi parce qu’il est associé au rétablissement de l’esclavage. Le sujet n’a pas été passé sous silence par les commissaires de l'exposition. Au contraire. Entre deux courts-métrages traitant la question, on découvre l’original de l’arrêté consulaire mettant fin à la liberté générale dans les colonies. Le texte - où le mot "esclavage" n'est jamais mentionné - avait été tenu secret jusqu’à sa promulgation en 1803 en Guadeloupe.
La fin de l'exposition coïncide avec le déclin de l'Empire. Un document vidéo s'attarde sur les raisons militaires de la défaite de Waterloo en juin 1815. Juste après, on passe devant le boudoir d'argent dans lequel Napoléon 1er a signé son second acte d’abdication au palais de l’Elysée. Le document original est là, encadré. Il y est écrit que l'Empereur abdique en faveur de son fils, le roi de Rome, alors âgé de 4 ans.
On termine par l'exil à Sainte-Hélène, où Napoléon décède le 5 mai 1821. Une calèche attire immédiatement le regard. Après avoir promené Bonaparte sur l'île de l'Atlantique, elle servira de corbillard pour transporter sa dépouille le jour de ses obsèques.
D'abord enterré à Sainte-Hélène, le corps de l'Empereur sera ensuite rapatrié à Paris en 1840. Il repose depuis aux Invalides.
En sortant de l'expo, on se retrouve face à une imposante statue de Bonaparte en exil. Assis, il fixe l'horizon, songeur. Peut-être pense-t-il à tout ce chemin parcouru depuis ses premiers pas dans le San Carlu d'Ajaccio...